Conçu par le GADEM (voir encadré) avec le soutien de la CIMADE et en partenariat avec la compagnie Dabateatr (voir encadré), celui-ci s'est déroulé dans le cadre de la semaine Dabateatr citoyen sous la forme de deux soirées de sensibilisation, les 02 et 03 novembre (à 20 heures) à la salle Gérard Philippe à Rabat. Un festival dont le principal objectif aura été de faire connaître la situation des migrants, demandeurs d'asile et réfugiés au Maroc mais aussi de permettre la rencontre entre public marocain, européen, et public subsaharien, venus nombreux pour l'occasion. La première soirée, le public a assisté à la projection du film «Sin Palabras» d'Othman Naciri (sortie automne 2009), consacré à la thématique et soulignant l'indifférence à laquelle sont confrontés les migrants au Maroc mais aussi le «possible vivre ensemble». Projection suivie d'un vif débat avec le réalisateur auquel participeront notamment les subsahariens présents dans la salle, eux- mêmes migrants, qui ont souligné la difficulté de leur situation et l'importance de dénoncer et d'informer à ce sujet. «Il n'y a pas de gestion de la question de la migration au Maroc. La seule politique actuellement est sécuritaire et se concrétise par une fermeture croissante des frontières et une augmentation du contrôle de celles-ci» a dénoncé Hicham Rachidi, président du GADEM. Au programme de la deuxième soirée une représentation de Pixote, spectacle de danse et lecture conçu dans le cadre de Dabateatr pour Migrant'scene, mis en scène par Salima Moumni, et impliquant des migrants. Un spectacle alternant lectures de témoignages (dont des extraits du livre Migrant au pied du mur de Yene Fabien Didier), lus par leurs auteurs Judith, Yene Fabien Didier et Mc Mngb et danse avec le jeune capoeriste Yannick Lomboto, lui-même réfugié au Maroc. Une soirée et une représentation fortes en émotions, tant du côté du public visiblement ému, que des comédiens venus témoigner, parfois pour la première fois, de leur vécu. «Nous sommes tous venus pour témoigner de cette réalité, de nos souffrances» a expliqué Yene Fabien Didier «Nous sommes ici depuis des années et rien n'a changé : nous n'avons toujours aucun droit, même pas celui de travailler, juste celui de mendier. Nous n'avons pas choisi d'être dans cette situation et aujourd'hui nous sommes coincés» a-t-il ajouté. Même émotion du coté de Judith, en larmes, qui confie «C'est une délivrance de pouvoir parler de mon histoire et j'espère que ce travail de sensibilisation ne va pas s'arrêter là pour que tous ceux qui ne savent rien de notre situation en prennent conscience. Pour que les gens sachent». Standing ovation et salves d'applaudissements clôtureront la soirée. Rendez-vous pris l'an prochain pour la 2e édition d'une initiative à laquelle on souhaite longue vie…Le Festival Migrant'scene prévoyant d'ailleurs de tenir l'an prochain une édition dans d'autres pays partenaires de la CIMADE et, en plus du Maroc, d'avoir lieu en Mauritanie, au Mali et au Niger.