A l'occasion du Salon de l'automobile de Francfort, Jacques Chauvet, président de la région Euromed de Renault nous renseigne sur l'état des lieux concernant le projet de Tanger. Tout le monde attend l'ouverture de Tanger. Où en-êtes vous ? Le projet se déroule selon le planning prévu. Hormis les bâtiments administratifs, le reste est prêt. Début juillet, l'usine a pris la responsabilité de la voiture, c'est-à-dire que les machines sont installées, les processus rodés et la production a commencé. Bien entendu, les voitures fabriquées ne sont destinées qu'à la formation des ouvriers. L'accord de fabrication octroyé par la direction de la qualité du groupe sera effectif en janvier, juste avant le démarrage de la production. Cet accord est délivré pour une certaine cadence qui devrait s'accélérer régulièrement et rapidement pour atteindre 30 véhicules à l'heure. Le début de la commercialisation des voitures sorties de Tanger est prévu pour le mois d'avril en France et dans les autres pays d'Europe qui représentent le gros volume. Bien entendu, ceci viendra après l'inauguration autour du mois de février. Le projet se déroule bien, les fournisseurs sont au rendez-vous et nous allons, dès le départ, commencer avec 40% d'intégration. Pourriez-vous nous parler de l'embauche et de la formation ? L'embauche se poursuit pour atteindre 2000 personnes, d'ici la fin de l'année contre 1500 actuellement, 4000 prévues pour fin 2012 et 6000 fin 2014. Le grand défi, pour nous, est de former les gens, en particulier des personnes qui n'ont jamais travaillé dans ce domaine où la dextérité est incontournable. Nous avons d'ailleurs beaucoup copié sur l'usine de Chennai en Inde qui est l'usine sœur de Tanger qui a commencé un an avant nous pour nous assurer que les opérateurs soient au meilleur niveau. Les personnes recrutées viennent à 25% de la région de Tanger et du reste du Maroc pour les autres. Les agents de maîtrise et les chefs de départements adjoints ont suivi des formations en Europe. Au démarrage de l'usine, il y a forcément des choses à ajuster, qui sont supervisées par des équipes rompues à cet exercice. Nous avons signé un partenariat avec plusieurs ministères qui ont abouti à la création d'un institut, construit par le gouvernement marocain mais exploité par Renault. Ce centre est extrêmement moderne ; les ouvriers y apprennent tous les métiers nécessaires sur des équipements identiques à ceux des autres usines du groupe. Quel est l'objectif de compétitivité ? Le modèle est la Roumanie. Mais ce qui prime, c'est la qualité. Si les véhicules ne sont pas aux normes de qualité, ils ne sortiront pas, un point c'est tout. L'objectif est d'exporter, en 2015, 350 000 voitures ; soit environ 10% des exports du Maroc. Quelle est la répartition entre l'usine Somaca et celle de Tanger ? Somaca fait des véhicules existants, tandis que de Tanger sortiront deux nouveaux modèles. Tanger est un pari extraordinaire. Faire une nouvelle usine, dans laquelle nous démarrons deux nouveaux modèles (un véhicule familial et une fourgonnette) est une première mondiale, dans un pays où la tradition automobile n'est pas très développée en dehors de Somaca. Le faire dans un temps relativement court, comme en Inde et se fixer un tel niveau de qualité, dès le début, en amenant 40% de fournisseurs est une véritable prouesse. De plus, l'usine est également une première mondiale en termes d'économies d'énergies, de normes environnementales avec le « zéro rejet» et le « zéro carbone ». Les personnes recrutées viennent à 25% de la région de Tanger et du reste du Maroc pour les autres. Qu'en est-il du retour de Nissan à Tanger ? Comme l'a dit Carlos Ghosn, Nissan a de très gros projets en Asie et au Brésil. Une réflexion est en cours pour la sélection d'une unité de production compétitive. Tanger est sur la liste. Quand ils reviendront, le terrassement étant déjà réalisé, la construction de l'usine sera donc très rapide. Quel est le positionnement de la Turquie par rapport au site de Tanger ? Ce sont des sites dédiés chacun à un type spécifique de véhicules, donc complémentaires. Avec la Roumanie, tous les sites de la région tournent à plein régime, donc il n'y a pas de problème. La montée de cadence de Tanger sera conditionnée par la qualité. Les véhicules qui sortiront de Tanger seront au niveau des meilleures usines de Renault Et le projet algérien ? Nous en sommes encore au stade de discussions. D'ailleurs nous allons nous revoir fin septembre. Il faut cependant garder à l'esprit que tous les projets dont nous parlons ont été décidés avant la crise. Aujourd'hui, la situation en Europe est délicate. Or, on ne fait pas les mêmes investissements quand le secteur est prospère ou quand votre principal marché est en difficultés.