Le groupe parlementaire du PJD vient de déposer une proposition de loi de 8 articles visant à interdire toute publicité aux boissons alcoolisées de tout genre et où que ce soit, y compris dans les séries télévisées. Les acteurs de la filière vins, alcools et spritueux n'ont pas encore réagi aux décisions du gouvenement. « Notre proposition de loi ne peut être taxée d'atteinte à la liberté individuelle ou à celle de la presse. Notre but est de mettre en œuvre la constitution sans plus ». Mohamed Zouiten, député du PJD, défend la proposition de loi que vient de déposer le groupe parlementaire de son parti à la Chambre des représentants pour interdire la publicité de toutes les boissons alcoolisées, quels que soient le moyen utilisé et le public visé. L'initiative du PJD, qui refait surface avec autant d'acuité, trouve sa raison dans la volonté du parti de « préserver l'identité marocaine et sa religion ». « Nous avons décidé de déposer cette proposition de loi contenant 8 articles en vue d'accompagner la mise en place du programme gouvernemental et le parlement dans leur mission l'application des principes fondamentaux de la constitution », tient à souligner le député. Prévenir vaut mieux que guérir La proposition de loi concerne toutes les boissons dont la composition contient de l'alcool et prévoit d'interdire leur publicité sous toutes ses formes « directes ou indirectes ». « Nous constatons, parfois, des publicités indirectes à travers des séries télévisées, par exemple, qui incitent à la consommation de l'alcool. Dans ce cas précis, il serait préférable d'assurer un contrôle pour couper ces scènes. La télévision comme la radio a un rôle à jouer dans la sensibilisation contre la consommation de l'alcool », estime Mohamed Zouiten. Et de tirer la sonnette d'alarme quant aux conséquences désastreuses de la consommation de l'alcool sur la société. « Alors qu'il est interdit de vendre ce genre de boissons aux musulmans et aux mineurs, nous continuons à constater le contraire à travers les différents espaces de commercialisation. Pourtant, la consommation de l'alcool est à l'origine de la majorité des accidents de circulation et reste l'une des causes essentielles des actes criminels comme la pédophilie », fait remarquer le député justifiant ainsi l'urgence que revêt la proposition de loi. Alors, pour prévenir les maux de l'alcoolisme, le PJD cible aussi les expositions dans les différents espaces et salons, ainsi que les dégustations et les promotions. Plus question non plus d'annonces, d'affiches ou de publicité sur les supports médias. Liberté responsable « Si la loi est adoptée et publiée dans le BO, la suppression des publicités devra être effective dans les 30 jours qui suivent. En cas de récidive (deux ans), la loi prévoit une peine de prison ferme de trois mois à deux ans et une amende de 10 000 à 25 000 DH », indique le député. Et d'ajouter que le tribunal pourra procéder à la fermeture de tout établissement ayant servi d'espace à l'exposition et à la publicité de boissons alcoolisées pendant une période allant de 20 jours à trois mois au maximum. « Les contrats signés avec des sociétés pour ce genre de publicité seront annulés dès que la loi sera applicable », tient ce parlementaire à préciser. Le PJD se défend contre toute accusation faisant de lui un censeur de la liberté de la presse. « Le respect de la loi n'a jamais été contre la liberté de la presse et vice versa. La liberté doit être responsable », soutient Mohamed Zouiten. Appel aux citoyens Pour le PJD, le soutien des citoyens dans la concrétisation de son initiative reste vital. « Nous demandons aux Marocains de nous aider à faire respecter la Constitution pour laquelle nous avons tous voté en nous épaulant dans cette initiative », lance le député. La proposition de loi du PJD fera certainement l'objet d'un débat houleux, mais le parti se montre convaincu par ce premier pas qui sera certainement suivis par d'autres. Car, pour faire respecter l'ordre moral et religieux, il sera question, pour le PJD, d'accélérer la cadence graduellement de manière à bannir tout ce qui pourrait porter atteinte à la religion. La consommation de l'alcool est dans le collimateur du PJD depuis bien longtemps. Le parti avait proposé une hausse générale de la taxe intérieure de consommation (TIC) sur les alcools et les vins. La TIC sur la bière passe de 800 DH à 900 DH par hectolitre et celle sur les alcools forts de 10 500 à 15 000 DH. La taxe sur les autres vins est portée à 500 DH contre 450 DH initialement. Le chiffre d'affaire du secteur atteint 4,5 MMDH, dont 2,2 MMDH pour les bières et 1,4 MMDH pour les vins. Les recettes fiscales du secteur en 2011 se chiffrent à plus de 1,28 MMDH, contre 1,1MMDH, l'an précédent. * Tweet * * *