Adoptée par de plus en plus d'entreprises dans le monde depuis 2003, la VoIP ou ToIP s'impose de jour en jour comme la téléphonie d'aujourd'hui et de demain. Avec ses 32 millions d'abonnés, aussi bien professionnels que particuliers, ce marché a encore quelque mal à se généraliser au Maroc. Plusieurs freins y sont pour quelque chose. Depuis avril 2004, les entreprises marocaines ont officiellement la possibilité d'utiliser la téléphonie IP (ToIP). Bien que l'Agence nationale de régulation des télécommunications (ANRT) ait réservé au début ce droit aux seuls opérateurs télécoms détenteurs d'une licence, elle a élargit le cercle des entreprises «éligibles» à la téléphonie via Internet aux centres d'appels et autres entreprises disposant de leurs propres réseaux privés. La téléphonie via internet présente plusieurs avantages. Il y a tout d'abord celui de la gratuité des appels intersites pour les entreprises qui en disposent de plus d'un. A cela s'ajoute celui de la possibilité pour les entreprises de choisir un ou plusieurs numéros de téléphones internationaux, dans un ou plusieurs pays. D'un côté, cette option permet à ces entreprises de rester joignables car leurs clients dans les pays où les numéros de téléphones ont été réservés peuvent les joindre sans craindre de se ruiner au téléphone. De l'autre, les entreprises ont accès à un service de facturation au prix d'une communication locale, pour une centaine de pays dans le monde. En effet, le coût des télécommunications peut être radicalement réduit (jusqu'à 75%). Les dépenses de maintenance pourraient être réduites de 50 à 60 % du fait que la VoIP n'utilise que 10 % de la largeur de bande qu'il faut pour un appel RTCP. Très pratique pour les structures souhaitant opérer de vastes campagnes de prospection dans des pays où elles ne se sont pas encore réellement installées. Au Maroc, tous les observateurs s'accordent à dire que la tendance est évolutive. Il existe aujourd'hui au Maroc une multitude de fournisseurs de produits et services de téléphonie IP. Si les produits peuvent être payés en monnaie locale, les services, eux, et spécialement ceux liés à la terminaison d'appels, sont payables en euros. S'il est aujourd'hui difficile d'avancer, avec le minimum d'exactitude admissible, des chiffres sur le marché marocain, ceux du marché mondial donnent une idée sur le développement phénoménale de cette nouvelle tendance. Nouveau tournant Le nombre de lignes fixes et mobiles a quadruplé en 10 ans dans le monde entier alors que selon les prévisions, la croissance du secteur de la téléphonie numérique pour les années à venir devrait dépasser ce chiffre, pour atteindre 267 millions d'utilisateurs VoIP dans le monde entier d'ici 2012, par rapport à environ 38 millions en 2006. Les recettes mondiales d'IP PBX (IP private-branch exchanges), de passerelles VoIP, de commutateurs logiciels, de services d'application de la VoIP, de téléphones et d'adaptateurs IP représentent 9,7 milliards USD en 2010. Le constat est donc simple : depuis l'invention du téléphone par Alexander Graham Bell en 1876, il n'y a pas eu de transformation d'une telle ampleur dans nos habitudes de communication. Un jour, tous les foyers utiliseront la téléphonie par Internet. Mais pour le moment les particuliers devront encore patienter au Maroc. En «libéralisant» partiellement l'accès à cette technologie, l'ANRT marqua à l'époque un tournant dans le développement d'Internet au Maroc. La transmission de la voix sur Internet a donc commencé à s'installer dans les grandes entreprises du pays (banques, grands groupes, ministères, …), leur permettant ainsi de réaliser de substantielles économies sur leurs factures de téléphone. Mais aujourd'hui, cela ne suffit plus. Le spectre des bénéficiaires de cette tendance devrait (et aurait dû) s'élargir davantage en incorporant les particuliers à l'image de ce qui s'est déjà fait en Algérie. Depuis le mois d'avril 2005, l'ARPT (Autorité de régulation de la poste et des télécommunications) attribue des autorisations (et non des licences) aux opérateurs privés pour commercialiser les services de voix sur IP (VoIP). Ainsi, ces opérateurs peuvent concurrencer l'opérateur historique «Algérie Télécom». Ceci rend le marché algérien très concurrentiel et fait le bonheur des clients. L'économie du Maroc passe aussi par la communication, libéraliser les télécoms et adopter cette technologie à l'échelle des particuliers pourrait accélérer ne peut être que bénéfique.