Alors les exportations marocaines vers Oman représentaient 12,11 millions de dollars, elles se situent aujourd'hui à 0,5 millions. Une perte de vitesse que Maroc Export compte rattraper. Un fonds d'investissement de 500 millions de dollars serait en projet de création entre les deux pays. Les Omanais ont tenu à être au rendez-vous. Ces derniers ont été impressionnés par la prestation des Marocains. Après l'Arabie Saoudite, Maroc Export a jeté l'ancre le 30 avril dernier à la Chambre de commerce et d'industrie de Muscat, dans la capitale du Sultanat d'Oman. Cette première visite d'une délégation d'hommes d'affaires marocains dans ce pays entre dans le cadre de la mission de prospection qu'a entamée Maroc Export depuis le 26 avril dernier dans les pays du Golfe. Par rapport au constat des échanges commerciaux entre les deux pays, il frise littéralement le ridicule. Selon Saad Benabdellah, DG de Maroc Export, le Maroc importe 19 millions de dollars et exporte à Oman l'équivalent de 434 000 dollars ! Ceci tout en sachant que Oman importe près de 95 % de ses besoins alimentaires. Un véritable manque à gagner pour l'industrie agro-alimentaire marocaine. Chute de 57,4 % des exportations en 2011 Pire, les exportations marocaines vers Oman sont en perte de vitesse, à en croire les chiffres du ministère de l'Economie d'Oman qui ont été communiqués au Soir échos. De 12,11 millions de dollars en 2007, ils représentent en 2011 seulement 0,5 millions. Et c'est en 2008 que le Maroc a commencé à perdre véritablement du terrain sur ce marché. Ses exportations ont chuté de 78,6 % pour avoisiner les 2,6 millions de dollars. En 2009, elles ont baissé de 50 %, et en 2010, elles se sont stabilisées à environ 1,25 million de dollars, pour marquer une dégringolade de 57,4 % l'année dernière. En parallèle, alors que la balance commerciale d'Oman était déficitaire en faveur du Maroc de 10,1 millions de dollars en 2007, elle représente en 2011 un excédent de 14,3 millions de dollars. Une situation qui laisse pantois. Indéniables à l'investissement Et pourtant, le pays pétrolier propose des incitations et des avantages non négligeables pour les investisseurs potentiels. L'exonération de l'IS peut aller jusqu'à 10 ans et l'impôt sur le revenu est absent. Des zones industrielles ont émergé de terre dernièrement et offrent des avantages indéniables en termes d'encouragements fiscaux et de fourniture en électricité, assistance et accompagnement. De plus, une source proche du service climat des affaires et incitations aux investissements au sein de la Chambre de commerce et d'industrie d'Oman, nous confirme que les étrangers sont libres d'entrer dans les capitaux des entreprises omanaises même à 100 %. Notre source nous ajoute qu'il existe une libre circulation des capitaux et des bénéfices sans conditions draconiennes de change ou de seuil à ne pas franchir. Toutefois, selon les participants présents à l'événement, les principaux freins au développement des échanges sont l'absence de liaisons aériennes et maritimes et aussi le durcissement de l'octroi des visas par Oman. Pour les lignes maritimes et aériennes, les responsables de Maroc Export nous avancent que l'ouverture de telles lignes doit être justifiée par un volume d'échanges conséquent. Signature d'un protocole d'accord entre les 2 pays Ainsi, pour arriver à cet objectif à long terme, un protocole d'accord a été signé entre la Chambre de commerce de Oman et Maroc Export. L'objectif de ce protocole est le renforcement et la dynamisation des échanges commerciaux entre les deux pays. De ce fait, les deux parties se sont mises d'accord pour s'échanger études, rapports, statistiques et toute information pouvant faciliter les échanges entre le Maroc et Oman, avec à la clé un partage des expériences et de savoir-faire dans plusieurs secteurs. Un volet concernant les réglementations et lois en vigueur avec l'envoi de mises à jour régulières est aussi prévu. Egalement, il s'agira d'envoyer les statistiques sur les tarifications et l'évolution de la demande dans les marchés des deux pays. Enfin, les deux organismes se sont engagés à effectuer des visites plus fréquentes et organiserons régulièrement des rencontres entre hommes d'affaires et responsables des deux pays. Des prises de contacts fructueuses Quoi qu'il en soit, si l'étape Arabie Saoudite est jugée non fructueuse en termes de prises de contacts par quelques hommes d'affaires marocains sondés par le Soir échos, celle d'Oman s'est avérée être un bon cru. Les Omanais intéressés par la découverte du marché marocain ont tenu à être au rendez-vous. Ces derniers ont été impressionnés par la prestation de Maroc Export qui a mis en avant les atouts du Maroc. Un intérêt particulier a été également observé pour l'industrie pharmaceutique marocaine. Ainsi, les prises de contacts sont maintenant établies, reste à savoir si les Marocains assureront un suivi de cette mission de prospection et proposeront des produits à forte valeur ajoutée dans un marché dominé par l'Asie, les USA, l'UE et l'Australie. Des pays qui, il faut le souligner, disposent d'une force de frappe commerciale et des produits de grande qualité. Le défi ne fait que commencer. 3 questions à Khalil Ben Abdellah Al Khounji, président de la Chambre de commerce et d'industrie d'Oman. Pourquoi les échanges commerciaux entre les deux pays frôlent-ils le ridicule ? Je tiens tout d'abord à préciser que si ces échanges ne performent pas, ce n'est pas une question de distance. Il y a des pays, plus loin que le Maroc, avec lesquels nous entretenons de très bonnes relations commerciales. Je pense que le principal problème est le manque de rencontres et de visites entre les deux pays et le non-intérêt des hommes d'affaires des deux pays à prospecter les marchés respectifs, puisqu'ils ont déjà leurs partenaires traditionnels. Pour le Maroc, c'est l'Union européenne et pour nous c'est les pays de l'Est. Croyez-vous que cette mission de Maroc Export contribuera à ce dynamisme espéré ? Les visites des délégations peuvent donner un véritable dynamisme pour les échanges commerciaux entre les deux pays. Nous comptons sur ce genre d'initiatives que nous allons renforcer dans l'avenir. Et c'est là la clé de la réussite de nos futurs partenariats. Que proposez-vous également pour renforcer ces partenariats ? On propose, en effet, la création d'un fonds d'investissement de 500 millions de dollars conjointement par les deux Etats. 50 % du fonds sera réservé au secteur privé et le reste au public. Ce fonds investira et nouera des partenariats stratégiques dans différents projets au sein des deux pays. C'est ce que nous avons fait, à titre d'exemple, avec le Sultanat de Brunei et l'Inde et cela a donné des fruits.