Le nouveau plan d'aide à la Grèce n'a qu'un seul objectif : faire baisser le prix des CDS sur la dette grecque. Ces derniers sont susceptibles d'engendrer une crise plus grave que celle de 2008. Pour le bonheur des pays de la zone euro, le nouveau plan de soutien à la Grèce ne devrait pas permettre le déclenchement du paiement des contrats de couverture contre le défaut de paiement, les CDS (crédit default swaps). En réalité, la question du déclenchement de ces CDS était l'un des rochers que cherchaient à éviter la flotte européenne lors de la mise au points de ce nouveau plan. Selon la Depository, Trust and Clearing Corporation (DTCC), géant mondial des opérations dites post-marché (réconciliation des ordres, compensation, information), le montant net des CDS souscrits sur l'Etat grec aurait atteint la somme considérable de 3,24 milliards d'euros environ au 15 juillet. Les autorités européennes craignaient ainsi le déclenchement d'une crise financière qui s'étendrait en Europe puis au reste du monde. En effet, la faillite de la Grèce menacerait l'Union européenne toute entière. La plupart des analystes craignent l'effet en chaîne d'un défaut de paiement de la Grèce et le compare à un krach équivalant à celui de la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008. Cette contagion pourrait se faire via les banques les plus exposées à la dette grecque. Pire encore. Ces mêmes banques et bons nombres d'investisseurs privés ont pris des assurances contre le risque de faillite «CDS» qui se déclencheraient alors automatiquement. Ce seraient donc ces mêmes institutions financières qui seraient amenées à rembourser ce que la Grèce ne peut pas payer. Le déclenchement des CDS grecs pourrait également être le début d'une attaque spéculative contre les éléments les plus faibles de l'Union européenne. Les marchés risqueraient, en effet, de penser que si la Grèce a pu faire défaut, cela pourrait arriver à d'autres pays. Les taux d'intérêt pour des Etats lourdement endettés comme le Portugal, l'Espagne ou l'Italie pourraient en conséquence exploser. Les banques exposées feraient encore moins de crédits pour compenser la perte de leurs fonds propres. Un climat de défiance généralisé avec la menace d'une onde de choc toucherait alors toute l'économie mondiale. Pour le Maroc, la crise aurait, comme en 2008, divers aspects notamment sur l'immobilier, le tourisme, les rentes du phosphate et les transferts des MRE. En effet, la crise européenne, comme celle des subprimes, pourrait évoluer en crise économique globale et généralisée. Chaque pays subira les contrecoups de cette crise avec des intensités variables, mais aujourd'hui personne ne peut prévoir les conséquences exactes dans un pays précisément. Pour le Maroc, la crise aurait, comme en 2008, divers aspects notamment sur l'immobilier, le tourisme, les rentes du phosphate et les transferts des MRE. Ajoutons à cela un impact majeur : sous le coup de l'aggravation de la crise en Europe, la monnaie unique européenne prendrait une énorme claque. En raison du poids important dont bénéficie cette monnaie dans le panier de devises qui oriente les décisions des autorités monétaires dans la fixation du cours du dirham, ce dernier risquerait de perdre de la valeur. Cela aurait certainement des impacts majeurs sur l'économie marocaine. Bien que le plan de sauvetage européen se soit fait ressentir sur le marché des CDS, il n'a pas réussi à faire plier les spéculateurs. Le coût de l'assurance contre un éventuel défaut des pays périphériques de la zone euro a ainsi reculé vendredi dernier au lendemain de la décision des pays de l'UE. Selon les dernières données fournies par Markit, les CDS sur la dette grecque à 5 ans se sont resserrés de 378 points de base à 1 675 pdb. Certes, ce plan a permis de faire baisser le prix des CDS sur la dette grecque, mais ils restent à un niveau très élevé, car le marché parie toujours sur un défaut.