« Le premier président de l'Algérie indépendante est décédé» ; «Cette fois-ci, il est mort le président Ben Bella» ; « Le Président Bouteflika décrète un deuil de 8 jours»… La presse algérienne a tenu, jeudi sur ses colonnes et sur ses sites web, à rendre hommage, à sa manière, à l'une des figures les plus emblématiques de l'Algérie. Le premier président de l'Algérie indépendante (1962-1965), Ahmed Ben Bella, décédé mercredi à Alger à l'âge de 96 ans, à son domicile familial à Alger, avait été admis, février dernier, à l'hôpital militaire Mohamed-Seghir-Nekkache (Aïn Naâdja), suite à un malaise. L'agence de presse officielle algérienne (APS) annonçait que les funérailles du défunt allaient avoir lieu vendredi au Carré des martyrs au cimetière d'El Alia. Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a décrété, à l'occasion, un deuil national de huit jours à compter du mercredi, sur l'ensemble du territoire national, précisait la présidence de la république algérienne, rapportée par l'APS. Le clan d'Oujda 22 octobre 1956 à l'aéroport de Rabat. Ahmed Ben Bella, Mohamed Khider, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Boudiaf et Mostefa Lacheraf, les cinq leaders du FLN s'apprêtant à prendre l'avion d'Air Maroc à destination de Tunis. Au milieu, en tenue militaire, feu Hassan II, alors prince héritier. Fils de paysans marocains originaires de Sidi Rahal près d'El Jadida, ayant émigré, Ben Bella est né à Maghnia dans l'Oranie, en Algérie. Sa date de naissance n'est pas précise entre 1914 et 1916, mais l'historiographie du personnage retient 1916. Après des études secondaires à Tlemcen, il joue la saison 1939-1940 à l'Olympique de Marseille comme milieu de terrain. Durant la seconde Guerre mondiale, il combat dans l'armée française au sein du 5e régiment de tirailleurs marocains de la 2e division d'infanterie (2e DIM) et en 1944, il participe à la bataille du monte Cassino au sein du Corps expéditionnaire français commandé par le général Juin, puis aux campagnes de France et d'Allemagne au sein de la 1e armée du général de Lattre. Promu adjudant, il est cité quatre fois, dont deux, à l'ordre de l'Armée et décoré de la Médaille militaire par le général de Gaulle en avril 1944 en Italie. Marqué par les massacres du 8 mai 1945, il adhère au PPA–MTLD, de Messali Hadj. Il est ensuite élu conseiller municipal de sa ville en 1947. Membre de l'O.S. dirigée par Hocine Aït Ahmed avec Rabah Bitat, il participe au casse de la poste d'Oran de 1949 afin de financer le parti.. En mai 1950, il est arrêté à Alger, jugé coupable et condamné, deux ans plus tard, à sept ans de prison. Il s'évade en 1952 et se réfugie au Caire auprès d'Hocine Aït Ahmed et de Mohamed Khider avec qui il formera plus tard la délégation extérieure du Front de libération nationale (FLN). Un des neuf chefs historiques du Comité révolutionnaire d'unité et d'action (CRUA), il est arrêté une deuxième fois lorsque est détourné l'avion qui le conduisait du Maroc à Tunis en compagnie de Mohamed Boudiaf, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Khider et Mostefa Lacheraf. Libéré en 1962 après son emprisonnement au Fort Liédot sur l'île d'Aix, il participe au congrès de Tripoli où un différend l'oppose au GPRA. Après les accords d'Evian, il critique en effet la légitimité du gouvernement provisoire et se heurte à Mohamed Boudiaf et Belkacem. Il rentre alors à Alger et, le 27 septembre 1962, est désigné président du Conseil. Il installe alors un pouvoir. Renversement et exil 4 août 1962. La foule acclame Ahmed Ben Bella et brandit un portrait de lui pour l'accueillir à son arrivée à Alger. L'Algérie a proclamé son indépendance après la signature des accords d'Evian le 18 mars 1962 et leur ratification par référendum en France puis en Algérie le 1er juillet 1962. Il est renversé par le coup d'Etat de Boumedienne le 19 juin 1965, emprisonné jusqu'en juillet 1979, puis assigné à résidence jusqu'à sa libération en octobre 1980. Gracié par le président Chadli Bendjedid, il s'exile en Suisse en 1981. Il crée alors le Mouvement pour la démocratie en Algérie et se rapproche d'un autre « chef historique» , exilé, de la révolution algérienne, Hocine Aït Ahmed. Il revient en Algérie le 27 septembre 1990. Il assiste à la prestation de serment du président Abdelaziz Bouteflika en 2009 et il prône la réconciliation avec les islamistes en Algérie En 2007, il est nommé président du groupe des Sages de l'Union africaine. Par la suite, il devient membre du comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine dont les travaux ont commencé le 4 mars 2009. Membre fondateur de l'Organisation de l'union africaine (OUA), il présidait, depuis 2007, le Groupe des sages de l'Union africaine (UA). Le quotidien Liberté, dans son édition du jeudi, écrivait: « Ben Bella sera enterré comme un président de la République dans une tombe forcément profonde tant l'énigme a, de tout temps, accompagné le personnage».