Les rebelles comptent célébrer la chute du régime de Mouammar Kadhafi avec l'Aïd Al fitr, fête qui couronne la fin du mois de ramadan. Mais sont-ils vraiment en mesure de contraindre le guide libyen à la résignation ? Les insurgés sont aux portes de Tripoli, le fief du guide libyen Mouammar Kadhafi. L'offensive menée ces derniers jours par la rébellion lui a permis de prendre le contrôle depuis lundi de la ville de Zawiyah située à une cinquantaine de kilomètres de la capitale. Cette victoire semble présager «la fin imminente du régime libyen». C'est en tout cas ce que veulent croire les rebelles libyens appuyés par l'Otan depuis plus de cinq mois déjà. «Nous entrons dans une phase décisive, bientôt nous libérerons tout le Sud. Nous espérons fêter la victoire finale en même temps que la fin du ramadan», a fait savoir Mansour Saif al-Nasr, le représentant à Paris du Conseil national de transition (CNT). «Nos forces contrôlent totalement Zawiyah, qui ouvrira la porte vers Tripoli», a-t-il ajouté. Tout porte à croire donc que les opposants au régime du colonel Mouammar Kadhafi voient déjà le bout du tunnel. Selon le CNT, les insurgés contrôlent désormais aussi les villes de Gharyane et de Sorman. Cependant, les combats se poursuivent toujours sur le terrain entre les forces gouvernementales et les rebelles. Près de 15 insurgés ont été tués mardi dans les affrontements d'après le bilan établi par un représentant de la rébellion. Plusieurs civils ont aussi été blessés par les tirs de mortier dans les zones concernées. Pas de répit également à l'Est où de rudes batailles sont en cours notamment à Bréga, la ville pétrolière que les insurgés tentent d'arracher aux forces du guide libyen depuis plusieurs semaines. Le gouvernement de Tripoli a toutefois démenti le contrôle de Zawiyah par les rebelles assurant que l'armée maîtrisait encore parfaitement le terrain. Selon le nouveau chef du Pentagone Leon Panetta, les jours de Mouammar Kadhafi sont comptés. «Les forces de Kadhafi sont affaiblies. La combinaison des sanctions, des pressions internationales, des forces de l'Otan et du rôle joué par la Ligue Arabe, a été très utile pour aller dans la bonne direction», a-t-il déclaré le 16 août au National Defense University à Washington. Mais les progrès des insurgés ces derniers jours peuvent-ils sonner le glas du régime ? «Nous espérons fêter la victoire finale en même temps que la fin du ramadan». Mansour Saif al-Nasr, représentant à Paris du Conseil national de transition (CNT). Il faut dire qu'en dépit de la situation qui prévaut sur le terrain actuellement, le colonel Mouammar Kadhafi a encore plusieurs cordes à son arc. Il ne sera donc pas fastoche aux insurgés de remporter une victoire finale telle qu'ils le souhaitent. Et même si les défections se multiplient au sein régime, il est encore très difficile d'envisager une probable défaite de Mouammar Kadhafi dans ce bras de fer. Il dispose encore de munitions et d'hommes prêts à aller aux fronts. De même malgré la contestation, le guide libyen a encore le soutien de plusieurs tribus alors qu'actuellement au sein CNT à Benghazi, c'est la division et la discorde qui règnent en maîtres absolus depuis l'assassinat du général Younès Abdel Fatah, l'ex-chef d'état-major de la rébellion. Par ailleurs, des discussions secrètes ont eu lieu entre des représentants du régime libyen et ceux du CNT en Tunisie sous l'égide de l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU. Abdullah al-Kathib a quitté Tunis mardi après une visite de 24 heures consacrée aux discussions avec les deux parties en conflit. Officiellement «il ne s'agit pas de négociation», a expliqué l'émissaire des Nations Unies à l'agence tunisienne TAP. Mustapha Abdeljalil , le président du CNT a également démenti des pourparlers directs avec le régime Kadhafi lors d'une conférence de presse mardi. La Hollande a débloqué cette semaine 100 millions d'euros des fonds libyens gelés sur son territoire pour les mettre à la disposition de l'OMS (Organisation mondiale de la santé) en vue d'acheter des médicaments pour le peuple libyen. «Les sanctions doivent serrer le cou du régime, et non de la population», a déclaré Uri Rosenthal, le chef de la diplomatie néerlandaise. Toutefois, l'initiative est venue de la Banque centrale libyenne qui, étant sur sous le coup de sanctions , a demandé au secrétaire général de l'ONU de dégeler certains avoirs libyens pour venir en aide au peuple libyen, a expliqué Tarik Jasaveric, le porte-parole de l'OMS.