Ce n'est pas fortuit que la fédération de l'énergie de la CGEM organise un colloque international sur le gaz naturel sous le thème de la place du gaz dans la politique énergétique marocaine. Moulay Abdellah Alaoui, président de la fédération, explique que l'intérêt pour cette source énergétique ne cesse de croître à l'échelle nationale, comme à l'internationale. « Notre objectif est de sensibiliser sur les atouts de l'énergie alternative (propre, efficace et moins chère), mais aussi de mettre la pression sur les pouvoirs publics pour accélérer l'adoption du projet de loi sur le gaz naturel. Un projet qui vise à doter les activités liées (transport, distribution) d'un cadre juridique et réglementaire, capable d'attirer les investisseurs», a déclaré Fouad Douiri, ministre de l'énergie, des mines, de l'eau et de l'environnement. Pour ce dernier, l'utilisation de ce combustible polyvalent (besoins industriels et domestiques) permet au Maroc de diversifier son mix énergétique et de gagner davantage en efficacité énergétique. Politique de prix attractifs À ce titre, le ministre n'a pas manqué de rappeler qu'il y a un vrai marché au Maroc pour le développement du gaz. Le projet d'un terminal gazier, de même que la création d'une autorité de régulation du gaz et de l'électricité, sont en vue. Tout cela pour rassurer aussi bien les industriels, par arrêter les tarifs, mais aussi les consommateurs dans le souci de protéger leurs intérêts. Sans oublier les caisses de l'Etat qui croulent en raison de la surenchère du cours du baril du pétrole qui avoisine actuellement les 125 dollars. L'idée est de concilier incitation aux investisseurs et politique de prix attractifs. Et c'est justement là que réside le défi. D'autant plus que la demande de l'électricité au Maroc a quasiment doublé sur les dix dernières années. D'où l'intérêt massif pour le gaz, sachant que les tarifs de l'énergie au Maroc sont les plus chers au monde, selon bon nombre de rapports internationaux. Une demande accrue Alaoui argumente que la demande nationale de gaz, estimée actuellement à 5 milliards de mètres cubes, devrait être multipliée par deux à l'horizon 2030, une prévision en ligne avec l'essor du marché national qui a connu un envol spectaculaire durant les cinq dernières années. Les habitudes de consommation ont elles aussi évolué. Un seul indicateur le prouve : la consommation des produits de chauffage et de climatisation a quasiment progressé de 25 % sur la même période de référence. Le président de la fédération a rappelé que la consommation de l'électricité s'est accrue de 10 % à fin février 2012. Une augmentation expliquée notamment par la vague de grand froid qui s'est abattue sur le pays. Pour l'heure, les deux centrales utilisant cette énergie sont Tahaddart et Béni Mathar. La dernière découverte de gaz dans la région du Gharb a hissé la part du gaz naturel dans la balance énergétique pour dépasser les 5 %. La centrale thermique de Jorf Lasfar, qui compte fournir 50 % de la production nationale avec une puissance totale de 1 300 MW, peine encore à réaliser ses objectifs. La question se pose alors de savoir s'il n'est pas préférable d'installer une centrale sur la façade méditerranéenne au lieu de celle atlantique. La raison à cela tient en fait à la politique commerciale du pays et à ses stratégies marketing, explique Alaoui. Bien qu'il ne les ait pas cités, les enjeux géostratégiques comptent pour beaucoup dans le choix des implantations. Et ce n'est que dans 15 ans que l'on pourrait envisager l'implantation d'une centrale gazière sur la côte méditerranéenne, estime Alaoui.