Organisée autour du thème « Explorer les frontières », la deuxième édition de TEDx Casablanca se voulait un moyen de redéfinir les barrières entre politique et économie, sphère privée et publique et même la vie et (le droit à) la mort. Compte-rendu. Aux Etats-Unis, l'événement, vieux de 25 ans, est considéré comme un des plus grands rendez-vous d'intellectuels. Le concept a émergé pour la première fois à Monterrey en Californie. Depuis, TED (Technology Entertainment Design), et connaissant un succès chaque fois plus grand, s'est développé dans le monde entier, traitant de divers sujets, du moment comme d'ordre philosophique. Samedi, Le TEDx Casablanca en était à sa deuxième édition. « La 1ère édition TEDx Casablanca s'est tenue en septembre 2010 et a été la déclinaison du concept américain au Maroc et c'était aussi la première dans le Maghreb et elle avait coïncidé avec celle de TEDx Carthage en Tunisie ». « La seule frontière qui reste, c'est l'univers que nous n'avons pas totalement exploré et nos convictions qui nous enchaînent ». Fadhila Brahimi, coach. C'est avec un amour paternel que Réda El Ourouba, l'un des initiateurs et organisateur du TEDx Casablanca, nous a parlé, samedi, de cette dernière. Pour lui, le rassemblement est un « spectacle » d'idées et de partage. « Avec tout le cœur que les huit membres de notre équipe mettent à l'ouvrage, nous comptons faire de cet événement une rencontre de qualité ». Hormis le TEDx Casablanca, TEDx est passé par Al Akhawayn, Rabat, Agadir. Des cycles TEDx sont aussi en préparation à Kénitra et à Tanger ainsi qu'au niveau de tout le réseau des écoles ISCAE. Pour Réda, la spécificité du TEDx Casablanca du samedi se résume en deux points « Il est le cinquième en terme de notoriété dans la région MENA et nous sommes les premiers en termes d'audience au Maghreb », explique-t-il. Si TEDx Casablanca 2010 avait comme thème «Cinq qualités qui font échouer à l'école mais réussir dans la vie», celui de cette année a été plus bref mais plus pertinent : Explorer les frontières. « On entend dire que les marchés surveillent l'évolution politique future de pays comme l'Espagne et on se pose donc la question fatidique: quelles frontières y a-t-il, par exemple, entre l'économie et la politique ? La France, pays laïc, vit des débats houleux sur sur la religion, alors on se demande quelles frontières il y a entre la sphère privée et publique du religieux? Certains personnes veulent s'euthanasier… Y a-t-il une frontière entre vie et mort ? Le concept doit être redéfini. C'est cela le but. », nous résume Réda. La fin des frontières Cette phrase, tous les invités TEDx Casablanca l'on répétée samedi, mais c'est Fadhila Brahimi, fille de parents algériens, mais surtout coach et initiatrice du concept de Personnel Branding en France qui a déclenché des applaudissements quand elle l'a annoncé en premier. « La seule frontière qui reste, c'est l'univers que nous n'avons pas totalement exploré et nos convictions qui nous enchaînent », explique Fadhila. Cette dernière se définit en tant qu'exploratrice, car « nous ne devons pas oublier que nous le sommes tous par nature… ». Pour explorer les frontières, Fadhila juge que nous manquons de courage et qu'il faut passer par des étapes : « Se protéger, avoir de l'empathie mais aussi porter de l'intérêt aux autres… », dit-elle. Le message féministe le plus fort, c'est elle qui le transmet. « La femme aujourd'hui a ce don de nous montrer comment nous pouvons vivre ensemble malgré toutes nos différences ! », martèle-t-elle. De la religion et du handicap Si TEDx Casablanca est une rencontre d'idées, aucune limite ne devrait être tenue contre les discours théologiques. C'était en tout cas la conviction de deux des intervenants de cet événement, Hamza Aboulfeth, président de la société d'hébergement web, Genious Communication et Abdelhadi Tazi, historien du Royaume et conseiller de Feu Hassan II. « Je ne veux pas sombrer dans le prosélytisme, mais Dieu TED ! , témoigne Hamza avec humour, en parlant des frontières célestes et terrestres. Il t'aide si tu l'implores, mais à côté, il faut travailler dur. » De sa part, l'historien évoque une citation duProphète qui a ému l'audience : « le messager de Dieu a dit : faites attention! Nous sommes, tout un chacun, responsables et maîtres de nos actes… ». Mais, pour Amina Slaoui, présidente de l'Association marocaine des handicapés et Adil Fakir, directeur de la régie publicitaire de la SNRT, la vraie croyance c'est de croire en soi quelle que soit notre perception des choses. « Il faut rejeter le statu quo. Nous avons le pouvoir de dire non ! », constate Adil. Amina Slaoui a de son côté franchi une énorme limite : « J'ai dépassé les frontières de la mort et de la peur après mon accident à vélo », raconte-t-elle.