Mazaya. Ce n'est pas un produit bancaire mais bel est bien le nom du projet social de l'Orchestre philharmonique du Maroc. Depuis plus de deux ans, ce projet trottait dans la tête de Farid Bensaïd le président de l'orchestre et de la Fondation Ténor pour la culture. A quelques heures de l'ouverture de la nouvelle saison de l'orchestre le 20 octobre à l'Office des changes de Casablanca, le président et quelques membres de la fondation se sont réunis pour présenter ce projet. Il s'agit de former des jeunes, issus de milieux sociaux défavorisés, à la musique classique. Dans le développement de ce projet Mazaya, l'équipe de Bensaïd s'est inspirée de Sistema au Venezuela. Ce projet créé en 1975 à l'initiative de l'économiste et chef d'orchestre José Abreu, est devenu national en 1988. 300.000 élèves ont été formés par 20.000 professeurs. Depuis sa création. Sistema a servi de révélateur et d'incubateur de talents, mais a surtout été un facteur de lutte contre la pauvreté et l'exclusion et d'apprentissage de la socialisation en offrant des opportunités uniques à des gamins qui auraient, sans doute, mal fini. Dès leur plus jeune âge, les enfants se voient offrir un instrument et une aide financière en contrepartie de l'engagement de suivre des cours une vingtaine d'heures par semaine et de, très vite, jouer dans l'un des multiples orchestres de jeunes du pays. L'un des diplômés du Sistema, le contrebassiste Edicson Ruiz, a été embauché par l'orchestre philharmonique à l'âge de 17 ans. Un autre phénomène issu du Sistema, est le chef Gustavo Dudamel. Deutsche Grammophon vient d'éditer un enregistrement des cinquième et septième symphonies de Beethoven par l'Orchestre Simón Bolívar, l'un des orchestres de jeunes du pays, dirigé par Dudamel. « Nous voulons à travers Mazaya former des musiciens professionnels » déclare Caroline Saunier, la directrice communication de la Fondation Ténor. Le projet pilote concerne la région de Rabat. « Les enfants âgés de 7 et 12 ans seront recrutés à travers les orphelinats et les associations. Le contact a déjà été pris avec des orphelinats de Rabat, nous avons pensé à une classe de 30 élèves pour commencer mais si nous avons des subventions suffisantes, nous pourrions peut-être cibler d'autres enfants» déclare Caroline Saunier. Les enfants déscolarisés du groupe vont bénéficier de cours d'enseignement général le matin et à partir de 13 heures, place à la musique classique. Les cours auront lieu à l'Ecole internationale de musique et de danse. Les enfants seront entièrement pris en charge par la Fondation Ténor Group et la formation s'étale sur cinq ans. Pour les professeurs d'enseignement général, ils viendront probablement des écoles privées. Pour l'instant le projet est en phase de finalisation. « Nous sommes en pleine recherche de fonds pour financer ce projet, nous avons contacté des partenaires, nous attendons d'avoir des confirmations pour pouvoir finaliser le montage financier », souligne une source à la Fondation Ténor. Une fois le budget bouclé et les enfants sélectionnés, les cours devraient débuter dans six mois.