Une nouvelle convention a été signée par la Fondation marocaine de l'étudiant et l'Entraide nationale. Depuis neuf ans, plus de 270 bacheliers issus de centres de protection sociale en ont bénéficié. A présent, les partenaires veulent multiplier les bénéficiaires. On ne change pas une équipe qui gagne. Après neuf années d'une collaboration fructueuse, il était logique pour la Fondation marocaine de l'étudiant (FME) et l'Entraide nationale (EN) de reconduire leur partenariat. Les deux parties ont signé, jeudi 11 novembre au siège de la CGEM à Casablanca, le renouvellement de leur convention dont le but a été depuis toujours d'offrir à de brillants bacheliers pensionnaires d'orphelinats ou de centres de protection sociale des bourses d'étude. 271, dont 53 au titre de l'année universitaire en cours, en ont bénéficié. Profitant d'une dotation financière de 900 dirhams par mois (pour la majorité), ces étudiants ont également droit à une prise en charge totale de leurs frais de scolarité et, dans certains cas, à l'hébergement. «Il est difficile de donner un chiffre annuel précis sur ce que coûte un boursier. L'investissement sur chaque étudiant dépend de son cursus universitaire : l'investissement consenti pour un futur ingénieur (Bac+5) n'est pas le même que pour un technicien niveau BTS (Bac +2)», explique au Soir échos le président de la FME, Hamid Ben Elfadil. Et de souligner, toutefois, qu'en moyenne, l'investissement annuel sur un étudiant varie entre 15.000 et 18.000 DH. A cela s'ajoute la bourse académique offerte par les établissements d'enseignement supérieur privés, qui varie entre 15.000 et 50.000 DH par an, en fonction des formations. «Ce montant englobe la dotation financière, les frais exceptionnels, notre participation aux frais de scolarité dans certains cas (les doubles diplomation notamment), la réserve Emploi (chaque boursier garde sa dotation 6 mois après son diplôme, et les différents frais inhérents à l'activité de la fondation (encadrement, prospection…)», détaille-t-il. Et pour assurer l'intégration professionnelle de ses boursiers, la FME a mis en place un encadrement administratif, pédagogique et humain permettant de suivre la scolarité de chacun d'eux et de favoriser son épanouissement personnel et professionnel. Résultats satisfaisants 70% des lauréats sont, aujourd'hui, autonomes, grâce à une stabilité professionnelle et personnelle. Leur enfance difficile ne fait désormais partie que de leur passé lointain. Et si d'autres encore plus nombreux pouvaient avoir la même chance? C'est ce que souhaitent vivement les deux partenaires qui annoncent d'ores et déjà leur volonté d'atteindre les 1.000 bénéficiaires d'ici 2015. L'ambition, à l'origine même de cette aventure sociale, veut réussir, en cette deuxième étape, à, non seulement, multiplier les chiffres, mais également à améliorer les services rendus à cette catégorie d'étudiants. «Notre ambition est d'offrir l'environnement idéal pour nos boursiers, afin qu'ils puissent se consacrer entièrement à leurs études», tient à souligner le président de la FME. Et cet «environnement idéal» s'articule autour de plusieurs objectifs: «La couverture santé sur laquelle nous travaillons, mais aussi l'hébergement, la mise à niveau linguistique, pas seulement en français, le transport, l'équipement informatique, la recherche de stage, la recherche d'emploi, et pourquoi pas demain les vacances et les loisirs», espère Hamid Ben Elfadil. Ambitions riment avec moyens «Même si l'Entraide nationale reste notre principal bailleur de fonds, il est primordial, pour nous, de diversifier nos sources de revenus afin d'améliorer qualitativement et quantitativement notre offre», reconnaît le président de la FME. Aux entreprises qui voudraient accompagner son projet, la Fondation présente «une formule assez simple: il s'agit d'une collaboration qui permet de garantir un avenir à une pupille de la nation». Plusieurs PME prennent ainsi en charge, un, deux, voire trois boursiers, et contribuent au delà de l'aspect financier, à travers des stages, en faisant participer leurs cadres au mentoring , en participant à l'équipement des étudiants en ordinateur. Des bienfaiteurs privés se joignent également la cause avec des versements mensuels qui peuvent démarrer à partir de 200 DH au grand bonheur de la Fondation. Vous l'aurez compris, le rôle du sponsoring est capital pour le développement de ce projet et la réussite professionnelle des boursiers. «Nos parrains ou mentors donnent de leur temps pour conseiller, orienter et accompagner nos boursiers tout au long de leurs cursus universitaire», affirme ce responsable. Ces parrains, généralement des cadres et des dirigeants d'organisations, se transforment en éclaireurs pour les boursiers qui, en suivant leurs conseils, choisissent plus facilement leur filière et projettent plus clairement leur avenir. «Ils sont là aussi pour remonter le moral parfois, ou assister les étudiants face aux petits pépins de la vie d'un étudiant… au même titre qu'un grand frère, une grande sœur, un parent», précise le président. Le seul problème qui se pose, c'est la rareté de ces parrains en dehors du Grand Casablanca. Pourtant, de plus en plus de boursiers viennent d'autres villes comme Marrakech, Agadir et Rabat. La FME, composée actuellement de quatre personnes, envisage sérieusement sa régionalisation à travers des relais et des partenaires locaux. L'aventure se poursuit! Discrimination positive Les boursiers de la FME sont à majorité masculine. Au titre de l'année 2010/2011, sur les 53 boursiers, on ne compte que 17 filles seulement. Alors, cette année, la FME a décidé de mettre en place «une discrimination positive à l'égard des jeunes filles». Cette politique consiste à présélectionner plus de jeunes filles en allégeant légèrement les critères de moyenne générale au baccalauréat. En d'autres termes, elles sont légèrement favorisées par rapport aux garçons : «Nous sommes, aujourd'hui, à plus de 35 % de filles boursières alors que les filles ne représentent que 27% des bacheliers issus des établissements de protection sociale», justifie le président de la FME, Hamid Ben Elfadil. Et d'estimer que la problématique de la scolarisation des jeunes filles puise ses origines des régions rurales reculées, dès l'école primaire. «Arriver au Bac avec une moyenne élevée est un exploit encore plus remarquable que pour un jeune garçon. Une fois le Bac en poche, ces jeunes filles ont parfois beaucoup de mal à convaincre leur entourage de l'opportunité de poursuivre des études supérieures», regrette-t-il. Pour Hamid Ben Elfadil, permettre donc à une jeune fille dans un établissement de protection social qui décroche le baccalauréat de poursuivre ses études supérieures est «un signal fort qu'on envoie à toutes les pensionnaires pour qu'elles s'accrochent à l'école et à bâtir un projet de vie basé sur la formation et non sur des activités comme le travail domestique ou la prostitution».