Dans la soirée de lundi, au siège de la Primature; gouvernement, patronat et syndicats étaient autour de la même table. La réunion est presque inédite, la dernière en date remontant à fin avril 2003, pour la signature du code du travail. Cette fois, les partenaires sociaux ont paraphé les procès verbaux de la session de printemps du dialogue social. Une première depuis que ce processus a commencé au printemps 2008. La dernière augmentation des salaires, en 2008, a été décrétée par le gouvernement de façon unilatérale. Les centrales l'avait jugée dérisoire alors que le patronat, présidé à l'époque par Moulay Hafid Elalamy, l'avait estimée pénalisante pour les entreprises. Cette fois, chacun des trois partenaires a présenté des concessions pour garantir la paix sociale. Aujourd'hui, la donne a complètement changé. Les fonctionnaires et les agents des collectivités locales en ont tiré grand profit, avec des revalorisations des salaires : 600 DH dès le 1er mai et des augmentations du SMIG de 15 %, échelonnées sur deux phases : 10 % en juillet et 5 % en janvier 2012. «Dans l'ensemble, cet accord se dirige dans la bonne direction. Nous sommes conscients que ces acquis ne répondent pas totalement aux revendications des salariés, mais c'est un premier pas qui devrait être consolidé et accompagné dans un avenir très proche, par d'autres mesures», déclare au Soir échos Mohamed Yatim, le secrétaire général de l'UNTM. «Outre les revalorisations des salaires, cet accord a conclu à la création de fonds de soutien aux travailleurs, leur facilitant l'accès à l'achat de logements avec à la clé, des facilités de crédits», ajoute-t-il. Revisiter l'ICV La session d'automne du dialogue social verra la présentation par les syndicats d'une révision des impôts sur le revenu. «Les centrales proposeront au gouvernement de hisser la barre de l'exonération à 36.000», annonce Mohamed Yatim. A la FDT « la satisfaction est partielle », estime Larbi Habchi. «Le gouvernement a répondu à certaines de nos revendications. Il y a des améliorations des salaires accompagnées de la promotion des fonctionnaires. Notre centrale a signé l'accord en prenant en considération la conjoncture politico-sociale que traverse le pays et les intérêts suprêmes de la nation», argumente-t-il. Au même titre que l'UNTM, la FDT fait de la révision du système sur le revenu, un axe majeur de son cahier revendicatif pour la session d'automne du dialogue social. «Le mode de calcul du taux d'inflation sur l'indice du coût de la vie, a montré ses limites. Il faut une restructuration de la méthode du calcul de l'ICV, de manière à actualiser la base de données de consommations des salariés», souligne Habchi. L'objectif déclaré des syndicats de la révision des systèmes des impôts sur le revenu consiste à opérer une modification des barèmes et une augmentation du seuil de l'exonération pour atteindre 36.000 DH, au lieu de 28.000 DH. Qu'en est-il du privé ? Certes, Mohamed Hourani, le président de la CGEM a apposé sa signature à l'accord du 26 avril, mais elle ne signifie pas pour autant que les travailleurs de ce secteur puissent bénéficier des mêmes avantages que leurs homologues de la fonction publique. «La FDT comprend les contraintes objectives que connaît le privé, notamment le tourisme et la confection», estime Larbi Habchi. «Le patronat a demandé que l'augmentation du SMIG de 15% soit échelonnée sur trois au quatre tranches», poursuit-il. Même son de cloche à l'UNTM, «le gouvernement n'est que le garant de ces procès verbaux, c'est aux patrons des entreprises et des syndicats que reviennent la tâche de conclure des accords collectifs», estime Mohamed Yatim. La signature de ces procès verbaux n'a pas mis un terme à la série des grèves sectorielles. Celles-ci se poursuivent inlassablement, avec à la clé des débrayages et des sit-in à l'Enseignement, l'Intérieur et la Santé.