Le 18 mars 1962, la guerre d'Algérie prenait fin avec la signature des accords d'Evian. 50 ans après, cette page douloureuse de l'histoire des deux pays a bien du mal à être tournée, tant en France comme en Algérie. « On est toujours dans la guerre des mémoires, où chaque camp dit : « Ma souffrance est supérieure à la vôtre, mes morts sont plus nombreux »», résumait l'historien Benjamin Stora, originaire d'Algérie. Une guerre de conquête Episode historique clé des relations entre la France et l'Algérie, les accords d'Evian marquent la fin de 7 ans et 4 mois de guerre, mais aussi de plus d'un siècle de présence française en Algérie. Pour rappel, la colonisation française de l'Algérie a commencé en 1830 à Sidi Ferruch, débouchant en 1848 sur la division du Nord du pays en 3 départements français : Oran, Alger et Constantine. La conquête de l'est algérien s'achève en 1857 en Kabylie, tandis que celle du Sahara se poursuit jusqu'en 1918. Cette guerre de conquête est longue et brutale. La France développe alors une colonie de peuplement, en favorisant la place des Français parmi les colons et une forte présence d'européens. Marquant un tournant, les répressions de Sétif et Guelma en mai 1945 radicalisent le sentiment nationaliste. L'insurrection armée éclate en novembre 1954, notamment à Oran, dans la Mitidja et les Aurès. S'en suivent 8 longues années de guerre, marquées par des atrocités dans les deux camps. Les négociations en vue de régler le conflit débutent dans le secret en juin 1960 et aboutissent avec difficulté le 18 mars 1962 à la signature des accords d'Evian entre le gouvernement français et les représentants du gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). Les accords prévoient les conditions de l'autodétermination, le retrait des forces françaises et un cadre de coopération entre les deux Etats. Mais malgré ces accords, la guerre continuera à faire rage, jusqu'à la proclamation de l'indépendance de l'Algérie le 5 juillet 1962. Depuis, les travaux d'historiens se poursuivent pour mettre à jour les vérités sur cette guerre qui, pendant très longtemps, n'a pas dit son nom. Ce n'est qu'en 1983 que le terme « guerre d'Algérie » est inscrit dans les manuels français. Plus d'un demi-siècle après les faits, chaque pays a sa version de l'histoire. En Algérie, les écoliers apprennent que 1,5 millions d'Algériens sont morts lors du conflit, tandis que les historiens français avancent le chiffre de 600 000 morts, en grande majorité algériens.