Tenant le haut de l'affiche de plusieurs opus marocains ces derniers mois, Ismael Kanater dit Sam, revient sur sa success story. Entre les Etats-Unis et le Maroc, se dessine un homme passionné et entier. Comment êtes-vous devenu comédien ? J'ai toujours aimé le cinéma. Enfant, mon père m'emmenait déjà voir des films, j'ai le souvenir que mes pieds ne touchaient même pas le sol, alors que j'étais enfoncé sur le siège, fasciné par le défilé d'images qui s'offrait à moi. A l'issue de chaque projection, je racontais les films à mes camarades : je reprenais les dialogues et j'essayais même de reproduire le bruit des effets spéciaux ! J'adorais les « films noirs » américains. Les interprétations de Marlon Brando et Robert Mitchum m'ont fortement marquées. Le temps passant, l'envie de cinéma ne m'a pas quittée et la chose qui s'en approchait le plus, était selon moi, le théâtre. J'ai donc suivi une école de théâtre à Casablanca. Et lorsque j'étais étudiant, j'ai rejoint une troupe de théâtre expérimental aux côtés de Mostapha Zenagui, alors metteur en scène, Khadija Assad et Aziz Saâdallah. Nous avons acheté une voiture et sillonné le Maroc et l'Algérie où nous donnions des représentations théâtrales itinérantes. Nous annoncions nous-mêmes les dates de spectacle avec un porte-voix lors de notre arrivée dans les différentes villes. Puis j'ai joué sous la direction de Tayeb Seddiki. Quand êtes-vous passé des planches au cinéma ? Comme je caressais toujours le rêve de faire une école de cinéma aux Etats-Unis, j'ai pris la décision de m'y rendre. J'y ai suivi, durant quatre ans, l'enseignement du septième art à Road Island School of Design. Après l'obtention de mon diplôme, je suis revenu au théâtre, en jouant dans la pièce Kaligula. Une tournée en Europe a suivi ; le succès rencontré était immense. A mon retour, je me suis installé à New-York et j'ai mis en scène une pièce intitulée «Off Broadway». C'est à ce moment précis que j'ai rencontré un agent artistique qui avait été conquis par cette pièce. Elle m'a ensuite dirigé vers le casting de «Overthere», et j'ai enchaîné le tournage du film 24 Heures, dans lequel j'interprétais le personnage d'un vampire. Parlez-nous de vos rôles dans la production cinématographique au Maroc… A mon arrivée à Casablanca, ma ville natale, le réalisateur Adil Fadeli, m'a proposé de jouer dans un épisode de La Brigade ainsi que dans «A had assadaka». J'ai poursuivi ma collaboration avec Adil et ce court-métrage, Courte-vie, est arrivé. L'idée m'a d'emblée séduit. J'ai également joué dans le film, Mémoire d'argile, La femme écrite et «The End», de Hicham Lasri. Je travaille actuellement à l'écriture de deux scénarios avec un scénariste américain, au sujet de deux longs-métrages. Qu'avez-vous ressenti à la lecture du scénario de «The End», présenté en ouverture du 17e Festival International du Cinéma d'Auteur de Rabat ? Quand il m'est parvenu, je venais aussi de recevoir deux autres scripts. Je suis complètement tombé amoureux du personnage de Daoud ! Et j'ai remercié Hicham de me confier ce rôle. Vous avez assisté à tous les films et à tous les débats durant cet événement. C'est rare de la part d'un comédien… Un festival, c'est une célébration du cinéma et l'occasion de découvrir des films de différentes nationalités, qui n'auront peut-être pas de distributeurs et dont la réalisation a parfois mis des années à aboutir. Il est par conséquent important de suivre un tel événement. Que représente pour vous votre présence active dans la filmographie marocaine ? Un retour aux sources doublé d'une profonde joie. J'aime l'énergie et la créativité des jeunes réalisateurs ici, leur passion débordante. Je me sens en accord avec eux. Que vous inspire votre carrière entre le Maroc et les Etats-Unis ? La preuve que j'ai énormément de chance : je suis un comédien qui a vécu ce qu'il espérait hors des frontières du Maroc, mais également dans son propre pays, aujourd'hui. Quels sont vos projets ? Je travaille actuellement à l'écriture de deux scénarios avec un scénariste américain, au sujet de deux longs-métrages. Il s'agit en effet de deux films de genres différents. Le premier est à mi-chemin entre un film d'action et une histoire d'amour, il sera intitulé L'ange de la mort et se situera entre Casablanca, le nord du Maroc et Los Angeles. Quant au second, Le Cowboy marocain, ce sera un film policier.