La campagne de lutte contre le cancer du sein bat son plein au Maroc. Prévenir, oui ! Mais avec quels moyens? Un tabou qui disparaît est l'un des baromètres les plus importants du développement d'un pays. Et celui qui entoure le cancer du sein commence à se dissiper au Maroc. Plusieurs spots de sensibilisation à la maladie passent actuellement sur nos bandes FM, en boucle depuis le 12 novembre. C'est en effet la date qu'a choisie l'Association Lalla Salma de lutte contre le cancer (ALSC) pour démarrer sa campagne de prévention et de sensibilisation à cette maladie. Si les grandes affiches qui parent les gares et avenues se démarquent par leur sobriété (représentant des femmes au tee-shirt rose taché), les spots radiophoniques sont, quant à eux, plus percutants. Diffusés en arabe dialectal, ils interpellent directement chaque citoyenne lambda, quel que soit son rang social ou sa situation financière. Le ton est donné : la campagne 2010 ne fait pas dans la dentelle ! Et le jeu en vaut la chandelle, puisqu'au Maroc, ce sont trois millions de femmes qui risquent d'être touchées par le cancer du sein. Leur âge moyen étant de 38 ans. Le trio préventif Lorsqu'il s'agit de prévention contre le cancer du sein, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et les médecins parlent d'une seule voix. Diagnostic précoce, mammographie, auto-examen des seins : le trio permettant d'éviter les risques de contracter ce type de cancer semble être tout trouvé ! Encore faut-il que ces mesures soient appliquées, et que les moyens soient fournis aux patientes. Même lorsque les moyens financiers le permettent, consulter pour une mammographie n'est pas encore un réflexe chez les Marocaines. Quant aux patientes démunies, elles se dirigent vers des hôpitaux publics où les machines sont souvent en panne. Pourtant, l'examen est défini par l'OMS comme «la seule méthode de dépistage aux résultats tangibles». Malheureusement, «le dépistage par mammographie est très complexe et demande d'importantes ressources, et aucune recherche n'a été menée quant à son efficacité dans les pays où les ressources sont limitées». Si le ministère de la Santé a pensé aux soins, en accordant, à l'occasion de la campagne de sensibilisation et de prévention, 90% des médicaments les plus coûteux aux malades nécessiteux, la prévention reste encore le talon d'Achille de la maladie. Quant à l'auto-examen des seins (AES) ou auto-palpation, son utilité n'a pas encore été réellement confirmée. Encouragée dans les spots de sensibilisation en Europe, notamment en France, cette pratique a tout de même l'avantage de responsabiliser la femme face à son corps et aux risques encourus. Cancer du sein : quels sont les risques? Le chiffre donne froid dans le dos : 8 à 9% des femmes développeront un cancer du sein au cours de leur vie. Il est en effet, le cancer le plus fréquent chez la femme et le 2e cancer au monde de par son incidence. Seul fait rassurant, les principaux facteurs de risque sont aujourd'hui connus. Chasse gardée des femmes, 99% des cancers du sein apparaissant chez la gent féminine et 1% chez l'homme. Les autres risques décrétés sont l'âge avancé, les antécédents familiaux de cancer du sein avant l'âge de 50 ans chez au moins deux parentes du premier degré ou encore l'âge à la première grossesse. A l'heure actuelle, des études sur d'autres facteurs de risque environnementaux sont menées, comme le lien avec le tabagisme, le rôle de l'allaitement, le stress, ou encore les traitements hormonaux.