L'argent illustre de façon frappante le récent repli des matières premières. Le métal précieux a enregistré sa plus importante chute depuis 28 ans. Le métal blanc connaît sa plus forte dépréciation depuis 1983. En effet, après avoir atteint de nouveaux sommets, depuis 1980, à 49,50 dollars, le 28 avril dernier, l'argent s'est déprécié de 21,67% pour se traiter jeudi sous le seuil des 40 dollars l'once à 38,77 dollars. Ce mouvement est en réalité le résultat de l'augmentation de la somme minimale demandée par le CME pour prendre position sur le marché des matières premières. En effet, à partir du 9 mai prochain, le dépôt par contrat passera de 11 745 à 21 600 dollars. Ceci a eu un impact sur le comportement des investisseurs, lesquels ont débouclé leurs positions en masse, faisant corriger le marché par la même occasion. «Les autorités boursières l'ont bien compris et ont exigé des spéculateurs de mettre plus de cash pour pouvoir investir sur l'argent. Elles leur a, en somme, demandé d'augmenter leurs marges. De cette manière, l'effet de levier, le fléau des matières premières, a été amoindrie», explique Marc Fiorentino, président d'Euroland Finance. De là, Marc Fiorentino s'interroge. N'est-on pas devant un moyen très simple de réduire la volatilité et l'augmentation des cours des matières premières ? «Aujourd'hui, il est possible de jouer avec un effet de levier de 10 à 20. En mettant 100 euros, il est ainsi possible de jouer avec 1000 ou 2000 euros. Il suffirait de baisser cet effet de levier pour qu'instantanément le cours des matières premières rebaisse». Il ajoute : « Cela devrait sans doute faire réfléchir tous les politiques qui, depuis deux mois, s'efforcent de lutter contre la montée des prix des matières premières alors que nous ne cessons d'observer des records à la hausse ». En effet, selon les premières estimations, l'once d'argent pourrait chuter de près de 14% avant la fin de la semaine prochaine à 34 dollars l'once. Le métal blanc paie clairement son ascension vertigineuse et sa décorrélation entre le marché physique et le papier. En vérité, avant même que la décision du CME ne soit révélée, les analystes doutaient de plus en plus de la capacité de l'argent à poursuivre sa montée en raison de fondamentaux défavorables. «Nous anticipons une correction des prix à court terme, sur fond de volatilité continue», ont ainsi indiqué, la semaine dernière, les experts en matières premières de la banque Standard Chartered. En effet, des investisseurs considérés comme « vedettes » ont pu quitter le navire avant qu'il ne coule. Ainsi, Business Insider a rapporté mercredi que la société de gestion de portefeuille Sprott Asset Management a vendu l'équivalent de 35 millions de dollars du « Sprott Asset Management Silver Trust » la dernière semaine d'avril, soit juste avant la correction. De son coté, Wall Street Journal rapporte que le gestionnaire de fonds commun George Soros a vendu la majorité de ses investissements en argent au cours du mois dernier. Salima MARZAK