Ce n'est pas la première fois que vous vous produisez au Maroc. Vous connaissez donc un peu plus le public d'ici ? Je suis venu plusieurs fois ici. J'ai fait un concert à Fès, Essaouira, Marrakech, Rabat,… et j'ai participé à de nombreux festivals. J'adore tout simplement le public marocain ! La plupart des chansons de Youssou'n Dour sont en wolof et très peu en français et en anglais. Pourquoi ce choix? Je pense que l'on est toujours plus à l'aise avec sa langue. J'ai des chansons en français et en anglais mais je trouve que je chante mieux en wolof. De plus, avec l'avènement des nouvelles technologies, le public du monde entier peut comprendre mes paroles. La carrière de Youss'n Dour a été marquée par plusieurs collaborations célèbres dont notamment avec Neneh Cherry. Comme vous connaissez le public marocain et la musique marocaine, y auraient-ils des rencontres musicales qui vous sembleraient intéressantes ici ? Je n'ai jamais vraiment eu un planning pour les collaborations. Cela se fait au gré des rencontres. Ceci dit, il est vrai que j'apprécie les sonorités de cette région du sud du Maroc qui se caractérise par des connotations blues. C'est une musique qui m'intéresse énormément donc pourquoi pas une collaboration finalement ? Une collaboration ce n'est pas seulement faire un disque ensemble. Et dans ce sens, c'est un peu déjà fait. Je suis monté sur scène avec les gnawas à Essaouira. Une expérience magnifique que je voudrais réitérer. Au-delà du musicien, Youssou'n Dour est aussi comédien et acteur… Non ! Je dis non parce qu'en réalité j'ai joué que dans un seul long métrage, «Amazing grace», réalisé en 2005. Un film engagé qui retrace l'abolition de l'esclavage en Angleterre. J'y jouais le rôle d'un ancien esclave. J'ai voulu y participer car le contenu me touchait extrêmement. Par la suite, j'ai joué dans «I bring what I love» qui sort bientôt en France. Un film qui parle de ma religion et de l'album «Egypte» que j'ai sorti en 2005. Quant à «Retour à Gorée», c'est plus un documentaire qui parle de musique. Et pour le dessin animé Kirikou ? Je n'ai pas joué dans Kirikou mais j'ai composé la musique du film et c'est une très grande fierté ! Vous êtes également patron d'un grand groupe de presse, Futurs-Médias. N'est-ce pas ? Oui, effectivement même si je n'aime pas vraiment l'appellation de patron de presse car je ne suis pas journaliste et je n'interviens pas dans la ligne rédactionnelle. Futurs-Médias est le groupe de presse n° 1 au Sénégal. Il est composé du journal L'Observateur (Sénégal), quotidien le plus lu au Sénégal (ndlr : tirage 60.000 exemplaires), de la Radio Futur Média (RFM), et bientôt la TFM, une télévision qui sera bientôt lancée. Est-ce que la vie d'artiste vous permet encore de gérer un tel groupe ? C'est très simple. Avec ce groupe de presse, j'ai surtout voulu créer des emplois au Sénégal. J'ai connu un succès planétaire, j'ai commencé à gagner de l'argent et je me suis dit qu'il me fallait à mon tour créer des emplois. C'était là ma première motivation. En deuxième temps, je voulais également participer à l'équilibre de l'information. Par conséquent, j'ai engagé des professionnels pour cela et je ne les consulte qu'une fois tous les trois mois. Chose qui me laisser vaquer à ma passion…Sauf quelques fois. Quand il y a des problèmes avec des articles, cela me retombe sur la tête car on me dit c'est ton journal ! Vous ne vous impliquez pas du tout dans le contenu ? Non. On me le reproche souvent mais c'est ma vision des choses. Tant que je suis occupé avec ma musique, le groupe est tranquille. Donc, il vaut mieux que je me consacre à ma passion…