Les travaux du Forum du développement humain, placé sous la Haute Présidence de SM le Roi Mohammed VI, ont pris fin mardi en fin d'après-midi, au terme de deux jours d'intenses débats de haut niveau. Par Omar ACHY Quelque 1700 personnalités nationales et internationales du monde politique, économique et associatif se sont penchés sur l'expérience marocaine de l'INDH, et passé également en revue les meilleures pratiques à l'international pour favoriser le développement humain, une priorité rendue encore plus pressante à cause de la crise économique et son impact sur les pays du sud en particulier. Dans un message adressé au Forum, SM le Roi Mohammed VI a souligné que l'Initiative nationale pour le développement humain est une expérience marocaine, faite par les Marocains et pour les Marocains. "Grâce à sa philosophie novatrice et à sa démarche participative inédite, l'INDH a permis d'accélérer les transformations sociales au niveau des territoires cibles, de garantir les conditions d'une vie digne aux populations et de renforcer leur confiance dans l'avenir. Aussi, et en vertu de son mode de gouvernance innovant, fondé sur la proximité, la participation et la transparence, l'INDH a instauré une simplification dans les procédures se traduisant par une souplesse accrue dans la gestion des politiques publiques", a relevé le Souverain. L'INDH a permis en effet le lancement de plus de 22.000 projets de développement au profit de 5 millions de bénéficiaires, pour une enveloppe budgétaire dépassant les 10 milliards de dirhams, ainsi que la création de plus de 3400 activités génératrices de revenus, générant 40.000 emplois. SM le Roi a toutefois noté qu'"en dépit de ces avancées incontestables, Nous sommes conscient que cette expérience a montré certaines limites qui sont naturellement inhérentes à tout projet novateur d'une telle envergure. D'où Notre volonté d'en assurer le suivi sur le terrain, ainsi que l'évaluation continue, à diverses étapes, en vue d'en améliorer les programmes, de favoriser l'intégration de ses projets et d'éliminer les écueils". Cinq ans après son lancement par le Souverain, ce grand chantier se présente comme l'une des expériences les plus réussies pour hâter la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) fixés par les Nations unies dans l'espoir de faire sortir une large partie de l'humanité des affres de la précarité et de l'exclusion. Le Maroc a mis à profit le Forum d'Agadir placé sous le thème : "Développement humain, l'expérience marocaine de l'INDH ", pour partager son expérience, nonobstant sa jeunesse, de la confronter aux pratiques d'autres pays et de la soumettre aux regards croisés et au débat des éminentes personnalités présentes. Cette expérience a ainsi été passée au crible: ses réussites et ses avancées ont été relevées et ses limites, ses contraintes et ses déficiences soulignées. Un exercice on ne peut plus salutaire à l'heure où le Royaume s'apprête à poursuivre ce chantier Royal pour les cinq années à venir. Parallèlement aux débats, un village de 2.000 m2 a été implanté à la place Al Amal, au cÂœur d'Agadir, pour donner à voir toute l'étendue des projets et des réalisations rendus possibles grâce à cette initiative dans les 16 régions du Royaume. Dans cet espace, ce sont les meilleurs projets sociaux de proximité et les meilleures activités génératrices de revenus de 83 provinces et préfectures du Maroc qui sont présentés. Au chapitre scientifique, une panoplie de thématiques plus que jamais d'actualité a été abordée lors de cette manifestation. Des sujets qui interpellent les différents acteurs des politiques de développement humain, que ce soit au niveau des gouvernements, des associations et des acteurs locaux ou encore auprès des populations concernées. Ces axes se rapportent, entre autres, au développement humain, au développement durable, à l'approche participative, au rôle des régions dans la lutte contre la pauvreté et la précarité, ou encore au partenariat et à l'intégration. Au cours de la première journée des travaux de ce forum, les participants se sont ainsi penchés sur trois grandes thématiques touchant toutes à la problématique du développement humain. La séance inaugurale, présidée par le wali de Bank Al Maghrib, Abdellatif Jouahri, a vu la participation, entre autres, du directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, de la vice-présidente de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Shamshad Akhtar, ainsi que du président de la Banque Islamique de développement, Cheilh Ahmed Mohamed Ali. L'occasion a été propice pour analyser l'effet que peut avoir toute politique de développement humain sur le processus de redistribution des richesses et d'examiner le rapport entre croissance économique et développement humain, notamment en temps de crise. La deuxième thématique, modérée par Mustapha Bakkoury, président de l'Agence marocaine de l'énergie solaire (MASEN) et animée, entre autres, par l'ancien premier ministre du Pérou, luis Solari, s'est attardée sur la relation de causes à effets entre programmes de développement humain et préservation de l'environnement dans le cadre de politiques de développement durable. Quant à la troisième séance, présidée par l'ancien argentier du Royaume, Mohamed Berrada, elle a vu des interventions comme celles de la Secrétaire d'Etat française chargée de la Politique de la ville Fadela Amara, et du ministre d'Etat, ministre de l'Administration territoriale et de la décentralisation du Cameroun, Yaya Hamidou Amara. Les participants y ont débattu, entre autres, des rôles que peuvent jouer les régions dans la lutte contre la pauvreté et la précarité. Poursuivant sur le même élan de débats et d'échanges de haute facture, la deuxième journée du Forum a été réservée à cinq panels d'analyse et de discussion s'articulant tous autour de problématiques de développement humain. Outre son aspect scientifique, le forum du développement humain se veut un carrefour d'échange et de partage des différentes expériences en la matière. Réalisations, méthodologies d'approche mais surtout contraintes et insuffisances ont été passées au crible lors de cette journée. Un premier panel a permis de mettre en exergue deux manières de mener des politiques de développement humain: les programmes ciblés et les politiques universelles, avec la participation de responsables gouvernementaux, dont le ministre délégué chargé des Affaires économiques et générales, Nizar Baraka, ou encore des sociologues et philosophes comme Mohamed Cherkaoui et Edgar Morin. Le deuxième panel a traité de l'approche participative, fondement de base de l'INDH, en tant que facteur de promotion de développement humain. Des acteurs reconnus du mouvement associatif, tant au niveau national comme Noureddine Ayouch, président de la fondation Zakoura-Education, qu'au niveau européen, à l'image de Martin Hirsch, président de l'Agence française du service civique y ont pris part. Le thème du troisième panel est tout aussi important, puisqu'il a trait aux indicateurs de mesure de développement humain. Le Haut commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi, a conduit les débats entre représentants d'ONGs internationales (PNUD, UNICEF...) et experts marocains en la matière. Pour ce qui est du quatrième panel, il a été l'occasion de traiter de l'importance des partenariats en politique de développement humain, avec un accent particulier sur les expériences vécues dans plusieurs pays à l'instar de l'Indonésie, de l'Egypte, de la France, de la République Centrafricaine et du CongoBrazzaville, qui est notamment représenté par Emilienne Raoul, ministre des Affaires sociales, de la solidarité et de l'Action humanitaire. Les activités génératrices de revenus et leur rôle de locomotive de développement des individus et des sociétés ont été au menu du cinquième et ultime panel du Forum, qui a été marqué par la participation de la ministre du Développement social, de la famille et de la solidarité Nouzha Skalli, et du ministre d'Etat, ministre des Mines, de l'industrie, de l'agro-industrie et des PME du Sénégal, Abdoulaye Balde, aux côtés de responsables gouvernementaux et d'experts de Tunisie, d'Italie et de République Démocratique du Congo. Au cours des deux jours du Forum, ce sont les expériences du Maroc mais aussi de pays dans les quatre coins du monde qui ont été passées à la loupe pour disséquer et analyser les différentes politiques de développement humain. Evénement d'envergure, ce Forum intervient à point nommé à la veille du lancement de la deuxième tranche (2011-2015) du grand chantier de l'INDH.