Le 22 mars, l'immense WhiteKnight Two, avec ses 42,7 mètres d'envergure, a décollé du Mojave Air and Space Port, emportant sous son aile centrale le vaisseau spatial SpaceShip Two, rebaptisé Virgin Space Ship. Le but était de réaliser un essai de ce système de transport suborbital, sans séparation entre les deux engins. Le vol était donc dit captif, le Virgin Space Ship étant resté accroché à son avion porteur jusqu'à l'atterrissage. Le WhiteKnight Two avait déjà volé mais c'est la première fois qu'il transporte sa charge utile. Pendant ce vol de 2 heures 54 minutes, l'appareil a atteint 13,7 kilomètres d'altitude. Cet essai réussi et les suivants qui se profilent entre 2010 et 2011 laissent penser que Virgin Galactic sera en mesure de débuter son activité commerciale au plus tard en 2012, sous réserve, toutefois, que cet engin soit homologué par les autorités américaines, alors que personne ne sait encore quels critères techniques seront pris en considération. C'est néanmoins une bonne nouvelle pour les quelque 300 personnes qui ont déjà réservé leur place pour un vol à la frontière de l'espace, facturé 200.000 dollars. Développé et construit par Scaled Composites, le Virgin Space Ship reprend le concept du SpaceShip One, mais en plus grand. Avec une longueur de 18 mètres, il sera capable de transporter 8 personnes dont 2 pilotes. Les 6 sièges prévus pour les passagers seront escamotables pour offrir un beau volume habitable autorisant toutes les facéties permises par l'apesanteur (si, du moins, cette possibilité est retenue malgré le risque qu'elle comporte qu'un passager n'ait pas regagné son siège avant la descente). Le Virgin Space Ship sera lancé par le WhiteKnight Two, accroché sous son fuselage. Ce curieux avion bi-fuselage, né de l'imagination fertile de Burt Rutan, décollera comme un avion et grimpera jusqu'à environ une vingtaine de kilomètres d'altitude, où s'effectuera la séparation. Le Virgin Space Ship utilisera alors son propre système de propulsion pour rejoindre l'espace, c'est-à-dire 100 kilomètres d'altitude. A cette hauteur, il est un peu présomptueux de parler d'espace, bien qu'il ait été décidé officiellement qu'elle marquait la frontière entre la Terre et l'espace. 300 personnes ont déjà réservé leur place pour un vol à la frontière de l'espace, facturé 200.000 dollars. L'espace se situerait plus haut, à 120, voire 180 kilomètres, altitude à partir de laquelle il est possible de stabiliser quelque chose autour de la Terre pour une courte période. Reste qu'à 100 km d'altitude, nos touristes pourront voir l'atmosphère terrestre, la courbure de la Terre et différencier la planète de l'espace. Pour Virgin Galactic, les vols suborbitaux ne sont pas une fin en soi. Elle projette également des voyages dans l'espace, voire d'utiliser le WhiteKnight Two pour lancer des petits satellites. Mais si le tourisme spatial représente un rêve accessible seulement à un petit nombre de personnes fortunées, on peut raisonnablement penser que nos petits-enfants et non nos enfants connaîtront un tourisme spatial de masse. Aujourd'hui, les technologies ne permettent pas, à l'horizon de 50 ans, une évolution comparable à celle qui a mené des aéroplanes des frères Wright aux avions de transport modernes. Et ce pour plusieurs raisons liées au coût de l'accès à l'espace, à la fiabilité, au confort et à la fréquence des vols. Mais restons optimistes et admettons que voyager dans l'espace ne coûtera jamais 5.000 dollars s'il l'on ne commence pas à plusieurs milliers de dollars…