Le Maroc a pris langue, mardi, avec le parti popular. C'est l'ambassadeur du royaume à Madrid, Ahmadou Ould Souilem qui a assumé cette mission. Le diplomate a été reçu par le leader de la droite espagnole, Mariano Rajoy. C'est la première rencontre officielle entre les deux hommes. Elle intervient après que des cadres du parti popular ont discuté, en février dernier, avec des représentants du Polisario dépêchés en Espagne dans ce qui s'apparentait à une opération d'offensive diplomatique mais qui s'est révélée ensuite un revers cuisant, notamment après le refus du PSOE, au pouvoir, de rencontrer les émissaires de Mohamed Abdelaziz. Entre le PP et le Maroc, les relations sont souvent tendues. A maintes reprises, la direction de ce parti, au demeurant très conservateur, a fait du Maroc une carte électoraliste dont elle use sans scrupules. Le Sahara, les accords de pêche et agricole sont autant de sujets de prédilection du PP pour attaquer Rabat. La réunion Ould Souilem-Rajoy réussira-t-elle à initier les premières bases d'une relation « normale » entre le Parti Popular et le Maroc ? Rien n'est moins sûr. Un communiqué laconique de la direction du PP commentant le discours du roi Mohammed VI, le 9 mars, annonçant une profonde révision de la Constitution, a juste souligné que « c'est un pas nécessaire mais insuffisant ». Un positionnement qui tranche complètement avec celle de José Luis Rodriguez Zapatero. Ce dernier, lors du sommet des Vingt-Sept du 11 mars, n'a pas tari d'éloges sur la teneur du discours royal. Il n'en demeure pas moins que la rencontre Ould Souilem-Rajoy est tout sauf une perte de temps. Le parti popular a de fortes chances de revenir à la Moncloa en 2012 ou avant cette échéance, notamment par le biais d'élections anticipés. Une perspective qui force le dialogue avec cette formation qui, une fois au pouvoir, en dépit de ces divergences criantes avec le Maroc, est appelée à mettre beaucoup d'eau dans son vin. La sacro-sainte règle des intérêts l'exige !