+ Une journée d'étude sur «Nutrition et cancer» a été organisée samedi dernier à Rabat. L'assistance nutritionnelle des cancéreux contribue à leur traitement. Au moins 30% des cancers ont pour origine le mode alimentaire. Le Saviez-vous ? De 10 à 60% des cancers sont associés à une dénutrition. Pas moins de 21% des cancéreux perdent plus de 10% de leur poids initial. Anorexie centrale, satiété précoce, troubles du goût et de l'odorat… des effets mécaniques de la tumeur auxquels s'ajoutent les effets secondaires des traitements anticancéreux (malabsorption, dépression et douleurs) aboutissent logiquement à la dénutrition. Cette dernière est de plus en plus fréquente au cours des néoplasies (tumeurs) du tube digestif proximal avec 49,5% ou bien des cancers de la tête et du cou avec 45,6%. Dans certains cas, cette dénutrition engendre des complications infectieuses et augmente la charge de morbité. Raison pour laquelle, l'assistance nutritionnelle des patients souffrant de cancers devient une urgence. Le Maroc y réfléchit très sérieusement et c'est d'ailleurs à cette fin qu'une journée d'étude «Nutrition et cancer» a été organisée samedi 11 décembre à Rabat. Initiée par la Société marocaine de nutrition (SMN), cette rencontre a réuni des experts pluridisciplinaires afin d'étudier de très près les moyens d'offrir une meilleure qualité de vie aux cancéreux. Le Maroc veut s'enrichir de l'expérience étrangère, notamment dans des hôpitaux français afin de tracer les lignes d'une stratégie d'accompagnement nutritionnel. «Notre but, c'est de bâtir un terrain et pas seulement à ce niveau, mais aussi pour vulgariser l'éducation nutritionnelle auprès du grand public», affirme le Pr. Rekia Belahsen, directrice de l'unité de formation et de recherche en nutrition et sciences de l'alimentation à l'Université Chouaïb Doukkali. Membre actif de la SMN, cette experte a tenu à rappeler le lien indissociable entre alimentation et cancer: «Avec l'ouverture sur les pays occidentaux, l'industrialisation et la sédentarité, l'obésité se développe énormément». Au Maroc, le taux d'obésité atteint 13,3 % Des études épidémiologiques attestent que l'un des facteurs de risque les plus importants reste l'obésité. Elle serait à l'origine du cancer du foie dont le risque est multiplié par 4,5 chez les hommes dont l'indice de masse corporelle se situe entre 35 et 40 (obésité sévère). Plus que cela, l'obésité favoriserait aussi le sur-risque de cancer du pancréas, du système digestif et des reins. Au Maroc où le taux d'obésité atteint 13,3%, il y a lieu de s'inquiéter, d'autant qu'au moins 30% des cancers sont liés à une alimentation malsaine. Seul 15% des cancers proviennent d'une origine génétique. Le reste est développé, probablement, par les habitudes quotidiennes, dont il faut se défaire par une éducation nutritionnelle. La journée d'étude de la SMN a consacré toute une session à ce sujet en vue de permettre aux experts de proposer les ingrédients d'une bonne recette: accompagnement des malades et éducation des citoyens. Pour le Pr. Jaâfar Heikel, c'est un sujet qu'il affectionne particulièrement. Intervenu à plusieurs reprises sur nos colones, cet expert international estime légitime aujourd'hui plus que tout autre jour d'adopter une médecine préventive. Consistant à donner des conseils d'hygiène (propreté, diététique, activité physique, ergonomie, prévention des conduites à risque…) et au dépistage des maladies, cette médecine évite les maladies plutôt de les guérir (puisque ce n'est pas toujours possible). Sensibilisation, c'est bien le maître mot de la prescription en médecine préventive. Si les maladies chroniques comme le cancer, le diabète et l'hypertension artérielle représentent 67% de la charge morbide totale des pathologies observées en 2010, le rééquilibrage de l'hygiène de vie risque de devenir un besoin croissant au fil du temps. «Nous n'avons pas vraiment de stratégie d'éducation nutritionnelle», rappelle le Pr. Rekia Belahsen soulignant l'importance des recommandations de cette journée d'étude dans l'élaboration d'une telle entreprise. En attendant, des actions commencent à apporter leurs fruits. Il y a quelques mois, le Pr. Jaâfar Heikel a lancé le premier site web « www.inisan.ma» (rubrique nutriprévention) pour informer le public et développer le concept de la médecine préventive à travers l'éducation à la santé. Destiné aux médecins, entreprises et écoles, ce portail draine une demande croissante. Il sert à ses inscrits des informations fraiches et des réponses personnalisées. Dès l'an prochain, c'est un nouveau projet du Pr. Jaâfar Heikel qui verra le jour : un premier centre de médecine préventive pour assurer des diagnostics précoses et délivrer des conseils d'hygiène adéquats. «La santé n'a pas de prix, mais elle a un coût», rappelle cet expert. Prévenir plutôt que guérir Pratiquer une activité physique de 30 minutes chaque jour. Eviter la surcharge pondérale et être aussi mince que possible en tenant un IMC, indice de masse corporelle, comprit entre 21 et 23 Eviter les boissons sucrées. Limiter la consommation d'aliments à forte densité calorique, en particulier les produits à teneur élevée en sucre ajoutés, ou faibles en fibre, ou riches en matière grasses. Augmenter la consommation de légumes, fruits, céréales complètes et légumes secs : en consommer au minimum 400 grammes par jour. Limiter la consommation de viandes rouges et grasses à 500 grammes par semaine et éviter la charcuterie, les viandes fumées et salées. Limiter la consommation d'aliments salés et de produit contenant du sel ajouté, comme les ships et les cacaouettes par exemple. Ne pas prendre de compléments alimentaires. Sur la liste des aliments anti-cancer figure le thé vert qui diminue les risques de cancer colo rectal, cancer de la vessie et cancer de la prostate. On y trouve aussi le soja qui réduit les risques de cancer du sein et les carottes, protectrices du cancer ORL et les choux et brocolis grâce auxquels on diminue le cancer du sein.