Israël et le Hamas ont annoncé mardi soir un accord conclu sous médiation égyptienne pour échanger le soldat israélien Gilad Shalit contre 1 027 détenus palestiniens. Le 25 juin 2006, Gilad Shalit est un jeune de 20 ans qui effectue, comme les autres israéliens de son âge, son service militaire. Mais ce jour-là, à la lisière de la bande de Gaza, un commando palestinien attaque son poste militaire. Gilad Shalit est capturé, tandis que deux autres militaires sont tués. L'attaque est revendiquée par trois groupes armés palestiniens, dont les Brigades Ezzedine Al-Qassam, la branche armée du mouvement islamiste Hamas. Le lendemain, les trois groupes exigent la libération de détenus en Israël en échange d'informations sur le soldat, mais le Premier ministre israélien Ehud Olmert exclut toute libération de Palestiniens. Pendant cinq ans, Israël multiplie les pressions sur le mouvement islamiste palestinien, tout en menant des tentatives de médiation. En vain. Pendant cette période, des lettres et des vidéos sont envoyées au compte-gouttes. Les dernières images du jeune homme datent d'octobre 2009, où l'Etat hébreu avait accepté de libérer 20 Palestiniens en échange d'une vidéo de Shalit. Mais depuis mardi soir, sa libération semble cette fois-ci proche, suite à l'accord passé entre Israël et le Hamas. Conclu entre l'émissaire israélien David Meidan et le chef de la branche armée du Hamas Ahmed Al-Jabeiri sous l'égide du chef du Renseignement égyptien, le général Mourad Muwafi, l'accord prévoit d'échanger le jeune soldat israélien contre 1 027 détenus palestiniens, dont 27 femmes. Réuni en séance d'urgence, le gouvernement israélien a entériné par 26 voix contre trois cet accord. Déjà annoncée comme imminente à plusieurs reprises, cette libération tant attendue a été accueillie avec joie par sa famille. « C'est une étape symbolique que le gouvernement israélien a réussi à atteindre après plus de cinq ans, 1 935 jours et 1 935 longues nuits d'efforts pour ramener Gilad, notre fils, chez lui. Nous félicitons le Premier ministre pour sa décision courageuse », a déclaré son père, Noam Shalit. En Israël, l'accord a été salué, même si quelques réserves sont exprimées sur le prix à payer pour le retour du jeune homme. « Accord : Shalit contre des centaines d'assassins », titrait ainsi le quotidien de droite Makor Rishon. La Turquie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, s'est félicitée du « bon accord » conclu. Contrairement aux pays occidentaux et à Israël, le Hamas n'est pas considéré comme une organisation terroriste par Ankara. « Il s'agit d'un développement positif de nature à faire tomber la pression » au Proche-Orient, a estimé le ministre Ahmet Davutoglu. Les conditions de l'échange sont en train d'être finalisées. « Nous mettons la main aux dernières dispositions techniques pour achever l'accord dans les jours qui viennent », a déclaré en ce sens Abou Oubeïda, porte-parole de l'aile militaire du Hamas. Une des grandes questions est l'identité des 1 027 palestiniens libérés. La liste des noms n'est pas encore connue. Concernant les modalités, le chef du Hamas en exil à Damas, Khaled Mechaal a indiqué qu'ils seraient « libérés en deux phases ». Dans un premier temps, 450 détenus, dont 280 condamnés par Israël à des peines de prison à vie, retrouveront la liberté. Cette première libération devrait avoir lieu « dans une semaine », avant d'être suivie d'une deuxième, avec 550 autres détenus «dans deux mois». Parmi les 1 027 palestiniens libérés, le nom de Marwan Barghouti a été évoqué, avant que sa libération ne soit démentie hier par Israël. Dirigeant du Fatah arrêté en 2002 et condamné à plusieurs peines de prison à vie pour avoir organisé des attentats, cet homme est devenu populaire parmi les Palestiniens, lors de la seconde Intifada, dont il a été l'un des leaders. Bien qu'en prison actuellement, il est notamment considéré comme l'un des candidats favoris pour la succession de Mahmoud Abbas. Autre libération démentie, celle d'Ahmed Saadat, numéro un du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), condamné à 30 ans de réclusion par Israël, pour son rôle dans l'assassinat du ministre israélien du Tourisme en 2001.