Abderrazzak Benchaâbane et Nicole de Pontcharra ont présenté récemment leur livre, maroc intime, à l'Institut français de Marrakech. Une œuvre à quatre mains habitée par l'expérience du monde. On ne présente plus ces ambassadeurs de la ville ocre qui ont la médina en commun et qui se connaissent depuis très longtemps. Nicole de Poncharra, écrivain français d'origine russe qui « appartient à Marrakech » et Benchaâbane, ethnobotaniste, fondateur du magazine Jardins du Maroc, Jardins du monde et du festival Jardin'Art, créateur des Parfums du soleil et photographe. « Mais, avec l'arrivée du numérique, j'ai perdu mes repères et je suis passé à autre chose ». Œuvre à quatre mains 5 continents, maison d'édition fondée en 2002 à Milan et spécialisée dans les livres d'art à vocation internationale, a proposé au photographe de revenir à ses premières amours en faisant partager son travail, « des photographies anciennes qui créent de l'émotion et ont leur public ». L'image la plus ancienne a 30 ans ; la plus récente, 22 ans. Pour les accompagner, il fallait un texte, car, comme l'explique Benchabaâne, « une photo sans texte, c'est comme un film muet. Le texte est très important dans un livre de photos, car il ouvre des portes, dévoile des choses que le photographe ne voit pas. » Nicole de Poncharra, qui a vécu pendant dix ans dans la médina de Marrakech et qui connaît Abderrazak Benchaâbane depuis plus de trente ans, était la personne idéale pour écrire sur ses photos. « En voyant ces images, j'avais été frappée par la recherche de sens, son regard très subtil sur un Maroc qui a façonné les gens. Je suis entrée dans ces images et j'ai essayé de retrouver le jeune photographe de 20 ans qui les avait faites et qui a gardé en lui ce jeune homme ». Dans son texte, elle raconte le photographe et ses rencontres avec les femmes, les hommes et les enfants qui ont croisé son objectif. « Nicole m'a envoyé un miroir en écrivant ce texte. Il y a une espèce de résonnance avec le contenu photographique ». De Marrakech à Chaouen Des photos qui nous transportent dans les lieux où le photographe se sent le mieux, Marrakech bien sûr, puis Essaouira qu'Abderrazzak Benchabaâne a découverte à 13 ans et a toujours considére comme « la plage de Marrakech ». En traduisant une expression arabe, il a expliqué avec humour que « sa tête était tombée à Marrakech et son cœur à Essaouira ». Puis il y a le Sud, « où c'était presque un défi de trouver des jeux d'ombres et de lumière ». « J'y ai trouvé une espèce de virginité que l'on commençait déjà à perdre dans les années 1980 à Marrakech ». Enfin, il y a Chaouen, où le photographe a trouvé l'innocence. « C'est peut-être la ville la plus pure du Maroc ». Avec « maroc intime », Abderrazak Benchabaane nous offre son regard sur son pays vu de l'intérieur, loin des clichés exotiques. Chaque image se fait l'écho d'une rencontre avec les racines du Maroc. Et si Benchabaâne doit beaucoup à la photographie, « qui lui a ouvert l'esprit, lui a appris la tolérance et l'échange », il lui rend bien avec ce très beau livre dont la totalité des recettes ira à une œuvre de bienfaisance.