Le médicament, commercialisé également au Maroc, fait scandale aux Etats-Unis et en France. 1.200 plaintes ont été déposées contre ce médicament du laboratoire Pfizer, utilisé pour arrêter la cigarette. Nouveau scandale médical. Champix, médicament du laboratoire Pfizer utilisé pour le sevrage tabagique, est accusé de provoquer «des troubles psychologiques et neurologiques». La presse aux Etats-Unis où le scandale a éclaté parle de «trous de mémoire, tentatives de suicide… certaines personnes seraient même passées à l'acte». Près de 1.200 plaintes ont été déposées au Tribunal fédéral de l'Alabama contre le laboratoire pharmaceutique, rapporte l'Agence française de presse. Champix, commercialisé également au Maroc au prix de 400 DH la boîte, a été autorisé sur le marché américain en 2006, sous le nom de «Chantix», et en France en 2007. Le principe actif du produit incriminé est la varénicline. La Food and Drug Administration (FDA), le gendarme du médicament au pays de l'Oncle Sam, a déjà exprimé ses inquiétudes quant aux effets secondaires de la varénicline notamment la survenue de «pensées suicidaires et de comportements suicidaires occasionnels», sans toutefois l'interdire sur le territoire américain. En France, le médicament fait l'objet d'un suivi attentif de pharmacovigilance. Près de 200 cas suspects ont été enregistrés, rapporte l'AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé). En 2008, l'agence française a mis en garde contre certains signes visibles, notamment «des comportements dépressifs et suicidaires». Elle a même recommandé dans une note d'information datée 8 juillet 2008 l'arrêt immédiat du traitement en cas d'agitation, d'humeur dépressive, d'idées suicidaires ou de modifications du comportement. Le médicament fait toujours l'objet d'une surveillance accrue en France. Qu'en est-il au Maroc ? C'est le silence radio pour l'instant. Nos experts de la pharmacovigilance sont aux abonnés absents. Alors que la polémique autour du Champix bat son plein aux Etats-Unis et en Europe, au Maroc, la question semble n'intéresser personne. Ni les scientifiques ni l'autorité de tutelle, pourtant le médicament est mis en vente dans nos pharmacies, et sans ordonnance. Le mutisme du ministère de la Santé ne surprend pas. L'affaire du Médiator en témoigne. Le département de Yasmina Baddou n'a même pas dépêché une enquête pour évaluer les dommages de ce médicament sur les patients et déterminer le nombre des victimes au Maroc. Aucune action n'a été entreprise pour dédommager les victimes. Pis encore, ce médicament fabriqué par le laboratoire Servier n'a été interdit du marché qu'en 2009 alors que les alertes des experts au niveau international ont été lancées en 1998, année à laquelle la Suisse avait décidé de retirer ce médicament de la vente dans ses officines. L'Espagne décide du retrait en 2003. L'Italie fait de même en 2004. Pourquoi le ministère de la Santé a-t-il attendu jusqu'en 2009 pour prendre cette décision ? «Car la France en a décidé ainsi. Le Maroc s'aligne toujours sur les décisions de la France», ironise un professionnel. Une question s'impose : quelle sera la réaction du ministère de la Santé vis-à-vis du Champix ? Certes, le médicament n'est pas encore interdit de vente dans l'Hexagone. Toutefois, il fait l'objet d'une surveillance de pharmacovigilance intense. Il faut noter que ce nouveau scandale médical intervient alors que l'affaire du Médiator, médicament destiné aux diabétiques en surpoids et largement détourné comme coupe-faim, n'est pas encore close. Elle suscite toujours débat. Surtout après les propos tenus par le patron du laboratoire Servier. Ce dernier avait déclaré que Médiator n'avait fait «que trois morts». Le laboratoire pharmaceutique rectifie après le tir. Il admet, en partie, le danger que représente ce médicament pour la santé des patients. La directrice générale du laboratoire reconnaît que le Mediator a pu présenter un vrai risque pour certains patients. «Si le Médiator a provoqué la mort de trois personnes, c'est déjà trop», renchérit-elle, rapporte la presse française. Par ailleurs, la justice française a ouvert une enquête sur ce médicament soupçonné d'avoir provoqué le décès de 500 personnes. Autre coup de massue, les caisses d'assurances maladie exigent du laboratoire Servier le remboursement «des sommes qui auraient été prises en charge à la suite de problèmes consécutifs à la consommation de Médiator».