La reconstruction a commencé même si des foyers de tension subsistent encore dans le pays. La Chine et la Banque mondiale ont reconnu le CNT et s'engagent à aider la Libye à se relever du conflit. A peine la reconstruction de la Libye a commencé que les partenaires commerciaux se bousculent déjà. Dans la foulée, la Chine, qui jusque-là était réticente, a reconnu la légitimité du Conseil national de transition (CNT), l'organe politique de la rébellion libyenne. Pékin veut tout faire pour faire oublier aux nouvelles autorités sa réticence et un souvenir qui pourrait entacher la future coopération qui se dessine entre les deux pays. La Libye dépend à 90 % des importations et la Chine y importe pratiquement tout. Il n'est donc pas question, pour les deux parties, de se tourner le dos. Pékin a d'ailleurs vite fait d'établir une présence diplomatique à Benghazi, en reconnaissant le CNT comme « force politique majeure » et « partenaire de dialogue important ». Les médias chinois, à la solde du Comité central du parti communiste au pouvoir, n'ont pas manqué d'apporter certaines précisions : « C'est la Libye qui a besoin de la Chine et non l'inverse ». Et les opportunités pour l'Empire du milieu sont nombreuses, car beaucoup de choses sont à refaire en Libye. Pékin va pouvoir envoyer ses ouvriers pour reconstruire les routes et infrastructures saccagées pendant la guerre. Ses compagnies pétrolières ne seront pas en reste, même si les autorités de Tripoli avaient déjà annoncé qu'elles serviront en premier, ceux qui les ont aidés à faire tomber le régime de Mouammar Kadhafi, c'est-à-dire les pays comme la France, la Grande-Bretagne, l'Italie et autres. Dans le même temps, la deuxième puissance économique mondiale a exhorté le CNT à former rapidement un gouvernement qui réponde aux aspirations et aux attentes du peuple libyen. Selon le journal Le Parisien,Nicolas Sarkozy, le président français devrait effectuer un voyage en Libye aujourd'hui. Cela coinciderait donc avec la visite annoncée du Premier ministre turc Recep Tayip Erdogan qui doit rencontrer les nouvelles autorités de Tripoli ce jeudi. L'ONU a également commencé à desserrer l'étau autour de Tripoli. Selon l'ambassadeur russe aux Nations Unies,Vitali Chourkine, le Conseil de sécurité lèvera ses sanctions contre la Libye avant la fin de ce mois : «Nous avons déjà commencé à travailler sur un projet de résolution sur la levée des sanctions contre la Libye décidées par les résolutions précédentes», a-t-il déclaré lundi sur la chaîne de télévision Rossiya-24. L'ambassadeur russe a également précisé que cette nouvelle résolution portera sur la mise en place d'un nouveau système politique et la tenue des élections et les mécanismes pour surmonter les hostilités entre factions rivales du pays. La Banque mondiale a, pour sa part, annoncé mardi qu'elle reconnaissait le Conseil national de transition comme le gouvernement de la Libye. Et de ce fait, elle s'est engagée à aider le pays à se relever du conflit. L'OTAN, présente depuis le début de la guerre, a annoncé qu'elle restera dans le pays tant que Mouammar Kadhafi demeurera une menace pour le peuple libyen. «Nous avons également vu que les vestiges du régime Kadhafi constituent toujours une menace pour la population civile. Nous sommes prêts à poursuivre nos opérations aussi longtemps que nécessaire», a déclaré le secrétaire général de l'Alliance Atlantique, Anders Fogh Rasmussen, lors d'une conférence de presse. Cependant, les nouveaux défis du CNT sont loin d'être militaires. Car il faut désormais que les responsables chargés de la transition politique soient en mesure de ramener la paix. Et cela n'est pas gagné puisque les règlements de comptes se poursuivent. Dans son dernier rapport, l'ONG de défense des droits de l'Homme Amnesty International a mis les deux parties engagées dans le conflit en cause dans de graves exactions. Même si les pro-Kadhafi figurent en tête de liste, les insurgés ont également commis beaucoup de violations des droits humains et de crimes de guerre. La paix reste donc l'autre combat à mener par le CNT pour un avenir prospère de la Libye. Par ailleurs, les autorités nigériennes ont confirmé la présence de Saadi Kadhafi, l'un des fils de l'ex-dirigeant libyen sur leur territoire. Il était arrivé dimanche dernier dans le nord du Niger avant d'être transféré mardi d'Agadez vers la capitale Niamey à bord d'un avion C-130 de l'armée nigérienne. Niamey a précisé que Saadi Kadhafi a été accueilli à titre humanitaire et qu'il restera sous surveillance.