L'économie marocaine devrait enregistrer un taux de croissance de 5,3% en 2009. C'est ce qu'indique le ministère de l'Economie et des finances dans sa toute dernière note de conjoncture relative aux résultats de l'année 2009. Cette performance attendue dans une conjoncture mondiale défavorable résulte de la demande intérieure, encouragée par la hausse des revenus des ménages ruraux suite à une campagne agricole record, du soutien de l'Etat au pouvoir d'achat (réduction de l'impôt sur le revenu) ainsi que la poursuite de la croissance des crédits à la consommation (+18% à fin décembre). Pour sa part, le budget de l'Etat ressort en déficit de 2,2% par rapport au PIB, soit de 15,9 milliards de DH, contre un excédent de 0,4% du PIB en 2008. La direction du Trésor et des finances extérieures explique ce résultat par la hausse des dépenses d'investissement de 22,8% et la baisse des recettes fiscales de 9,1% à 15,2 milliards de DH, particulièrement des impôts directs (-22,5% des recettes au titre de l'impôt sur le revenu et -6% pour l'impôt sur les sociétés). Or, les dépenses globales du Trésor se sont accrues de 3,7 milliards de DH à 198,5 milliards. Et ce malgré une baisse des charges de compensation à 12,8 milliards DH, contre 31,5 milliards un an auparavant. La croissance des dépenses du Trésor s'explique par la hausse des dépenses de fonctionnement de 13,5% à 121,8 milliards de DH, due notamment à un accroissement de 7% de la masse salariale. En revanche, les charges en intérêts de la dette ont diminué de 4,2% à 17,5 milliards de DH, sous l'effet «exclusivement des intérêts sur la dette intérieure au moment où ceux sur la dette extérieure sont quasiment restés stables (+0,7%)». Notons, à ce niveau, que le service de la dette extérieure en 2009 a baissé de 36% à 7,8 milliards de DH. Et c'est l'encours de la dette intérieure du Trésor qui a augmenté de 3,5% à 266,5 milliards. La croissance des dépenses du Trésor s'explique par la hausse des dépenses de fonctionnement de 13,5%, due notamment à un accroissement de 7% de la masse salariale En gros,la réduction du ratio de la dette totale du Trésor par rapport au PIB se poursuit. Le taux d'endettement du Trésor a été ramené de 47,3% en 2008 à 47,1% du PIB en 2009. Côté marché financier et monétaire, le plus important à retenir dans cette note de conjoncture c'est que le marché monétaire a été caractérisé durant l'année écoulée par le rétrécissement des trésoreries bancaires suite à la baisse des avoirs extérieurs et l'augmentation de la circulation de la monnaie fiduciaire. Ce qui a poussé la Banque Centrale, pour rappel, à réduire le taux de la réserve monétaire de 12% en début d'année à 8% au 1er octobre 2009. Quant aux crédits bancaires à l'économie, ils ont connu une hausse de 49,4 milliards de DH, résultant principalement des crédits à l'équipement (+ 29,1%), des crédits immobiliers ( +12,8%) et des crédits à la consommation (+18,8% ). Contrairement aux prévisions du FMI, les créances en souffrance ont reculé en 2009 de 187 millions de DH pour se situer à 30,9 milliards. Le marché boursier, lui, a évolué globalement à la baisse (- 4,9% pour le MASI et - 6,6% pour le MADEX ). Sur le plan économique global, la croissance du secteur primaire, souligne la note, pourrait atteindre 24% en 2009 contre 16,6% en 2008. Les activités non- agricoles, enregistreraient, elles, une croissance modérée de 2,7% en 2009, résultant, essentiellement, du recul de d'activité du secteur secondaire. Celle-ci «devrait accuser une régression pour la première fois pendant la dernière décennie», principalement des secteurs des mines et des industries de transformation «suite à la forte baisse de la demande mondiale adressée à notre pays». La production de phosphate a en effet baissé de 29,1% par rapport à 2008, à 18,3 millions de tonnes, de même que le chiffre d'affaires de l'OCP (-63,6%). La consommation de l'énergie électrique a augmenté de 4,2%. A ce niveau, il faut signaler que les importations de l'ONE en provenance de l'Algérie et de l'Espagne ont augmenté de 8,7%. Côté investissements et prêts privés étrangers, les recettes ont baissé de 26,1% soit 9,2 MMDH. Quant aux recettes du secteur touristique, elles ont atteint, pour rappel, 52,8 milliards de DH en baisse de 5%. La note indique enfin le déficit du compte courant de la balance des paiements de 4,5% «pour la deuxième année consécutive après 6 ans d'excédent». Les effets du Comité de veille Selon le ministère de l'Economie et des finances, la conjoncture mondiale difficile a impacté surtout les canaux macroéconomiques indirects de l'économie marocaine. La crise a en effet engendré la baisse de la demande étrangère adressée à notre pays, les transferts des MRE ainsi que des flux de capitaux. Le Comité de veille a été mis en place pour proposer de mesures de soutien pour aider les entreprises concernées, sauvegarder l'emploi, inciter à la promotion et la prospection, et puis consolider les transferts des MRE et des recettes touristiques. Grâce aux actions de ce comité, souligne la note de conjoncture, il y a eu des améliorations au niveau de la croissance de quelque secteurs, comme des recettes touristiques et des transferts des MRE qui sont passés respectivement de –21,6% et –14,6% à fin mars 2009 à –5% et à -5,3% à fin décembre 2009. Cette amélioration a également touché les secteurs exportateurs touchés par la crises (textile, cuir, équipements automobiles et électroniques). La baisse des exportations (hors OCP) a ainsi reculé à 10,7% à fin décembre 2009, contre 21,9% à fin mars.