Lorsqu'on cherchait des cas de toxicomanie dans les écoles, on nous disait qu'il n'y en avait pas. Mais nos prospections nous ont toujours permis d'en découvrir plus d'un, certains même à un stade très grave». Amina Baâji est bien habituée à ce genre de réaction. Présidente fondatrice de l'Association marocaine pour l'écoute et le dialogue (AMED), cette en seignante est consciente que son engagement dans la lutte contre la drogue, surtout dans les écoles, ne sera pas facile. Son obstination a néanmoins trouvé un écho favorable auprès des ONG. Main dans la main, c'est avec l'association Moubadarat pour le développement et la citoyenneté que l'AMED lance, ce mercredi à Khémisset, une caravane de prévention de la toxicomanie. Les enseignants sensibilisés «C'est la première initiative du genre dans la province et plus particulièrement dans la commune rurale d'Oulmès, où parler drogue n'est pas chose acquise», rappelle Souad El Hajji, présidente fondatrice de l'association Moubadarat. Pour affronter ces mentalités à la peau dure, les partenaires ont d'abord préparé le terrain. «Il y a trois mois, nous avons organisé des sessions de formation au profit des enseignants à Tiddas et Oulmès. Les enseignants ont été très assidus, ils y ont participé activement et démontré un réel besoin d'apprendre à faire face à l'élève toxicomane», souligne Souad El Hajji. «L'étape la plus importante et la plus urgente est de donner la parole et une réelle écoute aux victimes de la drogue. Leur permettre de se défouler est en soi une thérapie», précise Amina Baâji. Au programme de la caravane, la projection d'un court-métrage retraçant la vie d'un jeune toxicomane qui a réussi à s'en sortir grâce à son acharnement et au soutien des autres. «Il a été réalisé par Rachid El Ouali pour servir d'exemple aux jeunes que la caravane cible. Nous avons également invité des anciens toxicomanes à témoigner et à partager leur calvaire avec les autres. Des témoignages poignants qui, nous en sommes convaincus, en dissuaderont plus d'un», prévient la présidente de l'AMED. Relation cconflictuelle La caravane aspire également à aider l'entourage du toxicomane. «Nous avons remarqué que la relation entre un élève toxicomane et sa famille est souvent conflictuelle. Cette difficulté à communiquer doit absolument changer pour que la prise en charge se fasse au mieux», affirme Souad El Hajji. Des spécialistes de la psychiatrie, notamment le directeur du centre hospitalier Arrazi, Pr. Jallal Taoufiq, apporte son appui et sa participation à la caravane. Plusieurs autres partenaires, dont le Centre anti-poison et de pharmacovigilance du Maroc, l'Organisation panafricaine de lutte contre le sida, les ministères de l'Education nationale et de la Santé, s'allient à l'initiative. A l'occasion de la caravane, l'AMED inaugurera sa section Oulmès qui sera présidée par Souad El Hajji. Le combat ne fait que commencer !