Les enseignants-chercheurs recrutés après la réforme de 1997 décident de renouer avec la protestation. Grève, sit-in, marche… un mouvement de grande envergure est prévu en décembre. Les enseignants chercheurs universitaires, recrutés dans le cadre de la réforme de 1997, reviennent à la charge. Ils ont décidé de réinvestir le terrain de la protestation pour faire valoir leurs revendications qu'ils jugent « légitimes ». La relance des hostilités démarre le 5 décembre prochain par une grève nationale dans tous les établissements de l'enseignement supérieur, à l'appel de la Coordination nationale des enseignants chercheurs. Les protestataires, qui sont au nombre de 6 000 enseignants, observeront également des sit-in et organiseront des marches pour faire pression sur le ministère de tutelle. Le mouvement de protestation prévoit également d'autres débrayages les 13, 21, 22, 28, 29 et 30 décembre. Et ce n'est pas tout ! La Coordination nationale des enseignants chercheurs appelle à l'organisation d'une marche de protestation de grande envergure vers le Parlement avec un sit-in devant cette institution. Les manifestants prévoient également un autre sit-in devant le ministère de l'Education nationale et de l'enseignement supérieur. Les enseignants chercheurs, qui dénoncent « la politique de la sourde oreille, adoptée par la tutelle », décident de durcir le ton pour faire entendre leurs voix. L'assemblée générale de leur syndicat (SNESup), qui se tiendra le 6 janvier prochain devrait se prononcer sur d'autres moyens de protestation, notamment « le gel de leur adhésion aux différents organes de gestion et d'administration de l'université – Conseils de faculté et d'université ». Frein à la carrière Cette catégorie enseignante réclament l'annulation du concours de passage du grade de professeur habilité (PH) au grade de professeur de l'enseignement supérieur (PES) à l'instar des professeurs de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire dont le concours a été annulé en 2002. «Les portes d'accès au statut de PES sont verrouillées. Le concours de recrutement pour le passage au grade de PES représente un véritable frein pour la carrière des professeurs habilités. Le nombre des enseignants, chercheurs recrutés après 1997 est plus de 6 000. Si l'on suppose que le ministère crée 100 postes de PES par an, il faut compter plus de 50 ans pour un professeur habilité pour espérer accéder au grade PES », s'indigne Hamid Lakhiari, coordinateur national des enseignants chercheurs. Selon ce docteur en génie biologique et biotechnologie médicale à la Faculté polydisciplinaire de Taza, cette situation de blocage démotive les enseignants de faire de la recherche. Les protestataires exigent de la tutelle de « considérer l'habilitation à diriger des recherches comme un diplôme et non pas une attestation » et « d'accorder des années de bonification aux enseignants recrutés après 1997, au même titre que les bonifications accordées aux enseignants recrutés avant 1997 ». « Le corps des enseignants chercheurs au Maroc est séparé en deux et soumis à deux statuts différents : le statut de 1975 et celui de 1997. Or l'article 38 du décret du 19 février 1997 abroge les dispositions du décret du 17 octobre 1975. Cette incohérence a généré des iniquités. Cette politique de deux poids deux mesures adoptée par la tutelle vise à provoquer une scission dans le corps des enseignants. Elle accorde d'une part des avantages et privilèges aux enseignants recrutés avant 1997 qui accèdent au grade de PES sur la base d'ancienneté et met les bâtons sur les roues pour ceux qui ont été recrutés après cette date », poursuit Hamid Lakhiari, qui appelle la tutelle à engager un processus de dialogue et de négociation, sur la base de leur dossier revendicatif, qui insiste sur l'accès du professeur habilité au statut de professeur de l'enseignement supérieur après quatre ans d'exercice sans condition. Les enseignants-chercheurs exigent également l'amélioration de leur situation financière et d'exonérer d'I.R. les indemnités liées à la recherche.