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L'Afrique de Gary, l'écrivain deux fois prix Goncourt
Publié dans Le Soir Echos le 12 - 11 - 2010

Cri de protestation d'un humaniste devant le massacre des éléphants, « Les Racines du ciel » roman ample et grave, sorte d'épopée lyrique et polémique, valut à Romain Gary (1914-1980) le premier de ses prix Goncourt en 1956, avant le couronnement de « La Vie devant soi », publié sous le pseudonyme d'Emile Ajar en 1975.
Dans « Les Racines du ciel », Gary explique : « L'islam appelle cela «les racines du ciel», pour les Indiens du Mexique, c'est «l'arbre de vie», qui les pousse les uns et les autres à tomber à genoux et à lever les yeux en se frappant la poitrine dans leur tourment ». Des allusions à l'islam, on en trouve aussi dans « La vie devant soi », dont le héros est le petit Mohammed dit Momo, recueilli par Madame Rosa. Il y a chez Gary un sens du pathétique de l'existence humaine aussi bien que de l'existence animale. Un garde de réserve racontait, trente ans après « Les Racines du ciel « (dans le quotidien parisien « Libération » du 14 août 1985), avoir vu des éléphants saisir avec la trompe leurs propres entrailles pour se vider d'eux-mêmes et en finir avec la douleur. Abattus en masse, pourchassés pour leurs défenses d'ivoire par des braconniers, 80.000 pachydermes disparaissent chaque année en Afrique.
La question pour Gary était de savoir si « l'idée de la «beauté» de l'éléphant, de la «noblesse» de l'éléphant, c'était une idée d'homme rassasié ». Morel, ce Blanc qui lutte pour sauver les éléphants, est accusé à Fort-Lamy d'être en liaison avec les Mau-Mau dont la révolte a commencé au Kenya et de chercher à constituer une légion pour l'indépendance africaine. Romain Gary n'a jamais été avare d'hypothèses baroques prêtées à tel ou tel protagoniste. Ce qui compte, à le lire, c'est la générosité fondamentale qui l'animait. Tandis que la lutte pour l'indépendance mobilise tel homme politique, le vrai héros pour Gary, c'est Morel, l'homme d'une idée fixe : les éléphants. Un vieil instituteur noir objecte donc : « Vos éléphants, c'est encore une idée d'Européen repu ». Cette objection ne laisse pas Morel indifférent. Sa colère souffle contre les trafiquants, les profiteurs cyniques, les accapareurs éhontés qui défigurent et tuent. Et il rencontre même un trafiquant d'hommes : « Il paraît qu'un homme de moins de quarante ans se vend mille cinq cent riyals dans les oasis – au marché de Litz, plus exactement – et qu'un gars bien roulé de quinze ans, avec un anus intact, ça va chercher quatre mille riyals. Chiffres officiels fournis par la Commission de lutte contre l'esclavage des Nations Unies… ». Romain Gary voit l'Afrique comme une proie sans défense . Et d'évoquer « un écrivain américain qui vient régulièrement en Afrique pour abattre sa ration d'éléphants, de lions et de rhinos ». Cette chasse le délivre un temps de son angoisse.
Un reporter américain, ayant entendu parler de l'agonie des troupeaux d'éléphants rendus enragés par la soif et venus se jeter dans l'océan, va rencontrer Morel dont la lutte contre les chasseurs est devenue « vendable » à la grande presse. Romain Gary laisse libre cours à son écœurement et à son espérance. « Les Racines du ciel » ne sont pas un roman à thèse, mais toutes les félonies de l'époque sont convoquées pour être conjurées par la « croisade » de Morel en vue de la sauvegarde des éléphants. Dans tout le Tchad, il acquiert bientôt le surnom d'Ubaba Giva : l'ancêtre des éléphants.
Le cynique journaliste américain Abe Fields sera peu à peu conquis, lui qui croyait que « la disparition de ce pachyderme était inscrite dans l'édification du monde nouveau, de l'Afrique nouvelle, comme dans celle des Etats-Unis d'Amérique ».
L'histoire de l'homme qui voulait que l'on respecte les éléphants s'achève par un procès intenté par l'autorité coloniale à tous ceux qui l'ont aidé. On a vu que le sort des éléphants n'a fait qu'empirer depuis. « Les Racines du ciel » continue aujourd'hui d'exprimer une nécessaire et active inquiétude.
Signalons enfin que la dernière compagne de Romain Gay, Leila Chellabi, est née au Maroc. Dominique Bona, biographe de Gary la décrit « longue et légère comme une danseuse, brune, avec des cheveux bouclés, coupés courts, et un profil de promesse crétoise. En fait de père d'origine turque et de mère bordelaise ». Leila Chellabi a cru bon d'auto-éditer ses ouvrages hélas particulièrement niais, mais ceci est une autre histoire.
Quant au Tchad où se déroulait « Les Racines du ciel » , il a aujourd'hui ses romanciers comme Nimrod (de son vrai nom Nimrod Bena Djangrang), publié chez Actes Sud, et son cinéaste désormais mondialement célèbre, Mahamat-Saleh Haroun, dont le film « 'Un homme qui crie » a reçu le prix du Jury du 63e Festival de Cannes, en 2010.


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