Les récits où s'exprime avec enjouement la passion de la liberté personnelle ont la vertu d'accroître la liberté des lecteurs. C'est le cadeau que me fit, en 2006, l'ouvrage d'une inconnue, Fatima Zohra Zamoum. «Comment j'ai fumé tous mes livres» (La chambre d'échos, éd.) méritait plus d'écho qu'il n'en eut. Redonnons sa chance à un petit livre qui raconte le triomphe lent et sûr de l'indépendance intérieure sur les pressions extérieures. La narratrice constate comment l'écriture se libère avant de la libérer : «Ma surprise est grande. Les mots qui surgissent ne sont pas le fruit d'un raisonnement pré-établi, Ils sont autonomes, vivants, libres». L'humour de Fatima Zohra Zamoum n'est jamais dévastateur. Son auto-ironie constructive se teinte d'une pointe de mélancolie. L'ardeur veille. La lucidité résiste. Railleuse, Fatima-Zohra surveille du coin de l'œil son dédoublement funambule. Voici que la narratrice revend les livres de sa bibliothèque pour acheter des cigarettes. On n'est pas plus transgressif, du moins en France où vit la jeune femme. En vérité, elle nous raconte comment elle accède à sa propre parole avec une liberté de volute. Et la liberté, elle, au moins, n'est pas toxique. Le rêve de Fatima-Zohra, c'est d' «investir la vie». Dans sa vie, le rôle des livres sera-t-il celui de la clé du bonheur de la lectrice ou bien regardera-t-elle sa pratique de bibliomane comme on s'inquiète d'un verrou secret ? Lisait-elle, Fatima-Zohra Zamoum, pour se perdre ou pour se trouver ? La récitante de soi-même se met à concocter un texte inédit qu'elle file comme une chanson. Elle va habiter avec force le lieu où la comédie que l'on joue ou bien que l'on craint de jouer vous réclame des contes nets. Car c'est cela, «Comment j'ai fumé tous mes livres», un conte qui fait le ménage dans nos têtes. Un livre qui parole de liberté intérieure, du lien aux autres et de l'exploitation sociale, du difficile chemin vers soi et de l'arrogance avec laquelle on voudrait assigner les plus faibles à plier sous le poids de contraintes inflexibles. Non seulement Fatima-Zohra Zamoun veut devenir une personne sûre de son droit à la légèreté, à l'introspection mais encore elle dit son rejet de l'imposition des normes et des astreintes illégitimes. Aussi écrit-elle comme on respire à pleins poumons. Le combat intérieur raconté dans «Comment j'ai fumé tous mes livres», c'est un retour à soi. Fatima-Zohra découvre ce qui la meut et ce qui l'émeut vraiment. Des manques ? L'argent qui manque pour acheter des clopes ? Allons, écoutons-la : «Dans le noir des jours d'hiver se trame toujours un complot contre la fragilité, celle des personne qui dorment dehors mais aussi celle de la détermination.(…) C'est curieux comme ce combat me touche avec acuité, aucun autre ne me semble jamais être de nature à m'anéantir, physiquement et moralement. Comme si le seul combat qui me concerne personnellement était celui du passage de l'hiver». Le tête-à-tête de la narratrice avec un travailleur immigré à la retraite m'est resté en mémoire. Fatima-Zohra Zamoum dessine cet homme avec des mots justes, fins et fraternels. C'est pourquoi, entre autres excellentes raisons, relire «Comment j'ai fumé tous mes livres» réconcilie avec la conviction que penser à soi, c'est aussi, nécessairement, penser à autrui. Evidemment, la petite épopée intérieure de Fatima-Zohra Zamoun nous rappelle un roman capital du XXe siècle, même si elle ne nous le rappelle que de très loin. Pour un combat épique contre le tabac, c'est Italo Svevo, le géant. Il écrivit en 1923 «La Conscience de Zeno», disponible en poche dans la collection Folio. Un vrai chef-d'œuvre. Mais qui ne me fait pas oublier Fatima-Zohra-Zamoum. El Jadida - Broderies : Hafsa El Hassani LL'alliance franco-marocaine d'El Jadida abrite à partir du vendredi 26 mars à 16 heures une exposition de broderies de Hafsa El Hassani. Les éléments qui distinguent une broderie d'une autre sont souvent la technique, les motifs et les couleurs. Les visiteurs de cette exposition seront donc amenés, à travers cette intervention, à déceler les aspects techniques de cet art féminin par excellence. Alliance franco-marocaine Vendredi 26 mars-16 heures. El Jadida - Exposition : Dis-moi dix mots El Jadida - Exposition : Dis-moi dix mots L'Alliance franco-marocaine d'El Jadida fêtera la Semaine de la langue française et de la francophonie du 20 au 27 mars 2010, sous le thème : Dis-moi dix mots dans tous les sens. Les apprenants et leurs professeurs écriront des contes, nouvelles, poèmes, slams, chansons… et réaliseront des activités manuelles qui donneront lieu à une exposition des travaux réalisés. Alliance franco-marocaine Du 20 au 27 mars.