Très actif dans le domaine associatif, Abdeljalil Bakkar, président de l'association «Initiative urbaine» n'agit que sur la redynamisation de Hay Mohammadi. Après avoir transformé un boulevard en terrain de football pour les jeunes, il se lance dans la création d'une crêche où les mères actives pourront laisser leurs enfants en bas âge. Vous Рtes avez transformО un boulevard de Hay Mohammadi en terrain de foot. Racontez-nous cette histoire ! L'idée de construire un terrain de foot à Hay Mohammadi date de la création de l'association en 2002. On avait trouvé un espace qui était malheureusement le lieu d'un conflit entre la commune et une entreprise et nous étions coincés entre les deux. Nous avons détaillé une fiche technique du projet avec ses objectifs. En 2010 une ONG française a visité l'association, dans le but de financer un projet à vocation sportive. Coup de chance, la fiche technique n'attendait que preneur. Il restait certes beaucoup à faire, mais ils ont été convaincus par le projet. Qu'en est-il du lieu inОdit oЭ le terrain de football a ОtО construit ? L'emplacement était un boulevard de Hay Mohammadi sur lequel on voulait construire un terrain de football. Ce boulevard était un chemin anciennement emprunté par les camions d'un grand cimentier, qui ramenaient les grosses pierres de la carrière vers l'usine. Lorsque l'usine a déménagé, le terrain est resté désert et s'est transformé petit à petit en décharge publique. Mais sur une partie du terrain, les jeunes venaient jouer au football, d'où l'idée… N'est-il pas dangereux de les laisser jouer en plein milieu de la chaussОe ? Justement, ils n'étaient pas en sécurité et on a voulu encadrer ce lieu. Je leur ai dit : «Il y a un risque, mais on peut le minimiser». Si on organise ce terrain avec des clôtures, nous n'aurons que deux balles qui sortiront hors du terrain plutôt que quatre. «Initiative urbaine», ce n'est pas qu'un terrain en plein boulevard… Non, bien évidemment ! L'association est dotée d'un centre culturel appartenant à la commune et un futur projet de centre pour les femmes est en route. Lorsqu'on parle de femmes, on tourne toujours autour des mêmes activités : couture, broderie et travail domestique. Nous voulons les aider à s'épanouir autrement. Pourquoi ne parlerait-on pas de création, de modélisme ? L'autre problème que rencontre le quartier est l'absence de crèches. Les mères qui travaillent et qui ont des enfants âgés de moins de trois ans, se retrouvent souvent face à l'obligation de faire un choix. Garder l'enfant, ou aller travailler. Nous comptons ouvrir la première crèche qui accueillerait en premier lieu les enfants de mères actives. Les problПmes de procОdures administratives que vous rencontrez sЮrement ne vous dОcouragent-ils pas ? L'une des qualités du milieu associatif est la patience ! Le but de l'association est de combler les vides, de participer et non de faire le travail à la place des élus ou de l'Etat. On est là pour «aider à faire», on est là comme soutien avec comme point fort la proximité et le dialogue avec les gens, une qualité que n'ont pas toujours les élus. Une fois les difficultés de procédures débloquées, c'est à nous de sauter sur l'occasion. Toujours И Hay Mohammadi ? Oui, je suis né dans ce quartier et j'agis d'abord dans mon quartier. Comme dit le dicton, «celui qui veut nettoyer doit commencer par le pas de sa porte». Le quartier Hay Mohammadi est connu pour être un quartier d'ouvriers et on a envie de le transformer en autre chose. Je suis convaincu que le changement doit passer par l'amélioration des conditions de la femme. Il faut lever les freins qui l'empêchent d'aller travailler, il faut libérer la femme et lui permettre d'aller plus loin dans le développement économique du pays.