La Fédération nationale du tourisme se développe davantage et se prépare pour constituer un véritable interlocuteur face au gouvernement. Les professionnels du tourisme comptent ainsi faire du lobbying et rattraper le retard enregistré dans la Vision 2020. Au moment de la clôture du 13e forum international du tourisme arabe et de la Omra, placé cette année sous le thème: «la promotion du tourisme arabe après la révolution du 25 février», une autre rencontre des professionnels du tourisme avait également eu lieu à Casablanca. Il s'agit de la signature d'un premier protocole d'accord selon lequel l'ANIT (Association nationale des investisseurs touristiques) rejoint la FNT (Fédération nationale du tourisme). « Ce rapprochement a pour objectif la construction d'une représentation professionnelle unifiée regroupant l'ensemble des métiers du tourisme et des régions touristiques et ce afin d'assurer une parfaite représentativité du secteur sous l'égide de la FNT », a déclaré à cette occasion Ali Ghannam, président de la FNT. « Ceci a pour ultime but la mutualisation et l'optimisation des moyens et ressources des différentes associations professionnelles du tourisme et avoir un seul interlocuteur fort devant le Parlement », a déclaré pour sa part Mohamed Horani, président de la CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc). Opérationnalisation de la Vision 2020 Petit bémol, les journalistes présents à la conférence sont restés sur leur faim par rapport aux résultats des travaux de la nouvelle organisation des instances patronales du tourisme que la FNT a promis de présenter durant la conférence, ainsi que les détails de la restructuration de cette fédération. Ils n'ont finalement assisté qu'à la signature du protocole d'accord. Toutefois, on ne peut plus clair, les déclarations des représentants des différentes associations touristiques présentes lors de l'événement, témoignent d'un avis partagé, celui de constituer un lobby fort pour une représentativité, donc plus forte au Parlement. Ils comptent ainsi tirer profit des 8 sièges réservés aux associations patronales dans la deuxième Chambre, comme édicté dans la nouvelle Constitution. Les professionnels du tourisme comptent faire entendre leur voix et exercer du lobbying pour un pilotage, une restructuration et surtout une opérationnalisation de la Vision 2020. Parmi ces interventions, on notera celle de Abdellatif Kabbaj, président de la FNIH (Fédération nationale de l'industrie hôtellière), qui apparemment irrité contre l'ONMT (Office national marocain du tourisme), a tiré la sonnette d'alarme quant à l'urgence de faire pression sur cet office et le doter de plus de moyens en faveur de la promotion car il y va de la survie du secteur, selon lui. Quant à Fouad Chraibi, président de l'ANIT, il ne mâche pas ses mots. « la situation des investissements touristiques est critique. Et la Vision 2020 n'a pas encore démarré effectivement. En un an, on n'a rien vu encore ! », assène-t-il (Voir interview en encadré). Ainsi, les professionnels du tourisme comptent faire entendre leur voix et exercer du lobbying pour un pilotage, une restructuration et surtout une opérationnalisation de la Vision 2020. 3 Questions à … Fouad Chraibi, président de l'ANIT (Association nationale des investisseurs touristiques). Comment s'est comporté le secteur des investissements touristiques cette année ? Nous sommes dans une conjoncture difficile. La capacité hôtelière nouvelle qui a été ouverte cette année est de 7 000 lits alors qu'on était sur un rythme de 17 000 et 15 000 lits. L'année prochaine, avec un peu de chance, on va ouvrir 4 000 lits. Donc, c'est en train de disparaître et pour ne pas nous rassurer, il n'y a pas de véritables nouveaux projets. En deuxième lieu, les crédits bancaires sont très limités. Aujourd'hui, les banques accordent très difficilement des crédits à de nouveaux projets surtout à Marrakech qui est le fleuron du développement touristique. Tous les opérateurs hôteliers ont de plus en plus de mal quand il s'agit d'avoir des crédits auprès des banques qui ont fermé le robinet depuis un an et demi. Résultat : beaucoup de projets sont carrément à l'arrêt et d'autres sont retardés. De plus, des projets qui devaient démarrer, n'ont pas pu voir le jour faute de financement bancaire. Cette situation durera-t-elle l'année prochaine ou gardez-vous néanmoins un certain optimisme ? Non, je ne suis pas optimiste. L'année 2012 va être une année très difficile, pire que 2011. La situation en Europe n'est pas claire et nous devons rester vigilants. Si la crise continue en Europe, le marché va se rétrécir et les gens vont voyager moins et dépenser moins. Il faut être présent par la promotion, la compétitivité et faire plus de formation pour rehausser la qualité de service dans nos hôtels. Lors de la cérémonie de signature du protocole d'accord entre l'ANIT et la FNT, vous avez exprimé un coup de gueule contre l'opérationnalisation de la Vision 2020 qui, selon vous, n'a pas encore vu le jour… Oui, je le confirme. Il ne s'est rien passé en un an pour la mise en application de cette Vision. Citez-moi quelque chose qui a été réalisée dans le cadre des 48 mesures prévues dans l'accord de la Vision 2020 ! On devait créer la haute autorité dans les 6 mois après la signature de l'accord, cela n'a pas été fait. On devait créer 4 agences de développement territorial touristique la première année. Or, un an après, aucune agence n'a été créée. On devait augmenter les budgets de promotion, ils ont baissé. La mise en œuvre de cette vision n'a pas encore démarré concrètement. On doit se mettre autour de la table avec la FNT et le prochain ministre du Tourisme et définir les chantiers pour se mettre au travail !