Le RNI a galvanisé ses membres, lors d'un meeting organisé, dimanche 30 octobre au palais des congrès à Skhirat. Les six ministres du RNI ont été accueillis comme des stars d'Hollywood. Ambiance. Skhirat, dimanche 30 octobre. Les couleurs du Rassemblement national des indépendants (RNI) garnissent la façade du Palais des congrès. Une foule de plus en plus dense se forme au fil des heures, depuis le début de l'après-midi. Les RNIstes de toutes les régions ont fait le déplacement ce dimanche. Ce qui était censé être une conférence de presse durant laquelle les ministres RNIstes présenteront leur bilan au sein du gouvernement sortant, ainsi que leur programme électoral, s'est révélé être, en fait, un meeting politique. Badges pendus aux cous, militants, membres du parti, députés, tous se précipitent vers les premiers rangs de l'auditorium qui compte 500 places. En quelques minutes, la salle est noire de monde. De gros projecteurs envoient une lumière bleuâtre peu commode. Sur les murs, le logo du parti. Sur scène, les ministres RNIstes font une entrée digne des stars d'Hollywood, sous le son d'un tube dansant d'Akon. Salaheddine Mezouar, ministre de l'Economie et des Finances, qu'on appelle, ici, « Monsieur le président », Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime, Amina Benkhadra, ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement, Yassir Znagui, ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Moncef Belkhayat, ministre de la Jeunesse et des Sports, sans oublier Anis Birou, secrétaire d'Etat chargé de l'Artisanat, qui a révélé un talent insoupçonné pour l'animation. Tous vêtus de tee-shirts bleus portant le logo du RNI, ils se sont assis au milieu de la scène. Le RNI fête ses 33 ans « C'est un moment historique ! Le RNI célèbre ses 33 ans, un quart de siècle de loyaux services », lance le président du RNI avec ferveur à un public emporté par la fièvre électorale. « Nous voulons que le RNI ait une position stratégique et qu'il puisse relever le défi de la mise en œuvre de la nouvelle Constitution, et celui des mutations nationales et régionales ! », déclare Mezouar. La projection du spot RNI, tout de suite après, appelant les citoyens à voter pour le parti de la Colombe a rapidement galvanisé l'assistance. «Nous nous sommes engagés auprès de la majorité gouvernementale et nous respecterons cet engagement. Nous avons pris notre part des responsabilités et contribué à préserver la stabilité au moment où le monde s'enlisait dans la crise », martèle de nouveau Mezouar, en préambule à sa présentation. De 15 à 45mn, les six ministres, chacun son rythme, ont défilé derrière le pupitre : projections et avalanche de chiffres. L'homme de scène par excellence, Anis Birou, assure brillamment les transitions. Entre-temps, Moncef Belkhayat annonce qu'il est contraint de partir afin d'assister au match du MAS prévu à 18h30 à Fès. Une clôture qui soulage Lassé, le public commence à quitter, petit à petit, les sièges de l'auditorium qui, au moment de la présentation du programme électoral, était presque vide. Les ministres ont cédé leurs places à trois députés qui devaient chacun présenter les trois défis du programme : la confiance, la dignité et le développement économique. Mbarka Bouaida, à qui le RNI, a confié la présentation du dernier chapitre n'a pas cessé d'appeler les invités à regagner leurs places, en vain. Au bout de quatre heures passées dans le clair-obscur, il n'y avait plus moyen de retenir l'attention du public. La clôture avec un spot du RNI en dialecte hassani, à la demande de Bouaida, a eu l'effet d'un soulagement. Le président du RNI a eu droit au mot de la fin, en toute légitimité, en ce meeting politique : « Mesdames et Messieurs les RNIstes, le temps est venu de relever le défi ! Je vous appelle à vous unir auprès de votre leader, de laisser de côté vos conflits et de prendre votre responsabilité ! … Et en avant !» L'appel de Mezouar a retenti aux oreilles de ses alliés. A la sortie, des photos et un souvenir : tee-shirt blanc et casquette bleue portant le logo et les slogans du RNI. Pour les journalistes, qui réclamaient un dossier de presse, on se contente de leur dire : « Il n'y a pas de dossier, mais vous trouverez tout sur notre site : www.rni.ma ». Au lendemain du meeting, on y lisait encore « Le détail de notre programme sera prochainement en ligne ». The show must go on… Une vision, 3 défis et 20 engagements Cela ressemble, à première vue, à une équation. Le RNI résume ainsi son programme électoral, dont l'élaboration a été assurée par 150 cadres. La vision dont il est question porte sur le respect des principes de la nouvelle Constitution. Les 3 défis portent sur la confiance, la dignité et le développement économique. Il s'agit de rétablir la confiance entre citoyens et institutions publiques par la lutte contre la corruption et en garantissant à tous l'accès aux services. Au total, ce sont 5 engagements qu'impose le défi de la confiance au RNI. Le défi de la dignité, lui, porte sur 7 engagements, dont l'indépendance de la justice, la lutte contre la pauvreté et la réforme du système éducatif. Le RNI estime qu'il faudra une enveloppe de 3,5 milliards de dirhams pour renforcer les infrastructures liées à la justice. Le parti de la Colombe annonce aussi qu'il compte généraliser l'éducation à 99% aux 6-11ans et à 90% aux 12-14ans. En ce qui concerne la santé, le RNI promet de renforcer l'effectif médical à raison d'un médecin pour 2 000 citoyens et un infirmier pour 1 000. Il promet de réduire la mortalité maternelle à 50 pour 100 000 et celle des enfants de moins de 5 ans à 15 sur 1 000 naissances. L'investissement public, dans le secteur, devra ainsi passer de 7 à 10 %. Le RNI veut, par ailleurs, accorder une subvention pour les logements menaçant ruine et limiter la vente du mètre carré à 5 000 DH. Les 8 engagements restants concernent le volet économique.Il est question de gagner un point de croissance par an, grâce à la dynamisation de la régionalisation. Le parti de la Colombe annonce qu'il aspire à rétablir les équilibres macro-économiques, notamment en réduisant le déficit budgétaire de 50%, de maintenir l'inflation à moins de 3% et de créer pas moins de 200 000 emplois par an par l'encouragement de la petite entreprise et la création d'un fonds spécial pour leur capitalisation et l'allégement des procédures.