France : La GenZ Maroc commémore le 60e anniversaire de l'enlèvement de Mehdi Ben Barka    Une délégation parlementaire italienne salue la dynamique de développement à Laâyoune-Sakia El Hamra    Vers un Maroc sans charbon en 2040, sous condition de financement international    CAN Maroc 2025 : Vente record de plus de 250 000 billets en trois jours (CAF)    Ligue 1 : Doublé de Hakimi contre Brest    Botola : Le Raja Casablanca s'impose face à l'Olympique Dcheira    LDC : Les FAR déroulent face à Horoya et filent vers la phase de groupes    Marathon de Casablanca. De grands athlètes mondiaux prennent part à la 16e édition    Aéroport Mohammed V : Arrestation d'un Russe recherché pour terrorisme    Skhirat-Témara : Plus de 7,3 MDH pour 38 projets sociaux approuvés dans le cadre de l'INDH    Argentine : Le président Milei ouvre le marché des changes aux Américains    Cybercriminalité: Le Maroc signe le Traité de l'ONU à Hanoï    Nasser Bourita et Cho Hyun réaffirment la volonté du Maroc et de la Corée du Sud d'élargir leur partenariat économique et diplomatique    Sahara : Antonio Guterres met en avant la coopération exemplaire du Maroc avec la Minurso    Agadir: Réception de 70 nouveaux autobus de transport urbain    Tanger: Plus de 400 MDH pour la réduction des disparités territoriales et sociales    Les 500 Global 2025: Tanger-Tétouan-Al Hoceima pèse 15 % de l'économie nationale    Le Maroc se hisse parmi les trois premiers exportateurs de pastèques du MENA, avec un prix record de 962 dollars la tonne    À El Kelâa des Sraghna, la police saisit 2 040 comprimés psychotropes et arrête deux trafiquants présumés    Bien boire, bien manger... et se marrer!    Une plateforme électronique pour faciliter l'intégration des Marocains d'Allemagne    Agadir: Installation de Nabil Hamina, nouveau président de l'Université Ibn Zohr    Essaouira : le Festival des Andalousies Atlantiques fête son 20ème anniversaire    Sahara : L'Algérie critique le lobbying de la France et des Emirats arabes unis à l'ONU    Morocco's Atlas Lionesses fall to Scotland 2-1 in Casablanca friendly    Marsa Maroc y CMA Terminals desarrollarán terminal de contenedores en Nador West Med    Droits humains et électoraux : Amina Bouayach reçoit l'Ordre du mérite 2025 à Madrid    Maroc - Algérie : Les chances de la Pax Americana [INTEGRAL]    CCAF / Aujourd'hui, Stade Tunisien vs OCS : Horaire ? Chaîne ?    Match test : Les Lionnes s'inclinent face à l'Ecosse    SM le Roi adresse un message de condoléances et de compassion aux membres de la famille de feu Mohamed Razin    Scandale politique en Algérie : la fuite d'un sénateur vers l'Espagne, signe d'un régime à bout de souffle ?    Inauguration de l'Organisation internationale de la médiation à Hong Kong pour renforcer le droit international    La police espagnole retrouve le tableau de Picasso disparu lors d'un transfert    Le Maroc et le Kenya approfondissent leur coopération maritime et logistique, Rabat soutient la candidature de Nairobi au Conseil de l'OMI    Port Nador West : Marsa Maroc et CMA CGM scellent un accord    Coupe du monde féminine U17 : La sélection nationale progresse au fil des matchs    Médiateur du Royaume: L'accès à la plateforme MARFI9I ouvert aux usagers du «Pass Jeunes»    Energie : le pétrole bondit après les sanctions américaines sur deux groupes pétroliers russes    Domaine privé de l'Etat : 148 projets approuvés pour une superficie globale de 20.771 Ha au S1-2025    Académie des Arts : la Fondation Al Mada donne un nouvel élan à la jeunesse créative    « Croissance » : un voyage gospel entre ciel et terre    Tiflet accueille le Festival "NAFAS", un espace de dialogue et de créativité pour la jeunesse    Football : 50 ONG appellent Fouzi Lekjaa à intégrer l'amazigh    Téhéran étend méthodiquement son influence politique, économique et religieuse en Tunisie pour garantir un ancrage en Afrique du Nord alerte un rapport israélien    France : Le Maroc s'invite à l'Olympia pour les 50 ans de la Marche verte    Mohammed VI exprime ses condoléances à la famille d'Abdelkader Moutaa    Météorologie : Le Maroc et la Finlande signent à Genève un mémorandum d'entente    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Les Européens ne connaissent pas l'Islam et très mal la région
Publié dans Le Soir Echos le 28 - 10 - 2011

Alors que la montée de l'Islam politique inquiète l'Europe, les états-Unis consolident leurs liens avec les partis islamistes. Contacté par Le Soir échos, Pierre Vermeren, professeur d'Histoire du Maghreb contemporain, revient sur les facteurs historiques et culturels à l'origine de cette différence.
Le succès d'Ennahda aux élections tunisiennes soulève de vives inquiétudes en Europe. Selon Pierre Vermeren, professeur d'Histoire du Maghreb contemporain, cet alarmisme européen s'explique par l'histoire du Vieux continent, traversée par les guerres de religion et la révolution française, mais aussi par les évéements iraniens et algériens. A l'inverse, plus habitués à la présence du religieux dans la sphère publique, les Etats-Unis mènent une politique de rapprochement avec les partis islamistes, prenant ainsi une longueur d'avance. Revendiqué par certains partis islamistes, le modèle turc n'est toutefois pas susceptible d'être transposé à l'identique au Maghreb, estime l'historien. Entretien.
La montée de l'Islam politique est perçue comme une menace en Europe. Comment expliquer cet alarmisme du Vieux continent ?
Quand on dit Islam politique en Europe, on pense à la révolution de 1979 en Iran. Il faut se rappeler que les Européens de l'époque étaient très enthousiastes pour cette révolution, mais ils se sont totalement trompés. Cela a été un désastre pour eux, avec la politique de l'Iran qu'on connaît aujourd'hui. Les Européens ne connaissent pas l'Islam et très mal la région. Ils ne comprennent pas les différences entre chiites et sunnites notamment. La deuxième raison est la guerre civile algérienne qui a montré un Islam révolutionnaire. Les Européens pensent que les islamistes sont des gens qui veulent prendre le pouvoir, les armes à la main. Et enfin, troisième facteur, les attentats d'Al-Qaïda à New York ont fait penser aux Européens que la guerre était menée contre les Occidentaux. Ils font un lien direct entre Islam, guerre et attentat. Or, en Tunisie, l'islamisme c'est d'abord une organisation politique, une forme de nationalisme, une forme de communautarisme religieux sans conséquences, car il n'y pas de minorités religieuses.
A l'inverse, les états-Unis ont déjà commencé à nouer des liens avec les partis islamistes. Comment interpréter cette longueur d'avance des Américains ?
Les Américains n'ont pas de problème avec la religion comme les Européens. Le pouvoir religieux ne fait pas peur aux Etats-Unis, à l'inverse de l'Europe qui a connu les guerres de religion et la Révolution française qui s'est faite contre l'Eglise catholique. De plus, le problème des Européens, et des Français en particulier, est qu'ils ont toujours traité avec les pouvoirs en place. Ils n'ont noué que peu de contacts avec l'opposition. A l'inverse, les Etats-Unis ont toujours pris soin de parler au pouvoir, mais aussi à l'opposition. Ils ont négocié par exemple avec le GIA (Groupe islamique armé, ndlr) et le FIS (Front islamique du salut,ndlr) parce qu'ils pensaient qu'ils allaient prendre le pouvoir en Algérie en 1994. Ainsi, ils connaissent les figures de l'opposition comme Hamadi Jebali (numéro 2 d'Ennahda, ndlr) et Rached Ghannouchi, en Tunisie. Aux Etats-Unis, la religion n'est pas considérée comme une affaire privée, elle peut être une affaire d'Etat.
«Le but du PJD est de participer aux affaires de l'Etat. La seule question est de savoir si le roi pourra l'accepter ».
Ennahda revendique comme modèle l'AKP turc. Mais dans quelle mesure le modèle turc peut-il être transposé au Maghreb ?
Une différence fondamentale existe entre la Turquie et le Maghreb : en Turquie, il y a eu une révolution, il y a un siècle, avec l'abolition du califat et une révolution linguistique, qui n'a pas eu lieu au Maghreb. La colonisation a été un bouleversement important mais pas endogène, puisque imposé de l'extérieur. En Turquie, il y a une base très laïque qui fait que le modèle ne peut pas être transposé à l'identique au Maghreb. La Tunisie est la société arabe et maghrébine la plus proche de la Turquie. Le modèle de Bourguiba était Atatürk. La Tunisie a donc l'héritage le moins éloigné de la Turquie.
Qu'en est-il des autres pays du Maghreb où l'Islam politique se renforce (Maroc, Egypte, Libye) ?
Ce sont des pays très différents les uns des autres. Le PJD se revendique du modèle turc depuis la victoire de l'AKP et se dit légaliste. Leur but est de participer aux affaires de l'Etat. La seule question est de savoir si le roi pourra l'accepter. Quant à l'égypte, les Frères musulmans attendent le pouvoir depuis leur création, mais ont subi une répression très forte sous Nasser, puis Moubarak. Mais l'armée monopolise le pouvoir. Cette fois, s'il y a des élections libres, ils ont toutes les chances d'être majoritaires. Quant à la Libye, il n'y a pas d'Etat ni de parti. Le seul lien, c'est l'Islam, d'où l'invocation de la charia. C'est incomparable par rapport à la Tunisie.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.