Le verdict du procès de Walid Bahmane est tombé comme un couperet brisant tous les les espoirs de sa famille. Le jeune étudiant déclaré coupable, a été condamné à une peine d'emprisonnement ferme. En effet, la cour d'appel de Salé a confirmé mardi la condamnation d'emprisonnement prononcée par le tribunal de première instance à l'encontre du jeune étudiant tout en augmentant la durée de sa peine d'une année à 18 mois de prison ferme. Pour mémoire, le tribunal de première instance avait condamné février dernier Walid à un an de prison ferme associé à une amende de 10 000 DH. La sentence est incompréhensible pour l'AMDH (Association marocaine des droits humains), qui dénonce vigoureusement ce procès qu'elle qualifie « d'inéquitable ». L'AMDH indignée « C'est inadmissible de poursuivre et de condamner un jeune étudiant pour atteinte aux sacralités. La Constitution ne fait aucune référence à ce terme. Certes, le juge a condamné Walid pour avoir accéder d'une manière frauduleuse au compte de son ami. Mais, le véritable chef d'accusation est « l'outrage à la sacralité de la personne du Roi » sur le réseau social Facebook », qui a été mentionné dans le PV de la police. Le procureur du roi a retenu contre le jeune homme « l'accès non autorisé aux systèmes de traitement automatisé des données ». C'est un procès déguisé pour échapper aux critiques des associations nationales et internationales des droits de l'homme », s'indigne Khadija Ryadi, présidente de l'AMDH, qui soutient le jeune étudiant de 18 ans et a même dépêché un avocat pour assurer sa défense. Et de poursuivre : « Ce procès n'est ni juste ni équitable. La sentence a été prononcée sans preuves tangibles sur l'accès frauduleux de Walid au compte Facebook de son ami. La justice marocaine n'a pas changé d'un seul iota ». Pour rappel, Walid a été arrêté janvier dernier pour avoir publié sur la page Facebook de son ami une caricature jugée insultante à la personne du roi. La caricature qui a fait l'objet de poursuites judiciaires appartient au célèbre dessinateur franco-burkinabé Damien Glez. Ce dernier a même publié sur le site www.slateafrique.com une lettre ouverte au roi Mohammed VI pour expliquer les circonstances de la réalisation de cette caricature, qui a fait le tour du monde sur le net. « La caricature a été dessinée pour illustrer un article sur le quotidien français « Le Monde » qui traitait de politique sécuritaire. C'était à l'occasion du dixième anniversaire de votre règne Majesté », lit-on dans la lettre. Accès illégal à un système informatique Le procureur du roi a écarté le chef d'accusation d'atteinte aux sacralités et retenu contre Walid Bahmane « l'accès frauduleux à un système informatique », en brandissant l'article 607 du code pénal qui incrimine l'accès non autorisé à un système de traitement automatisé des données. En vertu de cet article, est puni d'un mois à trois mois d'emprisonnement et de 2 000 à 10 000 dirhams d'amende ou de l'une de ces deux peines seulement, toute personne qui accède frauduleusement, dans tout ou partie d'un système de traitement automatisé de données. La peine est portée au double lorsqu'il en est résulté soit la suppression ou la modification de données contenues dans le système de traitement automatisé de données, soit une altération du fonctionnement de ce système. « Mais il s'agit là d'un compte Facebook, s'indigne Khadija Ryadi. Le jeune étudiant a déclaré clairement au tribunal qu'il voulait uniquement taquiner son ami». Un jeu entre amis qui n'a pas été du goût de la justice. Et finalement, le prix à payer s'est avéré cher, : 18 mois derrière les barreaux. Son avenir est également compromis. Une situation qui afflige sa mère, Nadia Belhafsa. Celle-ci continue à crier au complot et dit prendre son malheur en patience.