Harouna Djingareye, représentant national de France Volontaires Maroc, énumère pour Le Soir échos les différentes facettes du volontariat qu'il promeut. Il insiste aussi sur la nécessité d'établir un cadre légal à cette action dans le pays. Quelles sont les missions de France Volontaires, et depuis quand êtes-vous installé au Maroc ? En 2009, l'Association française des volontaires du progrès – AFVP – est devenue France Volontaires. C'est en 2007 qu'une représentation nationale a été officiellement installée à Rabat au Maroc. Que ce soit au Maroc ou à l'étranger, ce projet est mis en œuvre par un groupement – collectivité publique, association, groupe d'habitants, etc. – qui a toute maîtrise sur le choix et le mode de réalisation de ce projet. L'association France Volontaires ne se situe que comme partenaire temporel de ces projets qui, eux, s'inscrivent dans la durée. Ainsi, au Maroc, ce sont des organisations locales, partenaires de l'association, qui conçoivent, organisent et encadrent les actions. Vous encouragez des personnes à s'engager dans des actions de volontariat. Quel est le profil de ces volontaires, et combien de temps dure leur expérience en moyenne ? La communauté des Volontaires internationaux d'échanges et de solidarité – VIES – regroupe trois grandes familles. Les volontaires d'initiation et d'échange vivent leurs premières expériences de découverte des réalités internationales, et ce, pour une durée de deux à trois semaines. Les volontaires d'échange et de compétences s'engagent, quant à eux, pour une période de 10 à 15 jours. Ce sont des personnes actives ou à la retraite, qui souhaitent apporter un savoir-faire professionnel. Enfin, le volontariat de solidarité internationale concerne les personnes qui s'engagent par contrat avec une association agréée par l'Etat français. La durée de l'expérience est plus longue dans ces cas-là, variant entre 24 et 36 mois. “Aujourd'hui, le volontariat a besoin d'être légiféré afin qu'il puisse trouver la place qui lui est sienne dans la société”. Harouna Djingareye Le volontariat est-il assez développé au Maroc ? Terre de tradition d'accueil, le volontariat est une richesse ancestrale au Maroc. Ce dernier a toujours été une source de solidarité dans le royaume. Cependant, le volontariat a besoin aujourd'hui d'être légiféré afin qu'il puisse trouvé la place qui lui est sienne dans la société. C'est pourquoi France Volontaires accompagne très fortement le Collectif marocain de volontariat – CMV –, en étroite collaboration avec le Programme concerté Maroc – PCM – et ses partenaires institutionnels dans sa démarche de plaidoyer visant à doter le volontariat au Maroc d'un cadre légal. Harouna Djingareye Si un Marocain souhaite participer à l'une de vos actions, que doit-il faire ? Notre Espace volontariat situé à Rabat est ouvert pour accueillir tous les jeunes Marocains qui désirent rejoindre l'une de nos actions. Notre porte est également ouverte aux structures – acteurs de la société civile, institutions de formations, collectivités locales… – qui souhaitent accueillir des volontaires. Le volontariat étant un travail à plein temps, contrairement au bénévolat, pensez-vous étendre vos programmes aux personnes retraitées ou au chômage, qui justement, ont du temps ? Absolument. Et je profite de votre question pour lever l'équivoque entre bénévolat et volontariat. Le volontariat est un acte d'échange mutuel entre une personne ou un groupe qui offre son temps, son travail, et son énergie au bénéfice d'un projet d'intérêt général. Et une collectivité d'accueil qui offre aux volontaires un terrain d'apprentissage, d'expérimentation et de construction personnelle – et collective. Contrairement au bénévole, le volontaire s'engage donc pleinement dans l'action entreprise ? Être volontaire suppose un engagement limité dans sa durée et permanent pendant cette durée. Ce n'est pas un état. C'est un processus que nous accompagnons avant, pendant, et après le projet de volontariat. Tout ceci nécessite un temps de préparation avant le début du projet, un encadrement pendant le projet , et des rencontres au retour pour partager les expériences, réfléchir sur leur sens et leur portée. Le volontariat n'est pas une activité, mais une démarche. Notamment une démarche personnelle, ouverte à tous et à tout moment de sa vie, quel que soit son âge, son origine, sa nationalité, ses compétences. C'est aussi une démarche d'éducation populaire, où se mêlent étroitement objectif individuel, de changement personnel, et objectif collectif de transformation sociale.