L'optimisme béat affiché avant la CAN, aussi bien de la part du sélectionneur que des joueurs, a finalement laissé la place à la fois à la tristesse et la colère. Désormais, il faudra voir cette équipe nationale avec un autre regard et sous un autre angle. Devons-nous, aujourd'hui, blâmer un entraîneur que nous avons encensé hier ? Après la qualification et surtout la victoire contre l'Algérie, le héros n'était autre qu'Eric Gerets, malgré son arrogance à l'égard de la presse, voire des membres fédéraux. Héros d'un jour, le belge est descendu de son piédestal. Une véritable gifle pour un homme qui se croyait au dessus de tout le monde et qui n'a cessé de claironner que pour sa première coupe d'Afrique, il monterait sur la première marche du podium. Du coup, tout le monde était rassuré, y compris les imminents membres de la fédération qui ont courbé l'échine au moindre claquement de ses doigts. N'a-t-il pas décidé de profiter de ses vacances de fin d'année au moment où l'équipe nationale avait besoin de jouer un match amical car c'était une date FIFA ? Personne n'a osé hausser le ton pour le rappeler à l'ordre et lui dire qu'il est grassement payé pour faire son boulot. Une défaite historique Ses choix ont été très critiqués, en particulier lorsqu'il a fait appel à des joueurs qui ne jouent que rarement dans leur club. C'était le cas du Brestois Ahmed Kantari, de Mehdi Carcela, de Oussama Essaidi qui a été aligné après un traitement de cheval, et d'un certain Chamakh. D'ailleurs, contre le Gabon, Gerets semblait avoir compris et a effectué pas mal de changements. Ce n'était guère suffisant. Encore une fois, le pauvre Nadir Lemyaghri, qui a été un grand héros et a détourné de nombreuses balles, a dû faire les frais d'une défense fébrile qui était devant lui. En tous les cas, Eric Gerets ne gardera pas un bon souvenir de sa première participation à une coupe d'Afrique des Nations. En effet, depuis la création de cette compétition, jamais le Maroc n'avait perdu ses deux premiers matchs du premier tour de la phase finale. Il n'a jamais été éliminé après seulement deux matchs. Autant parler d'une défaite historique. Et pourtant le belge avait promis monts et merveille pour ses Lions de l'Atlas, dont la plupart des joueurs ne connaissent rien à l'Afrique et à l'environnement de la CAN. « Le Maroc a besoin de joueurs qui ont une expérience du milieu dans lequel ils vont vivre. L'environnement, le climat, la nourriture, le taux d'humidité, etc, tout cela doit être vécu par les joueurs », explique un entraîneur qui a connu les affres d'un séjour en Afrique. Après la première défaite face à la Tunisie dans des conditions que tout le monde connaît, Eric Gerets nous a épargné les longs calculs d'un 3e match, car ce dernier n'aura aucune incidence sur le résultat final, alors que Maroc était favori pour le sacre. Gerets toujours aux commandes Que se passera-t-il maintenant ? Rien, du moins pour l'heure. Notre Eric Gerets a tout simplement déclaré lors de la conférence d'après-match qu'il resterait à la tête des Lions de l'Atlas. Sauf avis contraire de la Fédération. « S'ils me laissent terminer ce que j'ai commencé, je veux bien sûr rester et réaliser de belles choses avec le Maroc », a-t-il déclaré en réponse à une question posée par un journaliste à Libreville. Il a certes reconnu sa responsabilité dans ce naufrage collectif, mais après ? De nombreux fins observateurs avaient parié sur une élimination précoce des Lions de l'Atlas en raison du manque d'expérience de Gerets en tant qu'entraîneur national. « Il n'a jamais entraîné une équipe nationale, et n'a donc pas l'expérience nécessaire pour cela. Sinon, pourquoi n'aurait-il pas commencé avec son pays, la Belgique ? », gronde un ancien entraîneur. Cette édition sera, dans tous les cas, l'une des plus désastreuses de notre histoire. Nous avons été éliminés à un moment où joueurs et entraîneur ont claironné que le Maroc ferait quelque chose de bon au Gabon. « On a un grand match face au Gabon et c'est important qu'on gagne pour rester dans la compétition. On se doit de le gagner et faire une belle prestation», avait déclaré Youssef El Arabi sur le site de la FRMF avant de poursuivre : « Nous sommes également déçus mais ce n'est pas encore fini. On est plein d'espoir, on y croit et le public marocain nous soutiendra jusqu'au bout dans les moments difficiles. On y croit vraiment et on va aller le plus loin possible dans cette compétition ». Peine perdue, le Maroc a bel et bien été éliminé. Et pourtant Eric Gerets a procédé à un profond changement au niveau de l'effectif pour ce match face au Gabon. Merouane Chamakh, Mbarek Boussoufa, Oussama Essaidi n'ont pas fait partie de l'effectif et on s'était dit que le coach avait parfaitement raison mais le Belge n'a jamais réussi à résoudre l'équation de la finition et de la rigueur dans les instants cruciaux. On a été éliminé et il va falloir analyser les raisons de cet échec. Certainement que cette élimination a sonné le glas de toute une génération et… de Eric Gerets. Terrible, désolant, tel est le constat qui s'est dégagé de cette participation marocaine. Dans l'autre match entre la Tunisie et le Niger, on a vu comment les Aigles de Carthage se sont battus comme des lions pour arracher la victoire. Eux ont choisi un entraîneur tunisien qui réalise dde belles choses.