Le chef du gouvernement s'est rendu en Espagne ce week-end, et a fait d'une pierre deux coups. Après avoir relancé la Haute commission mixte maroco-espagnole, Abdelilah Benkirane s'est déplacé à Barcelone pour charmer les investisseurs. Abdelilah Benkirane a été reçu par le roi Juan Carlos pour un entretien de 45 minutes avant de rencontrer son homologue espagnol Mariano Rajoy. Le Chef du gouvernement Abdelilah Benkiran a effectué, ce week-end, une visite de travail en Espagne où il s'est rendu dans la capitale Madrid avant de s'envoler vers la capitale économique Barcelone. Arrivé vendredi sur le sol espagnol accompagné d'une forte délégation composée de Driss Dahak, le secrétaire général du gouvernement, et de l'ambassadeur du Maroc à Madrid, Ahmadou Ould Souilem, le chef de l'exécutif a reçu un accueil chaleureux de la part des officiels espagnols. Pour son premier déplacement dans la péninsule ibérique, il a été reçu en audience par le roi Juan Carlos, durant laquelle ils ont eu un entretien de 45 minutes au palais de la Zarzuela, ont relevé les médias espagnols. Passée cette visite de courtoisie, Benkirane s'est rendu au palais de la Moncloa, résidence du président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy. Les deux protagonistes se sont entretenus sur les relations bilatérales, dont le point d'orgue était la décision de redonner vie aux réunions de la Haute commission mixte maroco-espagnole, dont la date de la prochaine rencontre a été fixe au 12 septembre prochain, quatre ans après la dernière, ayant réuni les gouvernements de José Luis Rodriguez Zapatero et Abbas El Fassi à Madrid, en décembre 2008. L'entretien entre les deux chefs de gouvernement succède à la visite de Rajoy au Maroc en janvier dernier, où ce dernier avait invité Benkirane à lui rendre visite à Madrid après avoir tous deux appelé à ouvrir une nouvelle page dans les relations maroco-espagnoles, après les craintes, côté marocain, suscitées par la victoire du Partido Popular au législatives espagnoles de 2011. À son arrivée à la Primature, Rajoy s'était toutefois montré pragmatique dans sa gestion des relations avec le Maroc. Le leader espagnol avait d'ailleurs ouvertement appuyé les réformes politiques engagées dans le Royaume surtout après les législatives du 25 novembre. Opération Com' de Benkirane Mise à part la relance de la Haute commission mixte, Benkirane et Rajoy « se sont entretenus sur diverses questions à caractère international ainsi que les relations entre les deux pays », relevait un communiqué du gouvernement espagnol. Avant de clore sa visite madrilène, Benkirane a répondu à l'invitation du président du sénat espagnol Pío García Escudero où un déjeuner a été servi en son honneur. Benkirane s'est ensuite envolé pour Barcelone, le poumon économique du pays, où il a animé, vendredi soir, une conférence intitulée « le changement démocratique au Maroc suite à l'adoption de la nouvelle Constitution ». L'objectif était de rassurer les investisseurs espagnols sur la stabilité socio-politique du Maroc, devant un parterre de quelque 300 personnes, relève la presse espagnole. Organisée à l'institut Européen de la méditerranée (IEMed), la conférence a vu également la participation du secrétaire chargé des Affaires extérieures de la Catalogne Senen Florensa. Le Chef du gouvernement y a incité les officiels et les entrepreneurs espagnols à ne pas seulement se « fixer » sur l'Europe. « Parfois, j'ai l'impression qu'il y a un manque de communication, d'informations. Vous êtes tournés vers l'Europe, c'est normal, c'est un continent prospère, mais ne lâchez pas le Maroc. C'est un partenaire important pour vous », a-t-il déclaré à l'assistance, avant de rappeler que les deux « civilisations » avaient alterné le meilleur comme le pire, et que cela ne devrait pas empêcher les investisseurs espagnols d'êtres bien accueillis par le peuple marocain, qui est un « peuple ami ». Benkirane a ensuite encensé la politique de rigueur budgétaire adoptée par Rajoy, la qualifiant de « courageuse et nécessaire ». Une politique décriée par une partie de la population espagnole, qui est sortie manifester son mécontentement vis-à-vis de « l'austérité », le 15 mai à Madrid. Le Chef du gouvernement a ensuite tenu à défendre la monarchie marocaine. « Sans elle, nous n'aurions ni stabilité ni unité », a-t-il déclaré à ce sujet, la qualifiant de garante de la transition démocratique marocaine. Le Maroc est largement qualifié de « dictature » par de larges pans de la société espagnole, ce qu'a catégoriquement réfuté Benkirane, et l'a poussé à mieux communiquer sur le sujet. Le séjour de Benkirane en Catalogne devait se prolonger jusqu'à dimanche. Une rencontre avec les représentants de la communauté marocaine en Catalogne était prévue. * Tweet * * *