L'USFP se découvre une morale au dessus de toutes les normes en vigueur, en se livrant à une piètre mascarade, notamment lors de l'élection du président de la Chambre des représentants. Comme il eut été agréable d'entendre ce noble parti parler d'une seule voix sur des thèmes autrement plus importants, lorsqu'il était au pouvoir… Dans ce dernier soubresaut qui ne l'honore pas, le parti de la rose signe son divorce avec les citoyens marocains. Qui pourrait cautionner un acte aussi stupide et sans aucune conséquence autre que de ridiculiser ses auteurs ? Plus important – et nous attendons une bronca de Radi et consorts à ce sujet, le procès d'un homme, jugé pour ses mots, qui donne du Maroc une idée en complète contradiction avec le processus de démocratisation en cours. El Haked, rappeur, qui ne harangue pas les foules, pas plus qu'il n'incite à la haine ou à la violence, est en prison pour ses opinions, sous prétexte d'une rixe contestée autant que contestable. Quand bien même les accusations fallacieuses portées contre lui seraient avérées, le zèle et la célérité des autorités trahissent le malaise dans lequel les met un post-adolescent qui exprime son point de vue. La Justice, en faisant son travail, c'est-à-dire en exerçant ses prérogatives de manière indépendante – insensible à toutes les pressions – , doit faire cesser rapidement cette tentative de mise au pas qui pourrait être interprétée négativement par l'ensemble des citoyens qui croient aux évolutions en cours. L'USFP, comme tous les partis politiques, a un rôle à jouer. Prouvant – pour une fois – qu'ils peuvent suivre des instructions comme un seul homme, ils ont une occasion en or de monter leur attachement à l'esprit de la loi, en défendant de manière massive et publique El Haked, victime d'un système révolu. A moins que le positionnement des socialistes marocains ne soit pas en phase avec la société et que leur rôle se résume dorénavant à mettre des bâtons dans les roues de la majorité parlementaire pour se donner l'illusion de continuer à exister.