La ville de Bobo-Dioulasso a subi la colère des militaires dans la nuit du mercredi dernier. Cette nouvelle mutinerie jette un froid sur les mesures prises par le gouvernement depuis le début des tirs en février dernier. La nuit du 31 au 1er juin a été agitée par des tirs de militaires dans la ville de Bobo-Dulasso, jusque là épargnée par les mutineries qui secouent le pays depuis quelques mois. Les militaires du camp Ouezzin Coulibaly sont sortis de leur caserne en semant la peur dans la ville. « Il y a eu des tirs à l'arme légère toute la nuit et même deux coups de canon. C'était la peur car des centaines de militaires étaient partout en ville»,a raconté un témoin. Les militaires se sont aussi livrés au pillage des boutiques. Ce mercredi matin, certains établissements scolaires ont dû libérer les élèves par mesure de sécurité. Quelques dizaines de jeunes ont alors manifesté leur ras-le-bol sur les principales artères de ville pour protester contre cette mutinerie. Après l'accalmie qui a accompagné la formation du nouveau gouvernement en avril dernier, tout le monde pensait que le président Blaise Compaoré, qui a personnellement pris en charge le portefeuille de la Défense, avait la situation en main. Sauf que ces dix derniers jours, sept villes dont la capitale Ouagadougou ont été touchées par la colère des militaires, faisant neuf blessés par balle selon des sources médicales. Dimanche dernier dans la ville de Tenkodogo, les militaires en colère ont tenté de s'emparer des dépôts d'armes de la gendarmerie, mais selon un officier de l'armée, il n'y avait pas d'armes dans ces magasins. Cette nouvelle série de mutineries met les autorités dans l'embarras. « Il y a un chantage de la part des gens qui ont les armes et qui croient que l'Etat n'a pas la capacité de maintenir l'ordre», a déclaré sur RFI le porte-parole du gouvernement, Alain-Edouard Traoré. Un autre membre du gouvernement dénonce «la prise en otage du pays par les militaires». « On a l'impression que les militaires se sont dit que l'Etat est affaibli et qu'ils peuvent tout faire avec leurs armes» a-t-il ajouté. Les Burkinabés s'en remettent désormais à Blaise Compaoré, qui est lui aussi militaire et demandent à l'Etat de prendre ses responsabilités. Reste que « la situation est explosive», car en plus des revendications des militaires, certaines voix s'élèvent au sein de la société civile pour réclamer la fin du régime au pouvoir depuis 1987. S.R.A.