Chargé dimanche soir de prendre la succession de Silvio Berlusconi, Mario Monti s'annonce comme « l'homme de la situation », à même de redresser l'économie italienne en pleine déroute. Portrait d'un technocrate anti-Berlusconi proche des élites européennes et libéral convaincu. C'est une page qui se tourne pour l'Italie. Après le départ de Silvio Berlusconi, le président italien Giorgio Napolitano a nommé dimanche soir Mario Monti au poste de président du Conseil. Cette nomination d'un technocrate, économiste de formation et ancien commissaire européen, rassure. Actuel président de l'université Bocconi de Milan et président honoraire du cercle Bruegel, un club de réflexion économique européen qu'il a créé en 2005, Mario Monti dispose d'une expertise technique et de qualités de diplomate qui font souffler un vent d'optimisme sur la zone euro. Une crédibilité européenne Après un parcours universitaire brillant à Yale aux Etats-Unis, le nouveau chef du gouvernement italien a solidement assis sa réputation d'économiste auprès des cercles politiques européens. Et pour cause, Mario Monti a passé pas moins de dix ans à Bruxelles, d'abord comme commissaire européen au Marché intérieur puis comme commissaire à la Concurrence. Durant cette période, son refus de céder aux lobbies lui a valu le respect de ses pairs européens, notamment lors de ses batailles contre le projet de fusion de General Electrics ou encore la condamnation de Microsoft au nom de la lutte contre les monopoles. Il a également dénoncé les pratiques de certains Etats membres, comme les aides publiques apportées par la France à EDF ou Alstom. Au cours des derniers mois, l'ex-commissaire européen avait pris position contre les orientations choisies par Berlusconi, tout en prônant des réformes en profondeur de l'économie italienne. Très proche des élites politiques européennes et mondiales, il préside la branche européenne de la Commission trilatérale, où se retrouvent décideurs américains, japonais et européens. Il appartient également au très fermé Groupe Bilderberg, qui rassemble une centaine d'hommes politiques, financiers, banquiers de toute la planète. Affilié à aucun parti politique Beaucoup plus austère que son prédécesseur, l'homme séduit aussi du fait qu'il représente l'anti -Berlusconi. Au cours des derniers mois, l'ex-commissaire européen avait pris position contre les orientations choisies par Berlusconi, tout en prônant des réformes en profondeur de l'économie italienne. Libéral convaincu, il fait également figure d'indépendant, n'étant affilié à aucun parti politique. Dans une courte allocution après sa nomination, le nouveau chef du gouvernement a adopté un ton rassurant. Il s'est dit convaincu que l'Italie « pouvait vaincre » la crise de la dette « grâce à un effort collectif ». « Le pays doit devenir un maillon fort et non un maillon faible de l'Union européenne dont nous avons été parmi les fondateurs », a-t-il déclaré Il s'est ensuite engagé à « assainir la situation financière et reprendre le chemin de la croissance ». En attendant, Mario Monti doit à présent former un gouvernement et obtenir la confiance du Parlement dans un délai de dix jours avant de prendre officiellement ses fonctions. Monti peut-il rassurer les marchés ? Après l'arrivée de Mario Monti à la tête du gouvernement, tout reste à faire. Signe d'un accueil favorable, les Bourses européennes étaient en hausse hier matin après l'annonce de sa nomination. A l'ouverture, la Bourse de Paris affichait un gain de 0,64%, celle de Milan de 1,59%, Francfort de 0,66%, Londres de 0,28% et Madrid de 0,7%. Déjà dès vendredi, avec l'annonce du départ de Berlusconi mais aussi l'arrivée de Lucas Papdemos au poste de Premier ministre en Grèce, les tensions avaient diminué dans la zone euro. Il s'agit maintenant de vérifier sur le terrain ces changements et leur véritable impact.