« Vous avez les projets et l'argent que nous n'avons pas aujourd'hui ». C'est avec ce message pragmatique et clair que le président du gouvernement catalan, Arthur Mas, en visite d'affaires au Maroc, a pimenté son discours destiné aux chefs d'entreprises Marocains et Catalans. C'était à l'occasion, hier matin à Casablanca, de l'ouverture des travaux du Forum entrepreneurial placé sous le thème: « Pour une nouvelle coopération économique entre le Maroc et la Catalogne ». Plus de 224 entreprises représentées C'est dans une salle archi comble que les 200 hommes d'affaires catalans, représentant plus de 224 entreprises, pour la plus part des PME-PMI opérant essentiellement dans les secteurs de l'agriculture et l'agro-alimentaire, la gestion des villes, l'industrie et le tourisme, ont signé leur présence. Cette présence en force atypique apporte le témoignage fort que la crise mondiale a sucé jusqu'à la moelle les potentialités économiques de notre premier client parmi les régions espagnoles. Alors comment expliquer un tel afflux, jamais enregistré auparavant ? Des pistes de questionnement demeurent, ayant trait essentiellement à l'agenda choisi : installation d'un nouveau gouvernement aux couleurs islamiques, ratification de l'accord agricole Maroc-Union européenne ou encore début d'application du démantèlement tarifaire signé avec l'UE. Chasse aux opportunités Les Catalans restent très réservés sur ce genre de questions, préférant s'en retourner au jargon diplomatique. « On est en mesure de vous offrir les mêmes services et produits français. Seule différence, c'est que notre offre est bon marché », ironise Mas. D'autant plus que la concurrence et la chasse aux opportunités d'affaires en Afrique est à son comble. Les Catalans visent à entrer en partenariat avec leurs homologues marocains pour conquérir ensemble des marchés tiers. Le grand projet de l'Union pour la méditerranéenne (UPM) a été soulevé également, lors de cette rencontre d'envergure, comme étant un levier pour les échanges commerciaux. Mais là il faut rappeler que le volet politique bloque encore tout acheminement vers la concrétisation de ce grand chantier qui reste encore sur le papier. Opération 100% business Le conflit israëlo-palestinien et la grande tension entre le Maroc et l'Algérie sur la question du Sahara sont très significatifs à cet égard. Sur ce dernier chapitre, le MAS, en répondant à une question des journalistes, nie catégoriquement avoir dans son agenda politique ce dossier sensible et affirme officiellement que le différend du Sahara ressort des compétences du gouvernement espagnol. Dans une telle situation, il faut dire que toutes les ambitions affichées pour une nouvelle coopération économique à l'international entre les deux voisins traditionnels restent des promesses en l'air. Quoique le discours de Youssef Amrani,ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération ait été lu en espagnol, il n'est en fait que de « la courtoisie diplomatique ». Ce forum d'affaires est certes une opportunité, mais à qui profite-t-il essentiellement ? A une question sur le solde commercial en faveur des Catalans, Abdelkader Amara, ministre de l'Industrie et du Commerce, nous répond, en mâchant ses mots, que le déficit de notre balance commercial est structurel. Les Catalans, qui maitrisent très bien les astuces du Business, donnent rendez-vous dans six mois, cette fois-ci à Barcelone, à leur voisins du sud, pour établir un bilan d'étape. On ne joue pas avec les Catalans !