«Les mécanismes de fonctionnement du Parlement européen sont lourds et complexes, c'est ce qui explique en grande partie la légèreté avec laquelle la dernière résolution a été traitée». «Nous avons mené un maximum de contacts en moins d'une semaine. Cela a permis de modifier substantiellement les premières versions de la résolution». Le 25 novembre dernier, le Parlement européen s'aligne sur les positions du Polisario et condamne le démantèlement pacifique du camp Gdeim Izik. Une résolution qui a remis sur la scène la question de l'existence même d'une quelconque influence de la diplomatie parlementaire marocaine sur les eurodéputés. Dans cet entretien, M'Barka Bouaida, députée RNI et membre de la Commission parlementaire mixte, revient sur cette résolution et sur l'action des députés marocains au sein d'une institution réputée pro-polisatrio. Vous êtes cinq élus marocains (2 députées et trois conseillers) autorisés à suivre les débats au Parlement européen, comment qualifiez-vous cette mission ? Suite à la réunion de la CPM (Commission parlementaire mixte) -côté marocain- tenue le 15 novembre dernier à Rabat, nous avons décidé qu'il fallait une présence forte et continue au Parlement européen. C'est ainsi que les deux membres du bureau sont partis à Bruxelles la même semaine. Ensuite, pour la session de Strasbourg du 22 novembre, nous avons constitué une délégation de 6 membres de la CPM (4 députées et 2 conseillers), en plus du président de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des conseillers pour être sur place, rencontrer les différents groupes et tenir une réunion avec les membres européens de la CPM. Le PE s'est aligné sur les positions du Polisario suite au démantèlement du camp Gdeim Izik, avez-vous mené des contacts afin de convaincre les eurodéputés de la version marocaine ? Nous avons mené un maximum de contacts en moins d'une semaine, à travers tous les groupes parlementaires (libéraux, socialistes, démocrates chrétiens, verts…). Nous avons ciblé notamment les leaders d'opinion et meneurs de troupes au sein du PE. Ils étaient très sensibles à nos arguments, car ils méconnaissaient toutes les réalités. Cela a permis de modifier substantiellement les premières versions de la résolution. Dans ce cas, pourquoi le Maroc peine-t-il à rallier le PE à la défense de ses dossiers ? Vous savez, les mécanismes de fonctionnement du Parlement européen sont lourds et complexes, c'est ce qui explique en grande partie la légèreté avec laquelle la dernière résolution a été traitée. Malheureusement, une minorité nuisible, constituée principalement d'Espagnols de toutes les couleurs, a pris en otage tout le PE.La création de la CPM en mai dernier permettrait à nos deux Parlements, marocain et européen, de mieux se connaître, de mieux communiquer et de partager l'information en temps voulu. Cela aboutirait forcément à un rapprochement des positions, mais c'est un travail de longue haleine que nous venons à peine de commencer il y a 7 mois. Si les cinq élus marocains mènent des actions auprès des eurodéputés, pourquoi sont-ils en mode silence, puisque seules les initiatives des partisans du Polisario sur les dossiers de la pêche ou de l'agriculture ont droit de cité ? La pêche et l'agriculture sont des dossiers toujours en cours de négociation. Le bureau de la CPM a tenu deux réunions depuis sa création au cours desquelles nous avons pris contact avec le ministère de tutelle et partagé les informations en toute transparence. Nous avons émis plusieurs écrits dans ce sens, et proposé même des actions plus concrètes, comme des journées d'études ou des visites sur place pour mieux connaître la région. Dans vos actions, est-ce que vous coordonnez avec le département de Fassi Fihri ? Nous interpellons le ministère des Affaires étrangères lorsque nous considérons que cela est nécessaire.