Le Front des forces démocratiques (FFD) estime que les politiques s'enlisent dans des débats internes et jettent les citoyens aux oubliettes. «J'ai de réelles craintes vis-à-vis de ce qui se passe, en ce moment, dans le champ politique. Alors que les Marocains sont préoccupés par l'éducation et la santé, les politiques, eux, s'enlisent dans des débats internes qui n'intéressent certainement pas les électeurs ». Thami Khyari ne mâche pas ses mots, au cours de la conférence de presse organisée, mardi 27 septembre à Rabat, par son parti, le FFD. «A deux mois des législatives, je n'ai pas encore entendu parler de programmes. Les débats en cours font, en plus, croire aux citoyens qu'un complot se prépare contre eux », estime le secrétaire général du FFD. Et de préciser que cette situation risque de dissuader les électeurs d'accomplir leur droit de vote. Pour le FFD, il n'y a pas lieu de remettre en question, en ce moment précis, la liste nationale et d'en faire l'objet d'une discorde infinie. « Elle a été créée en tant que discrimination positive vis-à-vis des femmes et elle doit le rester. L'intégration des jeunes ne devrait pas se faire au détriment des femmes », soutient Thami Khyari. La parité étant impossible, le FFD considère qu'il reste primordial de garantir le tiers des sièges au Parlement. A ce sujet, l'article 5 du projet de loi organique relatif à la Chambre des représentants dérange énormément le secrétaire général du FFD. «Qu'on soit obligé de quitter son siège au Parlement au bout de cinq ans n'est pas logique, à mon avis. Durant cette période, on commence à peine à forger son expérience », affirme-t-il. Plus que cela, Khyari assimile cette règle au « business des agréments ». « Attention, il est très probable que la discrimination positive devienne l'équivalent d'un agrément et cela ne fera que nuire à ce pays qui aspire au changement », prévient le secrétaire général du FFD. «Il est très probable que la discrimination positive devienne l'équivalent d'un agrément». Thami Khyari Moralisateur, le FFD devait donc donner l'exemple à ses pairs en dévoilant son programme social à 100%. Alphabétisation, formation et généralisation de l'assurance maladie obligatoire. Le FFD aura besoin de 4 milliards de dirhams annuellement pour réaliser son projet prioritaire de lutte contre l'analphabétisme. Programme en trois points « Nous voulons éradiquer l'analphabétisme en cinq années !», lance Thami Khyari, convaincu de la crédibilité de sa thèse. «Nous comptons employer 100 000 jeunes diplômés chômeurs après une formation adaptée. Nous leur offrirons une petite compensation en attendant qu'ils trouvent un emploi», explique-t-il en confiant avoir eu des discussions à ce sujet avec l'ambassade des Etats-Unis qui pourrait, éventuellement, apporter une aide financière au projet du FFD. En attendant, l'ambition de Thami Khyari laisse perplexe les médias. Mais le leader du FFD se montre prêt à relever le défi : « Notre stratégie est bien ficelée. Nous sommes certains de ce que nous avançons, même si l'éradication totale du fléau ne pourra pas l'être à 100%. S'il nous reste que 5% d'analphabètes, on aura réussi », affirme Khyari. Le FFD aspire, par ailleurs, à généraliser le droit à l'assurance maladie obligatoire à l'ensemble des catégories professionnelles et de promouvoir la formation au sein de la fonction publique. « Je ne comprends toujours pas pourquoi les fonctionnaires sont privés de formation. Lorsqu'ils désirent poursuivre des études supérieures, ils n'obtiennent pas d'autorisation. Je trouve cela inadmissible ! », exclame-t-il. Le lendemain des élections décidera du chemin que prendra le Maroc. Mais, pour Khyari, c'est l'alliance de gauche qui devra en être le noyau dur.