Fin mardi du Forum international sur le développement humain. L'INDH, un tremplin pour le Maroc dans son bond en avant vers le développement. La fin de la seconde phase coïncidera avec la date butoir des OMD. Par Selma T.Bennani Le chapiteau du Forum sur le développement humain a été démonté, chaque intervenant étranger a rejoint son pays d'origine, et la capitale du Souss reprend peu à peu son activité normale. Au lendemain de la gigantesque manifestation qui a regroupé durant deux journées plus de 1.700 personnalités, l'heure du bilan est donc venue. La fin de la première phase (2005-2010) sonne en effet avec le début de la seconde (2011-2015). A en juger par les déclarations officielles, l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH) est un exemple à la fois au niveau régional et international. Saluée à maintes reprises par les nombreux intervenants étrangers en provenance, pour la plupart, de pays en voie de développement ou de pays émergents, l'Initiative serait donc partie du bon pied. Le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, évoquera une «initiative faite pour et par les Marocains, permettant de rééquilibrer le pouvoir d'achat des citoyens». Dominique Strauss-Kahn, directeur du Fonds monétaire international (FMI), encouragera quant à lui non seulement l'INDH, mais également les autres avancées réalisées par le Maroc. Selon lui, «le chemin emprunté par le Maroc est le bon !». Bon, mais encore long. «Filets de sécurité sociaux, investissements dans les infrastructures et croissance plus innovante» : le trio gagnant du développement selon le directeur de l'instance internationale est encore loin d'être atteint. Unis contre la précarité «L'INDH est réalisée en étroite collaboration avec la communauté : représentants locaux, citoyens, société civile. Tout le monde est mobilisé !». Ces propos de Shamshad Akhtar, vice-présidente de la Banque mondiale pour la région MENA, résument bien la pierre angulaire de l'Initiative lancée en 2005, à savoir : fournir à des personnes défavorisées au niveau matériel, mais dotées de compétences et d'un projet prometteur, un financement leur permettant de les concrétiser. En somme, accorder une chance à ceux qui n'en ont pas. Un coup de pouce bienvenu, dont plusieurs ont su tirer profit. L'éminent sociologue français Edgar Morin rejoint l'importance, pour la pérennité des actions, que chacun mette sa pierre à l'édifice. «Le développement consiste à épanouir son individualité, mais dans un climat de communauté, sinon c'est simplement de l'égocentrisme et de l'égoïsme». Dans des sociétés où l'individualisme tend à se propager au détriment de la solidarité traditionnelle, il est à espérer que la magie altruiste opérera tout de même. Des projets variés Un tour du côté du «village INDH» dressé à l'occasion de la rencontre permet de donner une idée sur les réalités de l'Initiative sur le terrain. Les 16 régions du Royaume y étaient représentées. Confiture de dattes, huile d'olive, fruits exotiques, les projets des régions sont divers, et l'enthousiasme des bénéficiaires est perceptible. Mustapha Elghazouani est l'un d'entre eux : «J'ai ouvert un atelier d'art de verre à Rabat. Nous y formons au travail du verre environ une vingtaine de jeunes âgés entre 16 et 18 ans». Le projet, financé par l'INDH, allie ainsi innovation et pérennité. «Nos jeunes récupèrent du verre cassé et le recyclent pour en faire des boucles d'oreilles, des bagues et autres bijoux qu'ils revendent par la suite». Fier de son idée, Elghazouani exprime sa confiance en l'avenir. «Mon projet fera long feu, j'en suis certain. En plus, on ne risque pas d'être à court de notre matière première que l'on se procure gratuitement : le verre!» Si ce jeune entrepreneur a misé sur l'innovation, nombreux sont les bénéficiaires de l'Initiative qui ont opté pour la fabrication et la commercialisation de produits du terroir. Et la qualité est au rendez-vous ! «Les produits vendus par les petits producteurs et petits exploitants sont réputés pour leur qualité». Ces mots prononcés par Luis Solari, ancien Premier ministre du Pérou, à l'ouverture du Forum, se calquent sur les témoignages récoltés lors de ces deux journées. Plusieurs visiteurs, marocains et étrangers, n'ont pas hésité à sortir leur porte-monnaie pour l'occasion. «Je ne suis là que pour quelques jours. Je tenais à acheter de l'huile d'olive du Maroc, réputée pour sa qualité et son goût. Cet achat me permet à la fois de me faire plaisir et de soutenir un projet prometteur», s'exclame un visiteur belge du Forum. Trop tôt pour juger ? A en juger par les chiffres, les résultats de la première phase de l'INDH sont à la hauteur des espérances. Plus de 22.000 projets ont été financés (grâce à une enveloppe budgétaire de 10 milliards de DH) dans les quatre coins du pays, au profit de cinq millions de bénéficiaires directs. Le défi aujourd'hui est de poursuivre sur la même voie durant la seconde phase du programme, s'étalant sur la période 2011-2015. Défi d'autant plus important que la date d'échéance de cette phase coïncide avec la date butoir de la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Et l'INDH pourrait constituer un bon moyen pour, sinon les atteindre, du moins s'en approcher. A suivre… Si certains s'empressent de crier victoire en décrivant une initiative dénuée de toute face sombre, d'autres sont plus sceptiques. Les critiques recueillies sont nombreuses, et se font le plus souvent en aparté. Plusieurs associations dénoncent le flou qui entoure les critères de choix des projets sélectionnés. D'autres évoquent la nécessité de réaliser le contrôle et le suivi de ces projets. Ceux-ci ne valent rien si leur durabilité n'est pas assurée. Quelles que soient les failles de l'INDH, l'Initiative a tout de même le mérite de permettre la poursuite d'un chantier important, celui d'un pays qui marche d'un pas décidé vers le développement. Comme dit l'adage, «Qui n'avance pas recule». Alors continuons à avancer ! En espérant tout de même qu'un jour, nous le faisions sans boiter. Entretiens Martin Hirsch, président de l'Agence du service civique en France « ça n'est pas la croissance à elle-seule qui résoud les problèmes» « Ce que je trouve intéressant dans l'INDH, c'est, tout d'abord, de prendre conscience que ça n'est pas la croissance à elle-seule qui résoud les problèmes. Autre avantage, elle encourage une multitude d'initiatives locales et pas simplement des programmes tout faits. Et dans le cadre de l'INDH, des bilans réguliers sont réalisés. Les conditions de la pauvreté changent. Dans des pays comme la France, il y a 20 ou 30 ans, les pauvres étaient plutôt les personnes âgées. Ces dernières années, la pauvreté a diminué chez les plus âgés, et elle a augmenté chez les jeunes et les actifs. Du coup, les formes habituelles de lutte contre la pauvreté se sont avérées inefficaces. Certains ont un travail tellement précaires qu'ils n'arrivent pas à sortir de la pauvreté bien qu'ils travaillent. Il est évident que nous pouvons réduire la pauvreté. Quand on ne le fait pas, c'est qu'on ne le veut pas ! Il y a des gens qui vivent sur le dos de la pauvreté, des systèmes économiques qui s'enrichissent sur le dos de la pauvreté. Pourquoi on s'aperçoit que tout coûte un peu plus cher pour les pauvres ? Pendant que les aides au logement ont augmenté, les loyers ont augmenté encore plus vite ! Et les propriétaires se sont enrichis. Edgar Morin, sociologue «Garder des autonomies de développement au niveau de chaque Etat» «Dans le concept de développement, les moteurs sont la technique et l'économie. Celles-ci constituent la locomotive qui entraîne derrière elle des wagons qui sont la démocratie, le progrès, bien-être, santé,… Il viennent donc au second plan, alors qu'ils sont cruciaux ! En outre, on peut dire que les indicateurs pris en compte dans le calcul de l'Indice de développement humain ne sont pas significatifs. Prenez l'exemple de l'instruction. Plusieurs personnes sont très instruites, mais elles ont très peu de qualités morales, et peuvent être égoïstes. Le bien-être matériel, c'est très bien, mais ce n'est pas l'essentiel ! Il suffit de voir dans les pays occidentaux des personnes qui vivent sans problèmes matériels, mais qui ont un mal-être psychologique et moral important. Ils vont consulter des psychiatres, font du yoga, vont voir des marabouts. Aujourd'hui, le problème du développement humain est d'épanouir son individualité, mais dans un climat de communauté, sinon c'est simplement l'égocentrisme et l'égoïsme. Je pense qu'il faut poursuivre la mondialisation, mais dans ce qu'elle a de positif. En même temps, il faut également « démondialiser », c'est-à-dire garder des autonomies de développement au niveau de chaque Etat. Mondialiser et « démondialiser » ne sont donc pas forcément antinomiques. Le ciblage des populations est très important, et l'un des moyens de ciblage privilégié est l'éducation. Seulement, il ne suffit pas de bureaucratiser l'enseignement, il faut le réformer en profondeur. Pour citer Jean-Jacques Rousseau dans l'Emile ou l'éducation, il faut «enseigner à vivre»». Gabriel Nzambila, sénateur du Congo. « L'INDH met l'individu au centre des préo ccupations politiques » Ce forum à Agadir nous permet de nous poser des questions sur ce que nous faisons dans nos pays respectifs. Au Congo, nous avons un programme macro-économique DCRP. Un ensemble de programmes qui tient compte d'un certain nombre d'indicateurs qui devraient nous permettre d'atteindre les Objectifs de développement du millénaire tels que définis en 2005.Comme vous le savez, ce sont des programmes et il est important, grâce à des événements, comme celui-ci, de pouvoir vérifier l'état des lieux en termes de savoir et de savoir-faire pour s'assurer que les stratégies retenues sont les meilleures par rapport aux défis qui sont les nôtres. En ce qui concerne les synergies possibles, elles sont assurément nombreuses. En ce qui nous concerne au Gabon, nous avons décidé de privilégier les infrastructures de base qui sont un élément fondamental de développement économique. Aujourd'hui le Congo est un grand chantier pour permettre l'intégration régionale. A ce titre, les secteurs de l'eau et de l'électricité sont prioritaires, car ils sont des éléments de base dans la lutte contre la pauvreté.pour qu'ils adhèrent à la vision proposée puisque c'est à eux qu'elle doit profiter. Justement, l'INDH met l'individu au centre des préoccupations politiques à travers la politique de décentralisation qui, en transférant la responsabilité au niveau local permet une prise en compte des problématiques de l'individu. Jean François Ndongou, ministre de l'Intérieur du Gabon. «Il existe des synergies que l'on peut tirer de l'expérience marocaine» La pauvreté au Gabon existe comme dans tous les pays du monde et en particulier en Afrique. On la définit comme la situation des gens qui n'ont pas accès à des choses essentielles comme l'eau, l'alimentation, la santé et l'éducation. Nous avons mis en place un certain nombre de programmes avec nos partenaires au développement pour permettre l'accès à l'eau et l'installation des unités sanitaires en milieu rural ainsi que des micro-projets pour générer des revenus. Nous avons également mis en place une assurance maladie qui s'adresse aux actifs mais également aux Gabonais économiquement faibles. Il existe des synergies que l'on peut tirer de l'expérience marocaine. L'idée fondamentale est de prendre en compte l'individu. L'individu, à l'intérieur d'un groupe ou d'une communauté doit définir ses besoins. Ces besoins sont ensuite synthétisés et transmis au niveau décisionnel pour aboutir à des projets concrets en phase avec les attentes exprimées. Sur le terrain, il est important d'accompagner la mise en œuvre en impliquant les acteurs locaux pour qu'ils adhèrent à la vision proposée puisque c'est à eux qu'elle doit profiter. Justement, l'INDH met l'individu au centre des préoccupations politiques à travers la politique de décentralisation qui, en transférant la responsabilité au niveau local permet une prise en compte des problématiques de l'individu. Nadira El Guermaï, coordinatrice nationale de l'INDH « Se poser la question : comment faire pour aller de l'avant ?» Je préfère que l'on parle d'évaluation plutôt que de bilan. On est dans un chantier de règne, un chantier ouvert, et par conséquent on est là pour faire des évaluations d'étapes qui nous permettent de nous arrêter sur nos réussites mais également sur des choses qu'on n'a pas pu réussir. Il ne faut pas contourner les obstacles, mais au contraire de s'arrêter, de les regarder, de les analyser, de comprendre le pourquoi, et de se poser la question : comment faire pour aller de l'avant ? Cette évaluation à mi-parcours est très positive, très prometteuse. Nous souhaitons sortir des chiffres, et laisser les bénéficiaires parler. Parce que l'INDH privilégie, tout d'abord, l'approche participative. Celle-ci consiste à permettre à la population d'identifier ses propres besoins, ce n'est pas à nous d'imposer les projets. Ils parlent de leur vécu, et de leur manière de se projeter dans le futur. L'évaluation nous a permis de relever qu'il y a, à travers les projets, une remise en place de la confiance en soi ; de la dignité humaine. Cette dignité permet à la personne de sentir qu'elle a une identité, qu'elle est une personne à part entière. Ces personnes doivent sentir qu'elles sont comme les autres. La confiance en soi se construit à travers la visibilité d'un projet de vie, personnel et professionnel. Nous souhaitons que la presse nous interpelle, aille réaliser des reportages sur le terrain pour constater la réalité des projets. C'est ça la crédibilité de nos actions ! Mais si en tant que responsable, je viens faire l'état des lieux de nos réalisations, ça n'aura pas la même signification. L'INDH, ce n'est pas des discours de bureau ! L'INDH, c'est le terrain ! Lors de la première phase, un cadrage budgétaire a été arrêté. 10 milliards de DH. SM le Roi n'a pas voulu que l'on demande de l'argent, notamment au secteur privé. Il y a un effet de levier important. Entre 2005 et aujourd'hui, nous avons dépensé 13 milliards de DH, et l'INDH a participé à 8,5 milliards de DH. Et la différence entre les dépenses et les 13 milliards, c'est l'effet levier mobilisé grâce à nos partenaires : associations, collectivités locales, porteurs de projets… Témoignages Fatna Haddou, vit à Boumya Elle a quatre filles et un mari saisonnier. Elle vit dans la région de Boumya, à une soixantaine de kilomètres de Khénifra, l'une des régions les plus pauvres du pays. Vivant principalement de l'agriculture, toutes les familles de Boumya ne sont pas propriétaires terriens et beaucoup travaillent dans les champs de leurs voisins. Les autres, notamment les hommes, partent à la ville, exercer de petits métiers comme marchands ambulants, cireurs de chaussures, pompistes ou mécaniciens pour les mieux lotis. Ces dernières années, à cause de la sécheresse et des mauvaises récoltes, de nombreuses familles de Boumya se sont retrouvées en situation financière critique, dont celle de Fatna Haddou. « J'ai été sauvée par l'Association de développement des femmes rurales» assure-t-elle. Créée par Abderrahim Manat et subventionnée par l'INDH, l'association a réellement changé la vie des femmes bénéficiaires de son programme. Pour commencer, Fatna a reçu cinq moutons, aujourd'hui, elle en possède douze et en fait un commerce qui semble bien marcher. Grâce à l'association, où elle rencontre d'autres femmes, Fatna a également apprit à tisser des tapis. Les femmes mettent leurs économies en commun pour acheter les matières premières puis fabriquent des tapis sur des métiers à tisser et s'apprennent à travailler les unes les autres. «J'ai vendu mon premier tapis au Souk Khmis M'rirt la semaine dernière», raconte-t-elle toute contente avant d'ajouter que les discussions à l'association lui ont également ouvert l'esprit quant à l'avenir de ses filles. «Jusqu'à présent, je ne me rendais pas compte de l'importance de l'école et des études pour mes filles. Aujourd'hui, je les ai placées à l'internat au collège de la ville d'à côté et je suis convaincue qu'après leurs études, elles auront plus de possibilités pour affronter la vie ». A l'association, les femmes sont mises en valeur, écoutées, on croit en leurs projets et on les aide à mettre la première pierre à l'édifice de leurs idées de développement économique et personnel. Imane, 13 ans, collégienne à Tahanaoute «Je me souviens très bien du jour où ma mère a demandé à ma grande soeur de ne pas aller à l'école, de crainte qu'il lui arrive quelque chose sur la route. Ma sœur, qui faisait partie des meilleurs élèves de sa classe a passé toute la nuit à pleurer. Maintenant je comprends pourquoi, c'est très dur de quitter l'école quand on veut réussir quelque chose dans sa vie. Moi, je prends le bus et j'adore ça. Je discute avec mes copines, on est au chaud, c'est bien», sourit la jeune fille. Younès rigole et approuve : «Parfois je devais porter mon vélo à cause de la pluie et les virages de la route étaient très dangereux. C'était un vieux vélo acheté, par mon père, dans le souk mais je passais plus de temps à le réparer pour enfin arriver en retard. Grâce au bus, plus de retard, je ne rate plus mes cours du matin et je ne passe plus ma vie à récupérer des billets de retards au secrétariat. Mais quarante dirhams ça reste un peu cher pour mes parents». Abderrahim Manat, fondateur de l'Association de développement des femmes rurales. C'est après une grande sécheresse que l'idée a germé dans l'esprit de Abderrahim Manat. «En 2006, pratiquement toutes les femmes saisonnières dans les champs ont perdu leur travail, plusieurs époux ont dû aller chercher du travail en ville et leurs femmes se sont retrouvées seules », raconte le fondateur de l'association. «On a d'abord déposé une demande auprès de la préfecture de la région pour recevoir une subvention de l'INDH afin de monter ce projet. Et, chose rare, les choses se sont faites très rapidement et nous avons reçu un premier versement de 100.000 dirhams, avec lesquels on a acheté des vaches et des moutons», s'enthousiasme Abderrahim. La distribution des bêtes pour commencer de petits élevages a été bien reçue par la population féminine locale. «On a distribué les animaux aux femmes les plus dans le besoin, en premier, puis à celles un peu moins et ainsi de suite», explique-t-il. «Plus tard, l'association s'est développée en proposant d'autres métiers comme la couture, la cuisine, le tissage, etc. Les femmes s'entraident, échangent beaucoup de bonnes idées et cela crée une véritable émulation dans une région qui avait du mal à se développer économiquement», conclue le fondateur. Ouzahir, marchand de poissons à Sidi Othmane. Le changement saute aux yeux. En lieu et place de l'alignement bourdonnant de mouches des dizaines de charrettes en bois qui faisaient l'ambiance de Sidi Othmane, des dizaines de mobylettes rutilantes, arborant fièrement des caissons réfrigérés tout blancs. Abdeslem Ouzahir est marchand de poisson ambulant depuis des années. Tous les jours, il poussait sa charrette chargée de merlans, sardines, anchois ou bonite jusqu'au coin d'une ruelle du Maârif. Depuis peu, Abdeslem a pu s'acheter une mobylette à moitié prix grâce à une aide de l'INDH. «La mobylette et le frigo coûtent 130.000 dirhams normalement, l'INDH me l'a vendue à moitié prix, avec facilité de paiement», témoigne le poissonnier, «c'est plus confortable qu'avant, je ne dois plus pousser ma lourde charrette dans les ruelles de Casablanca, sous la chaleur et les klaxons des voitures», ajoute-t-il. «Ca m'a aussi fait économiser le prix du transport. Avant, une Honda me livrait le poisson pour trente dirhams par jour et je tournais ensuite dans les rues. Maintenant je vais acheter mon poisson directement, du marché de Sidi Othmane et je reviens m'installer dans mon petit coin de la rue Ibnou Nafiss. Les clients sont contents, le poisson reste frais et en de bonnes conditions. J'ai même gagné des clients, convaincus d'une meilleure hygiène». Abdeslem, qui vit au Derb Ghallef dans un petit appartement à 1.500 dirhams et qui a deux enfants scolarisés a toujours du mal à boucler ses fins de mois mais vit tout de même mieux. « Bientôt, je n'aurais plus à payer la traite de mille dirhams par mois pour la mobylette. Un vrai soulagement !».