Créée en 2005 au Bénin (Afrique de l'Ouest), la Fondation Zinsou œuvre à la valorisation de l'art africain dans le monde. À son actif : des dizaines d'expositions d'œuvres d'art sur le continent et ailleurs. Entretien avec Marie-Cécile Zinsou, présidente de la fondation. Marie-Cécile Zinsou, présidente de la Fondation Zinsou. Dans quel cadre s'inscrit la création de la Fondation Zinsou et quels sont vos partenaires ? La création de la Fondation Zinsou au Bénin s'inscrit dans la promotion de la culture et l'art. Au départ, c'était une initiative privée et familiale dans le but de promouvoir la culture, mais, par la suite, la fondation a reçu de nombreux soutiens, compte tenu de ses actions qui ont convaincu l'opinion. Nous bénéficions du soutien des entreprises comme Lafarge, Caterpillar, Care et aussi de quelques sociétés béninoises. Quels sont vos champs d'action ? La Fondation Zinsou a deux vocations. Il s'agit dans un premier temps de notre volet social qui consiste à octroyer des microcrédits, en collaboration avec notre partenaire Care, aux femmes béninoises pour monter des coopératives en vue de promouvoir de nombreux produits locaux. Nous en avons déjà octroyé à quelque 2 600 femmes dans le département des Collines [Bénin – n.d.l.r.]. Le deuxième volet est typiquement culturel. Ainsi, nous organisons fréquemment des expositions d'œuvres d'art. Nos actions visent aussi les enfants, puisque nous avons mis en place des programmes pédagogiques destinés aux écoles de Cotonou, de Porto-Novo et des villes avoisinantes. La fondation organise également des sorties avec ces écoliers dans les musées en vue de leurs montrer l'importance de l'histoire et de la culture. Votre fondation a déjà organisé de nombreuses expositions depuis sa création en 2005 au profit d'artistes venus des quatre coins du continent. Quelle analyse faites-vous donc de l'évolution de l'art contemporain africain aujourd'hui ? L'art africain connaît aujourd'hui une ascension fulgurante. Il représente le premier ambassadeur de l'Afrique dans le monde entier. On a beau dire que le continent africain est pauvre, qu'il y a la guerre et la misère, mais personne ne peut contester aujourd'hui l'excellence absolue dont jouit l'art africain. C'est une motivation pour la jeunesse africaine qui doit assurer la relève. Vous savez, sur une population de 9 millions au Bénin, la Fondation Zinsou a déjà accueilli quatre millions de visiteurs, essentiellement des jeunes enfants, qui souvent obligent leurs parents à faire le déplacement. C'est donc très motivant car c'est un public formidable, et, surtout, cela montre aussi que ces jeunes enfants sont conscients de ce qu'ils ont à y gagner. Les actions de la Fondation Zinsou se limitent-elles seulement au Bénin ou avez-vous aussi des programmes pour la sous-région en général ? Nous œuvrons également dans la sous-région. La fondation a déjà été sollicitée pour des expositions au Togo, au Sénégal et au Niger. Mais la difficulté réside dans le fait qu'il n'existe pas de structures professionnelles adéquates. Nous manquons souvent de lieux pour nos expositions, et cela nous pousse à les faire hors du continent. Par exemple, nous venons d'organiser une exposition sur le «Vodoun», à l'université californienne de Stanford. On en a aussi organisé une, mardi dernier, dans le métro parisien. Que pensez-vous du phénomène de déracinement culturel qui touche la jeunesse africaine aujourd'hui ? C'est l'un des problèmes qui touche la jeunesse africaine aujourd'hui, mais on peut vraiment y remédier si on s'y prend à temps. Car c'est important de savoir d'où l'on vient, avant de se projeter dans l'avenir. Cela exige donc un travail de longue haleine. Mais la jeunesse africaine, en général, est consciente de ses origines.