La Cour pénale internationale a émis trois mandats d'arrêt international contre Mouammar Kadhafi, son fils Saif al-Islam et le chef des renseignements militaires, Abdullah al-Senoussi. Ils sont poursuivis pour crimes contre l'humanité. Les juges de la Cour pénale internationale ont émis lundi un mandat d'arrêt international contre le régime libyen. Sont désormais recherchés par la justice internationale, le colonel Mouammar Kadhafi, son fils Saif al-Islam et le chef des renseignements militaires, Abdullah al-Senoussi. «Suite aux événements en Tunisie et en Egypte ayant conduit au départ de leurs présidents respectifs, une politique officielle a été organisée au sommet de l'appareil d'Etat libyen pour permettre l'utilisation de la force meurtrière», ont estimé les juges de la CPI. Selon l'instance onusienne installée à La Haye aux Pays-bas, les soldats du guide libyen ont lancé «des opérations à travers toute la Libye contre la population civile qui manifestait contre le régime de Kadhafi» : «Il y a des motifs raisonnables de croire que Mouammar Kadhafi, en coordination avec son cercle rapproché, a conçu et orchestré un plan destiné à réprimer la population qui protestait», a déclaré la juge Sanji Mmasenono Monageng. Que reproche-t-on à son fils Saif al-Islam ? Selon la CPI, Saif al-Islam est implicitement responsable des tueries du régime de son père. «Bien que n'exerçant pas des fonctions officielles, il est le dauphin de Mouammar Kadhafi et la personne la plus influente de son cercle rapproché», a déclaré la juge concernant Saif al-Islam. Il est notamment poursuivi pour crimes contre l'humanité. Le chef des renseignements militaires Abdullah al-Senoussi est, quant à lui, recherché pour avoir mis en œuvre la politique de répression. La Cour pénale internationale a aussi émis des demandes de coopération à l'endroit des Etats. Il faut noter que la CPI n'a pas une force de police pouvant arrêter les suspects, elle ne peut miser que sur la bonne coopération des Etats membres. Cependant, Tripoli ne compte pas se laisser faire. «La décision de la Cour pénale internationale est une couverture pour l'Otan qui a essayé et tente encore d'assassiner Kadhafi », a dénoncé au cours d'une conférence de presse Mohamed al-Gamoudi, le ministre libyen de la Justice. Il a notamment rappelé que son pays n'est pas « signataire du traité de Rome instituant la CPI et ne reconnaît pas la juridiction de la Cour». Pour sa part, le vice-ministre libyen des Affaires étrangères Khaled Kaaim a qualifié la CPI de «tribunal politique au service de la politique européenne et étrangère» : «La Libye réfute catégoriquement la légalité de toute saisine de la Cour par le Conseil des Nations Unies pour un Etat non membre. Nos propres tribunaux traiterons toute violation des droits humains et autres crimes commis au cours du conflit», a-t-il ajouté. Réagissant à ce mandat d'arrêt international contre le clan Kadhafi, le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini s'est dit satisfait de la décision de la CPI. «Cette décision confirme les graves responsabilités du colonel, de son fils et du chef des renseignements militaires», a-t-il déclaré. De son côté, William Hague, le chef de la diplomatie britannique a estimé que «ce mandat démontre jusqu'à quel point Mouammar Kadhafi a perdu toute légitimité et pourquoi il devrait partir immédiatement». Depuis le début du conflit, plus d'un millier de Libyens ont été tués et 650 000 personnes ont fui leurs habitations en raison des violences selon l'ONU.