Le solaire. Voilà une source d'énergie illimitée. Sur cette question, on serait tenté de croire que le Maroc, en lançant le plan solaire marocain est en train de faire l'essentiel en la matière. La question est de savoir s'il faut s'en contenter. Au sein de la délégation d'entreprises américaines en visite d'affaires au Maroc, du 30 mars au 1er avril 2011, l'industrie américaine du solaire figure en bonne place. Et pour cause, le Maroc compte parmi les régions les plus ensoleillées à travers le globe à l'instar de toute la région MENA, considérée comme une véritable oasis énergétique. Conditions inexistantes d'un marché viable Pour Bryan Ashley, Directeur Marketing de la société Suniva, spécialisée dans la fabrication de cellules photovoltaïques, « les conditions pour pérenniser un vrai marché intérieur du solaire au Maroc restent à trouver». L'idée qu'il défend est similaire à ce qui est prêché par les structures de coopération allemandes présentes au Maroc. Il faut permettre l'accès à cette industrie dans toutes ses composantes aux petites et moyennes entreprises, en mettant le référentiel légal adéquat, les structures de formation et d'innovation aptes à favoriser un développement à grande échelle du solaire : « En somme, il faut un environnement business viable pour jouer la carte de l'attractivité des investissements directs étrangers», poursuit Ashley. Pour lui, continuer à taxer à hauteur de 20% l'industrie solaire est contre-productif pour le secteur au Maroc. Des applications pratiques des petites capacités en PV peuvent servir dans des projets d'irrigation , fournir des zones rurales enclavées ou servir dans les installations hybrides ou industrielles, à l'exemple des capacités de production d'électricité éolienne installées par certaines entreprises industrielles marocaines. Voici quelques arguments qui suggèrent l'hypothèse inverse qui soutient qu'il faut regarder au delà de MASEN et au-delà du «thermonucléaire» ou CSP. Autrement dit, il faut favoriser le développement des petites capacités de production électrique par les PME marocaines et encourager l'éclosion d'une vraie industrie locale du photovoltaïque. Trois arguments tranchent la question. D'abord, sur le plan technologique, les avancées réalisées depuis 2008 ont fait fondre de plus de 40% les coûts de fabrication, ont permis une meilleure production d'électricité de l'ordre de 20% par cellule photovoltaïque, le tout permettant une conversion efficiente de l'énergie solaire directement en énergie électrique. Autre fait plus indéniable, la maintenance se limite dans 99% des cas à enlever la poussière et les saletés qui peuvent s'accumuler sur la surface d'un panneau solaire photovoltaïque. Sans oublier son empreinte carbone qui avoisine zéro. Grâce à cela, «le solaire est devenu le deal énergétique de demain» assure Bryan Ashley. Si bien qu'aux USA, on prévoit un ratio de 35% du solaire dans le mix énergétique américain à l'horizon 2020. En Europe, ces mêmes avancées technologiques ont poussé l'UE à favoriser les conditions pour pérenniser un vrai marché business pour le photovoltaïque. Selon les projections de l'EPIA (Association européenne de l'industrie photovoltaïque), le photovoltaïque devrait couvrir 12% des besoins européens en électricité avec une capacité installée de 390 GW à terme. Ce qui en fera une source d'énergie majeure. Deuxième point, c'est un business qui devrait représenter dans les dix ans à venir plus du cinquième de la production électrique mondiale, un marché estimé actuellement à 2400 milliards de dollars. Troisième argument, les experts au niveau mondial estiment que c'est en développant les petites niches à grande marge que l'industrie entière pourra réellement démarrer. Et ce qui est valable au niveau mondial l'est aussi pour le Maroc. L'équation maghrébine du solaire Bryan Ashley a également évoqué une perception différente qui s'est dégagée de sa visite pour la Tunisie avec la même délégation quelques jours auparavant. « La Tunisie a résolument pris la voie d'une préparation d'un vrai marché du solaire pour les PME», nous confie-t-il. Pour lui Une révélation qui peut paraître anodine, mais il n'en est rien. Car dans la course régionale que se livrent les pays de la zone MENA dans le domaine du solaire, les places valent très cher et vaudront encore plus dans une optique décennale. En sachant qu'un fil de rasoir sépare les actions pouvant permettre l'implantation réussie d'un vrai business du solaire et celles qui peuvent tout faire échouer.