Do you speak english ? » Lors d'un entretien d'embauche, la question tant redoutée finit de plus en plus par tomber. Et aucune échappatoire n'est possible. Ca passe ou ça casse ! Cette réalité tend à s'imposer de manière indéniable ; la maîtrise des langues étrangères est devenue, dans plusieurs métiers, une condition sine qua non au recrutement. Partant de ce constat, le ministère des Affaires étrangères a réuni, une journée durant et ce le 28 mars, une pléiade de professionnels travaillant surtout dans des multinationales, ainsi que des représentants de pays francophones. Objectif, démontrer la nécessité pour les jeunes Marocains de maîtriser plusieurs langues, et trouver les moyens de les faire accéder à un tel apprentissage. Il n'est de richesses que d'hommes Un apprentissage qui s'impose d'autant plus pour des pays émergents comme le Maroc, qui n'ont de richesses que d'hommes…et de femmes! « Dans le milieu professionnel, ne pas maîtriser une langue étrangère peut être extrêmement handicapant », lance Abdessamad Bourbah, DRH de Redal-Amendis (Veolia environnement). Citant l'exemple de l'entreprise où il travaille, il assure que « la nonmaîtrise d'une langue par certains salariés les empêche de comprendre les manuels d'utilisation, ce qui peut être une cause de stress, voire de tension sociale ». Une réalité qui est souvent observée dans les zones franches, où nationalités et langues se mêlent et s'emmêlent. Dans d'autres entreprises marocaines, si la maîtrise d'une langue étrangère n'est pas un critère à l'embauche, il devient par contre un critère à la mobilité interne, et à l'évolution de carrières. C'est le cas par exemple à Hit Radio, où pourtant, la darija a été érigée comme langue d'antenne. « Il est possible d'embaucher des jeunes qui ne maîtrisent ni l'anglais ni le français, mais ceci peut représenter un frein à une évolution de carrière », assure Younès Boumehdi, DG de Hit Radio. Pour Chafik Sabiry, président du directoire de HP-CDG IT Services Maroc, tout dépend de la fonction occupée au sein de l'entreprise. « Pour les salariés en « front office », qui ont directement affaire aux clients, les langues étrangères sont primordiales ». Apprendre la langue, mais pas seulement ! Même si au vu des expériences vécues au sein de plusieurs multinationales, maîtriser une syntaxe et un vocabulaire est insuffisant pour se démarquer. « En affaires, la langue est également un outil de séduction », souligne à juste titre Chafik Sabiry. « Il faut donc également apprendre la culture qui est liée à cette langue. Il faut connaître tout ce qui l'accompagne, comme la littérature, mais aussi l'humour, afin de s'adapter à son interlocuteur ». En somme, il faut maîtriser l'art de communiquer ! Le DRH de Redal-Amendis a également observé ce phénomène. « Il arrive que des accrochages et des confrontations éclatent par simple incompréhension culturelle ». Dans cette entreprise d'ailleurs, un programme d'apprentissage de la langue arabe, en particulier de la darija, est imposé aux salariés expatriés. Même si maîtriser une seule langue étrangère, comme le français, peut également devenir un handicap dans un monde globalisé anglophone. « Il arrive que des formations pointues aux Etats-Unis soient proposées à nos collaborateurs, mais plusieurs n'y postulent pas car ils ne maîtrisent pas l'anglais », regrette Abdessamad Bourbah. Au final, s'il est vrai que le système éducatif doit être revu pour céder une plus grande place à l'apprentissage des langues étrangères, c'est également à l'individu lui-même de fournir un effort à son échelle. L'apprentissage d'une langue étrangère est un signe d'ouverture sur le monde, qui ne peut être que bénéfique, aussi bien pour la personne qui en sortira enrichie, mais également pour l'entreprise qui l'emploie, et le pays où il vit.